Lors de son entretien avec Fabio Fazio dans l’émission italienne Che tempo che fa, le dimanche 19 janvier 2025, le pape François a une nouvelle fois pris position sur des sujets hautement politiques. De l’immigration en Italie à la nomination d’une femme à la tête du Gouvernorat du Vatican, en passant par une critique tranchante de la politique de Donald Trump, le Souverain Pontife a livré un message qui suscite déjà de vives réactions.
« Vous ne faites pas d’enfants ? Faites entrer les migrants »
Sur le dossier migratoire, le pape François a une fois de plus affiché sa volonté d’un accueil accru des migrants en Italie. « L’Italie a aujourd’hui une moyenne d’âge de 46 ans et ne fait plus d’enfants. Faites entrer les migrants », a-t-il affirmé, insistant sur la nécessité d’une solution face au vieillissement démographique. « Regardez l’Albanie, où l’âge moyen est de 23 ans. Si vous ne faites pas d’enfants, vous devez faire entrer des migrants. C’est une situation qui doit être résolue, surtout dans le Sud », a-t-il ajouté. Une déclaration qui n’a pas manqué de faire réagir, certains soulignant ce qui apparait comme une déconnexion entre cet appel et les réalités sociales du pays.
Une femme à la tête du Gouvernorat du Vatican
En pleine réforme des structures de la Curie, le pape François a annoncé que sœur Raffaella Petrini, religieuse italienne de la Congrégation des Sœurs Franciscaines de l’Eucharistie, prendra la tête du Gouvernorat de la Cité du Vatican en mars prochain. Née à Rome en 1969, elle a été nommée secrétaire générale du Gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican en novembre 2021, devenant ainsi la première femme à occuper ce poste traditionnellement réservé à des évêques. « Elle est actuellement la numéro deux, elle deviendra la numéro un », a précisé le Saint-Père.
Avant cette nomination, sœur Raffaella Petrini était officiale à la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Cette décision marque une étape inédite dans l’administration vaticane, traditionnellement réservée aux hommes. « Le rôle des femmes dans l’Église est fondamental », a souligné le pape François, confirmant ainsi son engagement à favoriser leur accès à des postes de responsabilité. Une initiative qui, si elle enthousiasme certains milieux progressistes, ne manquera pas d’inquiéter ceux attachés à la tradition ecclésiale.
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Un avertissement à l’administration Trump
Interrogé sur les projets de déportation des migrants annoncés par Donald Trump à l’approche de sa seconde investiture, le pape François n’a pas mâché ses mots : « Si ces mesures devaient être mises en œuvre, ce serait une catastrophe. On ne peut pas faire payer aux plus pauvres le prix des déséquilibres de la société ».
Le pape François a égalment vivement critiqué la politique migratoire de Donald Trump, qualifiant son projet d’expulsion massive des sans-papiers de « calamité » et de « folie ». Il déplore que cette mesure fasse payer « de pauvres malheureux qui n’ont rien » et rappelle ses précédentes déclarations, affirmant qu’un dirigeant qui « construit des murs au lieu de ponts » ne peut se dire chrétien. Cette nouvelle attaque s’inscrit dans une série de critiques du pontife contre les positions anti-migrants de Trump, notamment lors de la campagne électorale américaine.
Une critique sans équivoque, qui s’inscrit dans la ligne des prises de position du Souverain Pontife sur la question des migrants, mais qui risque d’attiser encore davantage les tensions entre Rome et Washington.
Un discours qui divise
Les déclarations du pape François révèlent une volonté claire d’influer sur les débats sociétaux et politiques. Son appel à l’accueil des migrants en Italie contraste avec la réalité économique du pays, et la nomination d’une femme à la tête d’une institution vaticane majeure risque de susciter de vifs débats au sein du monde catholique. Quant à sa critique de Trump, elle illustre une opposition déjà ancienne entre le Vatican et le président américain.
François continue ainsi de défier les attentes, au risque de fragiliser un peu plus l’unité au sein de l’Église et d’alimenter les critiques de ceux qui voient en lui un souverain pontife trop impliqué dans les débats politiques contemporains.