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« L’ascenseur vers le Ciel » : la leçon de sainte Thérèse de Lisieux pour notre temps

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus à 15 ans, quelques semaines avant son entrée au Carmel (photo prise au studio Cébron à Lisieux à la demande de son père, Louis Martin).
Archives du Carmel de Lisieux – © Centre Thérèse de Lisieux
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus à 15 ans, quelques semaines avant son entrée au Carmel (photo prise au studio Cébron à Lisieux à la demande de son père, Louis Martin). Archives du Carmel de Lisieux – © Centre Thérèse de Lisieux
À ceux qui croient qu’il faut contrôler jusqu’à l’ultime instant de leur existence, Sainte Thérèse de Lisieux, dans son effacement, propose une voie toute autre

Alors que la France s’apprête à légaliser l’euthanasie, une loi qui sera malheureusement probablement votée mardi 27 mai à l’Assemblée nationale, les hommes semblent redoubler d’orgueil dans leur volonté de maîtriser la vie et la mort. Sainte Thérèse de Lisieux n’enseigne pas à prendre le pouvoir sur sa destinée, mais à se laisser porter. Non à choisir sa fin, mais à s’abandonner dans la confiance.

Le 17 mai 1925, Thérèse de l’Enfant-Jésus était canonisée par Pie XI. Cent ans plus tard, la « petite voie » qu’elle a tracée continue d’éclairer les âmes en quête de sainteté. L’extrait que nous présentons ici est l’un des plus célèbres et les plus bouleversants de son message spirituel. Il est tiré du manuscrit C, adressé à Mère Marie de Gonzague, et devenu accessible au monde entier grâce à la publication de l’Histoire d’une âme.

Ce texte capital n’aurait peut-être jamais été connu sans l’initiative audacieuse de Mère Agnès de Jésus, sœur aînée de Thérèse et figure influente du Carmel de Lisieux. Le 10 octobre 1898 (selon les actes du Procès de béatification), un an après la mort de Thérèse, Mère Agnès et Mère Marie de Gonzague prennent la décision de remplacer la traditionnelle circulaire nécrologique destinée aux carmels par un ouvrage exceptionnel de 476 pages. Ce texte, envoyé à toutes les communautés, contenait bien plus qu’un simple hommage : c’était un témoignage spirituel structuré, publié sous un titre appelé à devenir universellement célèbre : Histoire d’une âme.

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Pour cette publication, Mère Agnès rassemble et édite les trois manuscrits spirituels confiés par Thérèse sous obéissance (désignés plus tard par les lettres A, B et C), auxquels elle ajoute quelques poésies, prières et lettres. Elle corrige les fautes d’orthographe, supprime certains passages, effectue des transitions et divise l’ensemble en chapitres afin d’en faire une œuvre cohérente, accessible et profondément marquante.

C’est dans ce travail que se trouve inséré le passage suivant, aujourd’hui mondialement connu :

« Vous le savez, ma Mère, j’ai toujours désiré d’être une sainte, mais hélas ! j’ai toujours constaté, lorsque je me suis comparée aux saints qu’il y a entre eux et moi la même différence qui existe entre une montagne dont le sommet se perd dans les cieux et le grain de sable obscur foulé aux pieds des passants ; au lieu de me décourager, je me suis dit : Le Bon Dieu ne saurait inspirer des désirs irréalisables, je puis donc malgré ma petitesse aspirer à la sainteté ; me grandir, c’est impossible, je dois me supporter telle que je suis avec toutes mes imperfections ; mais je veux chercher le moyen d’aller au Ciel par une petite voie bien droite, bien courte, une petite voie toute nouvelle.

Nous sommes dans un siècle d’inventions, maintenant ce n’est plus la peine de gravir les marches d’un escalier, chez les riches un ascenseur le remplace avantageusement. Moi je voudrais aussi trouver un ascenseur pour m’élever jusqu’à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection.

Alors j’ai recherché dans les livres saints l’indication de l’ascenseur, objet de mon désir et j’ai lu ces mots sortis de la bouche de La Sagesse éternelle : Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi. Alors je suis venue, devinant que j’avais trouvé ce que je cherchais et voulant savoir, ô mon Dieu ! ce que vous feriez au tout petit qui répondrait à votre appel j’ai continué mes recherches et voici ce que j’ai trouvé : – Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous balancerai sur mes genoux ! Ah ! jamais paroles plus tendres, plus mélodieuses, ne sont venues réjouir mon âme, l’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au Ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! Pour cela je n’ai pas besoin de grandir, au contraire il faut que je reste petite, que je le devienne de plus en plus. » [ Ms C 2 ]

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