« Il y a quelque chose de Dieu qui se dit là-dedans » : c’est en ces termes que Monseigneur Olivier Ribadeau-Dumas évoquait, en octobre 2018, les relations homosexuelles, lors du week-end de rentrée de l’association « Devenir Un En Christ ». Et d’ajouter : « Je ne sais pas ce qu’il se dit, je ne sais pas, mais je sais que si Dieu est amour et que si deux personnes s’aiment vraiment alors il y a quelque chose qui est en lien forcément ».
De tels propos d’un prêtre » gay friendly » , aussi flous que répétés à l’envi par leur auteur, posent problème, surtout lorsqu’ils émanent du recteur de la cathédrale la plus célèbre du monde. Ils traduisent non pas une pastorale attentive mais une confusion doctrinale. Lors d’une autre déclaration rapportée dans la presse, Monseigneur Ribadeau-Dumas déclarait également : « Le pape ( François) souhaite que l’Église soit attentive aux besoins du monde », et affirmait que « les homosexuels ont leur place dans l’Église « .Si l’affirmation de la dignité des personnes est légitime, c’est dans la clarté de la vérité du Christ qu’elle doit s’inscrire. Or, le Catéchisme de l’Église catholique est sans équivoque : « Les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés. […] Ils ne sauraient être approuvés en aucune circonstance » (§2357). Il ajoute : « Les personnes homosexuelles doivent être accueillies avec respect, compassion et délicatesse » (§2358) et « sont appelées à la chasteté » (§2359). Loin d’une condamnation des personnes, l’Église appelle à une conversion vécue dans la vérité et l’amour du Christ.
Il serait trop facile de balayer les critiques en parlant d’un manque de compassion. La vraie compassion n’est pas de flatter ou de taire la vérité, mais d’aider chacun à vivre selon l’Évangile, dans la joie exigeante de la sainteté.
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Cette dissonance entre les propos de l’ancien recteur du sanctuaire de Lourdes et l’enseignement de l’Église apparaît d’autant plus flagrante que le pape Léon XIV, élu en mars 2025, a rappelé avec force la position catholique sur le mariage et la morale. Dans son homélie d’intronisation, il affirmait : « L’Église ne peut jamais bénir ce que Dieu appelle désordre. Aimer en vérité, c’est rappeler à chacun sa vocation à la sainteté, et non valider l’illusion d’un bonheur détaché de la Croix. »Déjà en 2012, alors évêque de Chiclayo au Pérou, Léon XIV dénonçait « la sympathie croissante des médias pour des croyances et pratiques contraires à l’Évangile », mentionnant explicitement « le style de vie homosexuel » et « les familles alternatives composées de partenaires de même sexe et d’enfants adoptés ».
Son orientation doctrinale a été confirmée lors du Jubilé des familles, le 2 juin 2025, où il a déclaré : « Le mariage n’est pas un idéal, mais la norme du véritable amour entre l’homme et la femme : un amour total, fidèle, fécond », citant Paul VI et rendant hommage à l’esprit de saint Jean-Paul II. Il clarifie ainsi les ambiguïtés d’Amoris laetitia, et recentre le discours ecclésial sur la fidélité au Magistère moral de toujours.Mais l’opposition ne se limite pas à la doctrine morale. Sur le plan liturgique aussi, un gouffre se creuse. Lors de son discours du 14 mai 2025, Léon XIV a lancé un appel fort : « Nous avons un grand besoin de retrouver le sens du mystère qui reste vivant dans vos liturgies ». Il s’adressait aux Églises orientales, mais parlait à toute l’Église : le pape critique ici une liturgie occidentale devenue « bavarde », « banale », parfois « mondaine ».
Une critique qui trouve un écho douloureux quand on observe la silhouette du recteur de Notre-Dame, ce dimanche, portant une montre connectée, des bracelets visibles sous l’aube, et une barbe de trois jours bien taillée. Tout cela, dans un lieu où l’on devrait incarner la sainteté, la beauté, l’offrande. L’Église ne condamne pas l’esthétique ou l’élégance, mais elle attend des prêtres qu’ils incarnent le sacré et non l’apparence. Saint Jean-Marie Vianney disait : « Le prêtre n’est pas prêtre pour lui, il est prêtre pour vous. » Et la liturgie n’est pas un théâtre.Il va donc falloir, tôt ou tard, que cette frange de l’Église de France, si fière de ses engagements inclusifs et de ses liturgies personnalisées, clarifie enfin sa position par rapport à la parole limpide du pape Léon XIV. À moins que l’on attende que les montres connectées sonnent l’heure de la conversion.