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La succession du Pape a t-elle déjà été orchestrée par Francois lui-même ?

Conclave dans la chapelle Sixtine- DR
Conclave dans la chapelle Sixtine- DR
Après la mort du pape François, l’Église entre deuil et transition : un conclave sous influence bergoglienne

La mort du pape François, ce lundi 21 avril 2025 à 7h35, ouvre une période de vacance du Siège apostolique. Si le deuil est encore tout récent, les regards se tournent déjà vers le prochain conclave. Douze années de pontificat ont laissé une empreinte profonde sur l’Église, tant sur le plan pastoral que dans la composition même du Collège cardinalice.

La santé du pape François avait suscité l’inquiétude depuis plusieurs mois. Le décès du souverain pontife ce 21 avril, à l’âge de 88 ans, n’est pas une surprise, mais il marque une étape majeure pour l’Église. Très tôt conscient de la fragilité de son état, le pape avait pris soin d’anticiper sa succession, notamment par une profonde recomposition du Collège électoral. Sur les 138 cardinaux de moins de 80 ans appelés à voter, 99 ont été créés par lui.

En structurant un collège à son image, avec une diversité géographique accrue mais une orientation pastorale marquée, François a orienté la réflexion vers une Église plus synodale, plus pastorale, parfois au prix d’une certaine clarté doctrinale. Le prochain conclave devra donc répondre à une double attente : continuer l’élan missionnaire promu par François ou retrouver un point d’équilibre avec la tradition.

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Pietro Parolin – l’option diplomatique

Secrétaire d’État depuis 2013, le cardinal Parolin est un homme de gouvernement et de compromis. Issu de la diplomatie vaticane, il connaît parfaitement les rouages de la Curie. Son profil rassure, notamment dans un moment de transition délicat. Mais certains le jugent trop marqué par une culture d’appareil, et peu enclin à relancer un renouveau spirituel profond.

Matteo Zuppi – le profil de la continuité bergoglienne

Archevêque de Bologne et président de la Conférence épiscopale italienne, Zuppi est très proche de la Communauté de Sant’Egidio. Il partage la vision sociale et inclusive de François, tout en gardant une attention pastorale au terrain. Sa proximité avec le pontife défunt est un atout, mais elle pourrait aussi susciter des réticences chez ceux qui souhaitent une inflexion après douze années de réformes parfois désorientantes.

Luis Antonio Tagle – le visage asiatique de l’Église

Ancien archevêque de Manille, aujourd’hui à la tête du Dicastère pour l’Évangélisation, Tagle est apprécié pour sa douceur, son intelligence théologique et son éloquence. Proche de François, il incarne un catholicisme jeune, humble et missionnaire. Mais son éloignement géographique et son manque d’expérience gouvernementale directe à Rome pourraient jouer en sa défaveur.

Pierbattista Pizzaballa – un pasteur enraciné en Terre Sainte

Patriarche latin de Jérusalem, Pizzaballa connaît les tensions du dialogue interreligieux et les réalités complexes des chrétiens d’Orient. Homme de terrain, respecté pour sa clarté spirituelle, il reste toutefois peu connu dans le collège cardinalice, ce qui pourrait limiter ses chances dans un scrutin très politique.

Charles Maung Bo – l’engagement pour les droits humains

Archevêque de Rangoun, figure importante pour la liberté religieuse en Asie, le cardinal Bo a souvent pris la parole pour dénoncer les injustices. Il incarne un engagement moral fort. Mais sa position marginale dans la Curie et son éloignement des grands centres de décision pèsent dans la balance.

Malcolm Ranjith – la voix de la tradition liturgique

Archevêque de Colombo, Ranjith est l’un des rares cardinaux à avoir défendu publiquement la messe traditionnelle. Proche de Benoît XVI, critique de Traditionis custodes, il représente une minorité plus conservatrice au sein du collège. Son franc-parler peut séduire, mais son élection reste peu probable face au nombre majoritaire de cardinaux créés par François.

Péter Erdő – une figure théologique européenne

Archevêque de Budapest, théologien reconnu, ancien président du Conseil des conférences épiscopales d’Europe, Erdő est apprécié pour sa rigueur doctrinale et son sérieux intellectuel. Il pourrait incarner un pontificat plus équilibré. Mais il manque peut-être de la visibilité et du soutien nécessaires pour créer un véritable consensus.

Willem Eijk – un cardinal ferme sur les principes

Archevêque d’Utrecht, médecin de formation, il s’est souvent exprimé avec clarté sur les enjeux bioéthiques et moraux. Son attachement à l’enseignement traditionnel de l’Église est indéniable. Toutefois, il est perçu comme isolé dans un collège où la majorité a été façonnée selon une autre sensibilité.

Anders Arborelius – un pasteur discret et fidèle

Évêque de Stockholm, premier cardinal suédois, Arborelius est respecté pour son humilité et son travail de proximité dans un contexte largement sécularisé. Il incarne une figure pastorale solide, mais sa discrétion et son manque de notoriété mondiale pourraient l’écarter d’une candidature sérieuse.

Un conclave entre fidélité et clarification

Ce conclave, qui pourrait s’ouvrir dans les prochaines semaines, aura à répondre à une question essentielle : comment continuer le chemin tracé par François tout en retrouvant une cohérence dans la doctrine, la liturgie et la gouvernance ? Le pontificat de François, audacieux sur le plan pastoral, a aussi laissé des points de tension : la liturgie, la synodalité, la morale conjugale.

Il revient désormais au Collège cardinalice de discerner non seulement une personnalité, mais une ligne, un cap. Le monde regarde vers Rome. Et l’Église, dans le silence de la vacance, adresse sa prière la plus ancienne et la plus urgente : Da nobis pastorem.

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