À l’issue du 43e Pèlerinage de Chrétienté, qui a rassemblé 19 000 pèlerins de Paris à Chartres durant le week-end de la Pentecôte, l’association Notre-Dame de Chrétienté a publié un manifeste intitulé « Pour la Vérité, la Justice et la Paix ». Ce texte ( pdf ci-dessous) répond aux interrogations et critiques récentes concernant l’usage de la liturgie traditionnelle durant le pèlerinage.
Dès les premières lignes, le ton est donné : clarté, paix et fidélité à l’Église. Le manifeste rappelle que cette forme liturgique a été reconnue comme légitime par saint Jean-Paul II en 1988, et que nombre de jeunes convertis y ont reçu le baptême. « Nous ne voulons pas faire Église à part. Nous demandons simplement à servir l’Église avec notre identité et cette liturgie qui est notre langue maternelle : la langue par laquelle nous nous adressons à Dieu et par laquelle Dieu nous parle. »
Loin de tout esprit de revendication politique ou de rupture, l’association affirme son enracinement dans les trois piliers du pèlerinage : Tradition, Chrétienté et Mission. Elle souligne que ce sont ces piliers, vécus avec ferveur à travers la messe traditionnelle, la vie fraternelle de 430 chapitres et l’élan évangélisateur du thème de l’année – « Pour qu’Il règne, sur la terre comme au ciel » – qui donnent sa fécondité au pèlerinage.Le manifeste revient aussi sur la fidélité historique des organisateurs. En 1988, ils avaient délibérément choisi de rester dans l’unité visible avec Rome, refusant la rupture alors opérée par Mgr Lefebvre. « Ce n’est pas nous qui sauverons l’Église, c’est l’Église qui nous sauvera », rappelle-t-il avec une humilité désarmante. Cette phrase, à elle seule, résume l’esprit dans lequel s’inscrit ce texte : non une fronde, mais un cri filial d’amour et de fidélité.
Mais le constat est grave : les fidèles attachés au rite tridentin se heurtent aujourd’hui à des restrictions croissantes, parfois appliquées avec « une froideur juridico-canonique bien éloignée du soin pastoral et spirituel des fidèles ». L’association alerte sur le risque d’atteinte à la liberté spirituelle de ces fidèles, pour qui la liturgie ancienne n’est pas un accessoire, mais « le milieu surnaturel de notre rencontre avec le Christ ». Une liturgie qui, pour beaucoup, a été le vecteur même de leur conversion ou de leur vocation.
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« Une partie du peuple chrétien suffoque, parce qu’on cherche à entraver la respiration de son âme », peut-on lire, dans une formule bouleversante. Cette souffrance spirituelle n’est ni marginale ni fantasmatique : elle est vécue par des milliers de catholiques fidèles à l’Église, qui demandent simplement à vivre leur foi selon la richesse multiséculaire qu’elle leur offre.Le manifeste insiste : « Nous recevons intégralement le Concile Vatican II […], selon le vœu de Benoît XVI, à la lumière de la Tradition ». Et si des critiques sont formulées sur les dérives liturgiques ou la rupture dans la continuité, elles ne visent pas l’Église, mais appellent à une réforme dans la fidélité, comme le demandait déjà le cardinal Ratzinger.
Enfin, l’association pose une question essentielle, à la fois théologique et pastorale : « Et si la conservation de la liturgie traditionnelle, et la protection d’espaces de valorisation de cette liturgie, était un élément essentiel, voire indispensable, de la communion de l’Église avec elle-même ? »Dans cette perspective, elle évoque une possible reconnaissance statutaire, et affirme avec foi : « Le mystère du Verbe Incarné est trop riche pour être dit en un seul langage ».
La conclusion est un acte de confiance, presque une prière : « Notre rassemblement est particulier, il agace parfois ses voisins, il parle une langue curieuse et parfois s’exprime un peu fort, mais il a sa place, tel qu’il est, dans l’immense pèlerinage des chrétiens. À sa manière, il veut annoncer le Christ. »L’association invite tous ceux qui souhaitent approfondir leur compréhension à lire le manifeste et annonce une messe d’action de grâce célébrée selon le rite traditionnel le jeudi 19 juin à 19h30, en l’église Sainte-Odile à Paris. Un moment pour rendre grâce, confier l’avenir, et redire que « l’unité de l’Église est d’abord une unité dans la foi ».
Intégralité du manifeste de Notre-Dame de Chrétienté