Dans une interview donnée au média Il Roma.net lors de sa visite à Naples, le Cardinal Gerhard Ludwig Müller a partagé ses réflexions profondes sur des sujets d’actualité cruciaux, de la guerre en Ukraine à la place de la messe en latin, en passant par la défense de la dignité humaine. Ses propos, empreints de sagesse et de fermeté, appellent à une fidélité renouvelée à la Tradition et à une affirmation inébranlable des valeurs chrétiennes face aux défis contemporains.
Lors de sa visite à Naples pour une rencontre avec les Coetus Fidelium, le Cardinal Gerhard Ludwig Müller a partagé ses préoccupations face à la montée des idéologies contradictoires et a réaffirmé la place essentielle de la vérité chrétienne dans un monde de plus en plus marqué par le relativisme et la sécularisation.
Le Cardinal a souligné avec force : « Le but de l’unité de l’Église n’est pas d’atteindre l’uniformité. Nous ne sommes pas une caserne où l’on exige une obéissance militaire. Dans l’Église, l’obéissance doit être comprise dans une dimension spirituelle : comme l’obéissance du Christ. » Cette déclaration rappelle l’importance d’une obéissance fondée sur la vérité et la charité, loin des logiques de conformité aveugle.
Dans un monde où les idéologies dominent souvent le débat public, le Cardinal Müller a affirmé que le cœur de la foi chrétienne réside dans la relation de l’homme avec Dieu. Il a insisté :
« Le cœur de notre foi est la relation de Dieu avec l’homme. Dieu s’est révélé en Jésus-Christ pour le salut de l’humanité, dans tous les temps, en tous lieux, et à travers toutes les cultures. Si nous analysons d’autres systèmes qui proposent des idées de salut, il n’y a pas d’alternative convaincante à celle de Christ. »
Un appel à revenir à la source de la foi chrétienne, en rejetant les idéologies humaines limitées qui ne peuvent répondre à la soif profonde de vérité et de salut.
Le prélat allemand n’a pas hésité à critiquer les idéologies politiques modernes, qu’il a qualifiées de limitées et dangereuses. Il a déclaré : « Le communisme, ainsi que le fascisme, le national-socialisme et toutes les idéologies élaborées uniquement par les pensées humaines, sont limités. Seul le Logos, la raison divine, peut nous donner l’explication profonde du sens de la vie et sauver tous les individus. » Cette remarque met en lumière l’écart irréductible entre la vision chrétienne du monde et les idéologies humaines qui cherchent à dicter une voie sans Dieu.
Lorsqu’il a abordé le conflit entre la Russie et l’Ukraine, le Cardinal a critiqué les leaders politiques qui, selon lui, ne sont préoccupés que par leur pouvoir personnel. Il a souligné :
« Quand nous parlons des impérialismes, de Poutine, de l’Amérique, de la Chine, nous devons penser aux grands politiques et dictateurs qui ne sont pas intéressés à la santé, au bonheur, au salut des hommes. Ils n’ont en tête que leur pouvoir, leurs avantages. Le Christ est le seul homme qui a donné sa vie pour les autres et n’a pas sacrifié la vie des autres pour lui-même ou pour la gloire de la grande Russie. »
Lire aussi
Il a ainsi mis en contraste le sacrifice chrétien et l’égoïsme des puissants du monde, appelant à un véritable amour du prochain, loin des ambitions géopolitiques.
Sur la question de la souffrance et de la maladie du pape François, le Cardinal a exprimé sa compassion tout en réaffirmant la perspective chrétienne de la mort : « Comme de bons chrétiens et vrais catholiques, nous devons tous prier pour la santé du pape. Mais nous savons bien que nous ne vivrons pas éternellement. En tant que chrétiens, la mort n’est pas une catastrophe, mais le chemin vers le bonheur. » La mort, loin d’être un échec, est perçue comme une étape vers la vie éternelle, selon l’enseignement chrétien.
Le Cardinal Müller a aussi insisté sur la question de la dignité humaine face à la « culture du rejet », soulignant l’importance de respecter chaque vie humaine, de la naissance à la mort :
« Le valeur de l’homme, son importance, ne dépend pas de sa contribution à l’économie, au monde financier, nous avons une dignité. Du bébé dans le ventre de sa mère jusqu’au dernier moment, jusqu’au dernier moment du malade qui est en train de mourir dans son lit. »
Il a ainsi réaffirmé que la dignité humaine ne se mesure pas à la productivité ou à la richesse, mais à la valeur intrinsèque de chaque individu, créé à l’image de Dieu.
Enfin, sur la question de la messe en latin, le Cardinal a rappelé l’importance de préserver ce rite tout en soulignant que « le latin reste la langue officielle de l’Église » et que, même dans un monde où d’autres rites se sont développés, le sacrement reste le même, peu importe la langue ou la forme. Il a conclu : « La question primaire est de comprendre le sens des sacrements. La messe n’est pas un théâtre sacré, mais un véritable acte de rencontre avec Dieu. »
L’interview du Cardinal Müller a donc offert une réflexion profonde sur les enjeux spirituels et sociaux actuels, rappelant que la vérité, la foi et la dignité humaine doivent rester les piliers sur lesquels l’Église et les chrétiens s’appuient pour faire face aux défis du monde moderne.