Le débat sur la fin de vie refait surface à l’Assemblée nationale ce lundi 12 mai 2025. La question de l’euthanasie se pose avec insistance alors que les soins palliatifs restent encore largement insuffisants en France. Dans ce contexte, les propositions législatives sur l’aide à mourir se heurtent à une opposition déterminée, mettant en lumière les tensions éthiques et le respect du caractère sacré de la vie qui traversent la société française.
Rappelons que le manque criant de structures de soins palliatifs dans de nombreuses régions de France souligne l’urgence d’une réforme en profondeur. Le CHRU de Nancy, avec son unité de soins palliatifs de 15 lits, est une exception. Toutefois, comme l’évoque récemment France Bleu, même dans ce service modèle, seuls 10 lits sont actuellement disponibles en raison du manque de personnel médical. Il est inacceptable que 21 départements, dont les Vosges et la Meuse, ne disposent toujours pas de ces services essentiels. Le Dr Aude Acket, cheffe du service des soins palliatifs du CHRU, pointe une réalité inquiétante : « Généralement, il y a une demande bien supérieure à ce que nous pouvons offrir. » Cette situation met en lumière l’urgence de renforcer l’accompagnement des malades en fin de vie, plutôt que d’ouvrir la porte à une légalisation de l’euthanasie.
Les soins palliatifs ne sont pas une simple option ; ils sont une exigence morale pour une société qui se dit humaine et civilisée. À Nancy, les soignants ne se contentent pas de soulager la douleur physique ; ils offrent un véritable cadre de soutien pour que chaque patient puisse exprimer ses volontés dans un environnement respectueux. Anaïs Martin, infirmière, témoigne de la noblesse de cette approche : « Même si ce n’est pas tous les jours facile, on a un vrai but : que ça se passe le mieux possible pour les patients. » Ces mots résonnent comme une réponse claire à ceux qui, dans le discours public, souhaitent dénaturer la fin de vie en la réduisant à un choix purement individuel.
La société française a un devoir moral de renforcer ses infrastructures de soins palliatifs et d’offrir un soutien digne à ceux qui en ont besoin.
La question n’est pas de proposer la mort comme solution à la souffrance, mais bien de permettre à chaque personne de vivre dans la dignité jusqu’à son dernier souffle.
En France, l’association Alliance VITA a lancé un appel à manifester ce lundi 12 mai , à proximité de l’Assemblée nationale. Comme en mai 2024 lors de la présentation aux députés du projet de loi remodelé sur « l’aide à mourir« , l’association Alliance VITA manifeste sa ferme opposition contre le projet de loi sur « l’aide à mourir », qu’elle considère à juste titre comme une dérive dangereuse vers une société où la vie humaine serait dévaluée.
Tugdual Derville, porte-parole d’Alliance VITA, met en garde contre le piège d’une législation qui, sous des prétextes humanitaires, risquerait d’instaurer un cadre où l’interdit de tuer serait bafoué. Il rappelle que « l’interdit de tuer ne souffre d’aucune exception », et que cette loi pourrait ouvrir la voie à une série de dérives éthiques qui mettraient en péril la fraternité humaine. Derville et ses partisans rappellent qu’une société digne de ce nom doit prendre soin des plus vulnérables, plutôt que de les priver de leur droit à la vie.
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L’Église catholique, fidèle à son enseignement , continue de s’opposer fermement à l’euthanasie et au suicide assisté, considérant ces pratiques comme des crimes intrinsèquement immoraux. Récemment, Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, a pris une position claire et sans ambiguïté : « La dignité de la personne humaine ne dépend pas de sa capacité à produire ou à être utile aux autres. » Ce principe fondamental de l’Église s’inscrit dans une logique de respect inconditionnel de la vie, qui s’oppose catégoriquement à toute législation légitimant la suppression de la vie humaine, quel que soit le contexte.
Dans son encyclique Evangelium Vitae, saint Jean-Paul II rappelle que « les lois qui légitiment la suppression directe d’êtres humains innocents sont en totale contradiction avec le droit inviolable à la vie ». Cette position, inébranlable et claire, reflète l’engagement de l’Église envers le respect absolu de la vie humaine, quel que soit l’âge, la condition ou la souffrance.
En Europe, des résistances se lèvent contre l’euthanasie
À l’échelle européenne, la résistance à l’euthanasie reste forte. En Italie, le gouvernement a récemment rejeté une loi adoptée par la Toscane pour encadrer le suicide assisté, soulignant que cette question doit être traitée au niveau national. Bien que la Toscane ait été la première région à combler un vide législatif, le rejet de cette loi par le gouvernement italien montre une volonté de maintenir des garde-fous face à l’avancée de l’euthanasie. Le gouverneur toscan, Eugenio Giani, a exprimé sa déception, insistant sur le fait que l’Italie, comme la France, doit se refuser à adopter une législation qui pourrait mettre en péril la dignité humaine et l’intégrité de la société.
Le débat sur l’euthanasie et le suicide assisté est loin d’être clos. Alors que certains prônent une législation facilitant la fin de vie volontaire, il est impératif de renforcer les soins palliatifs comme véritable alternative. La dignité humaine doit être protégée dans toutes ses étapes, y compris à la fin de la vie. L’exemple de Nancy et la position ferme de l’Église nous rappellent que la solution à la souffrance humaine ne réside pas dans la suppression de la vie, mais dans un accompagnement respectueux du don de la vie. C’est là que se trouve la véritable fraternité, celle qui prend soin des plus vulnérables, sans jamais succomber à la tentation de l’euthanasie, ce droit de tuer que l’on veut nous imposer.