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« Ce n’est pas l’Église qui va mal, c’est la société qui va très mal de ne plus avoir l’Église au cœur du village » dit Mgr Macaire sans concession

Monseigneur David Macaire, archevêque de Fort-de-France
Monseigneur David Macaire, archevêque de Fort-de-France
"Il n'y a plus d'Église au cœur du village, il y a quoi ? Un marché pour venir consommer. C'est ça l'unité sociétale ?"

Dans une interview accordée à Radio Notre-Dame le 16 janvier, Monseigneur David Macaire, archevêque de Fort-de-France, a livré une réflexion trés percutante de l’état de notre sociéte , il est également revenu sur la situation du diocèse de Fréjus-Toulon et sur la personnalité de Monseigneur Dominique Rey.

« On peut se réjouir de belles choses qui se sont passées dans le diocèse de Toulon », a-t-il déclaré, mettant en avant les aspects positifs du travail accompli sous l’épiscopat de Monseigneur Rey.Revenant sur la personnalité de l’évêque varois, Monseigneur Macaire a souligné son charisme particulier : « Monseigneur Rey est exaltant dans sa façon d’être, ceux qui le connaissent sont vraiment étonnés de sa personnalité. De ce point de vue-là, c’est un vrai beau succès. »

Abordant la question des différences de style et de gouvernance au sein de l’épiscopat, l’archevêque de Fort-de-France a posé une réflexion plus large sur la diversité des charismes dans l’Église : « Chacun a ses charismes, on a des personnalités très fortes. Veut-on que les prêtres soient des photocopies ou des originaux ? C’est valable pour les évêques aussi. »

Toutefois, il a également nuancé son propos en reconnaissant les difficultés liées à cette singularité : « L’original, ça pose problème car parfois, dans la communion, ça part dans tous les sens, c’est ingérable. Mais du point de vue de la mission, de l’Église qui avance, de l’Église qui annonce l’Évangile aux plus pauvres en particulier, si on est tous couleur muraille, ça ne risque pas de faire grand-chose. »

Une réflexion qui interpelle sur l’équilibre à trouver entre l’unité et la richesse des personnalités dans la mission ecclésiale, et qui pose une question essentielle : « Alors comment gérer ces forts charismes ? »

Evoquant la question de l’identité,

L’archevêqueque de Fort de France pose la réflexion suivante : »Qui sommes-nous dans ce vaste monde ? »et de parler de la situation en Martinique, le prélat rappelle que « les jeunes s’en vont, ils veulent partir dans les grandes métropoles », citant le pape François qui dénonce « l’impérialisme culturel et idéologique ». Il élargit la réflexion à l’Afrique, où « les jeunes veulent avoir des chaussures de marque aux pieds… ». Il y voit une « colonisation des esprits ».

Le prélat poursuit en affirmant que l‘Église a encore une parole écoutée aux Antilles et donc « un vrai rôle à jouer », car « l’Église aux Antilles n’est pas encore excommuniée de la culture comme c’est parfois le cas en Occident ». Et d’ajouter : « Chez nous, l’Église a quelque chose à dire en termes d’unité, de culture… »

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« La société a besoin de la réflexion de l’Église », affirme-t-il encore. Il poursuit : « La séparation entre l’État et l’Église est un divorce. En France, il y a donc un divorce qui fait souffrir les cathos de droite comme les cathos de gauche, tout le monde souffre de cette division entre l’Église et la société. »

« Ce n’est pas l’Église qui va mal, c’est la société qui va très mal de ne plus avoir l’Église au cœur du village », insiste-t-il. Et de poursuivre : « Il n’y a plus d’Église au cœur du village, il y a quoi ? Un marché pour venir consommer. C’est ça l’unité sociétale ? »

Et de dire haut et fort : « Si les Français veulent être heureux, il faut qu’ils retournent à la messe le dimanche, c’est très simple, il suffit de prendre une heure le dimanche pour aller à la messe, pour aller voir Monsieur le Curé, se réunir et prier un petit peu …/…Si l’on ne trouve pas un peu de sens spirituel, un peu d’élévation, ça ne va pas unifier notre société, elle va continuer à se diviser et être entraînée dans la violence. »

Évoquant le pape François, il déclare : « C’est un homme tellement libre ! Il est amusant, il casse les codes… Il fait ce qu’il veut ! Il fait ce qu’il a discerné, il ne cherche pas à plaire à tout le monde. C’est bien lui qui est un original et pas une photocopie. »

Son livre Libres propos sur l’Église ( de David Macaire et Christian Venard) offre une vision engagée et sans concession sur l’Église et la société.

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