Andrea Grillo, professeur à l’Athénée pontifical Saint-Anselme de Rome, figure notoire du réformisme liturgique contemporain, vient une fois encore de démontrer à quel point la théologie peut devenir toxique lorsqu’elle se coupe de la foi des simples. Dans un article publié le 17 juin sur son blog Come se non, il s’attaque violemment à la figure lumineuse du bienheureux Carlo Acutis, adolescent italien mort en 2006, béatifié par l’Église le 10 octobre 2020 et dont la canonisation, désormais officiellement fixée au 7 septembre 2025, est très attendue par les fidèles du monde entier.
Plutôt que de reconnaître l’intelligence spirituelle d’un jeune enflammé par l’amour de Jésus-Hostie, Grillo l’accuse de véhiculer une « théologie dépassée, pesante, obsessionnelle ». Il va jusqu’à parler de « petit scandale » à propos de la collection de miracles eucharistiques élaborée par Carlo, suggérant que l’adolescent n’aurait été que le jouet de « mauvais maîtres » et de « clichés dévotionnels ». À le lire, l’on devrait presque avoir honte d’avoir cru à la présence réelle, à la transsubstantiation, à l’adoration du Saint-Sacrement.
Mais derrière ce ton méprisant, c’est un projet idéologique plus profond qui se révèle : celui d’une Église qui ne croit plus au surnaturel, qui remplace les miracles par des slogans sociologiques, qui relativise les dogmes sous prétexte de modernité.
Andrea Grillo, depuis des années, travaille à cette démolition. Il fut l’un des inspirateurs de Traditionis custodes, texte sévère contre la messe tridentine, et l’un des chantres d’une liturgie centrée sur l’assemblée plutôt que sur Dieu. À ses yeux, le seul vrai « miracle eucharistique » est la communion ecclésiale. Tout le reste , silence, adoration, génuflexion, culte eucharistique , est traité comme folklore d’un autre âge.
Dans son texte, il ridiculise les contributions du cardinal Angelo Comastri, de Mgr Raffaello Martinelli et du père Roberto Coggi, qui avaient rédigé les introductions à la Mostra dei miracoli eucaristici. Il ose prétendre que ces textes semblent « écrits par des adolescents sans formation théologique », alors que ces hommes sont des références reconnues dans l’Église. Il reproche au père Coggi de citer les paroles de la consécration « comme si c’était encore la doctrine catholique », affirmant que la réforme liturgique de 1970 aurait modifié cette compréhension. Cette falsification de la doctrine est d’une gravité extrême : elle nie implicitement la continuité de la foi catholique sur le mystère eucharistique.
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La violence de ses propos contre Carlo Acutis n’est pas accidentelle. Elle est révélatrice d’un rejet global de toute foi enracinée dans le mystère, dans la piété populaire, dans l’émerveillement devant les signes de Dieu. Grillo ne supporte pas que Carlo Acutis , avec une foi pure et fervente, ait touché des millions de personnes en leur montrant que Dieu est réellement présent dans l’hostie consacrée. Il ne supporte pas que ce jeune bienheureux, sans doctorat, sans tribune académique, ait renouvelé la foi eucharistique de milliers de paroisses là où lui ne sème que le doute et le vide.
Rappelons que Carlo Acutis, surnommé le « geek de Dieu » pour son talent en informatique mis au service de l’évangélisation, gérait le site de sa paroisse et lança une exposition mondiale sur les miracles eucharistiques. Il vivait une vie profondément marquée par l’adoration et la messe quotidienne. Mort d’une leucémie foudroyante à 15 ans, sa réputation de sainteté a essaimé dans le monde entier. Après un premier miracle reconnu en 2020 ayant conduit à sa béatification, un deuxième miracle a été officiellement approuvé le 23 mai 2025. La date du 7 septembre a été retenue pour sa canonisation, en même temps que celle de Pier Giorgio Frassati, autre modèle de jeunesse chrétienne.
Andrea Grillo n’est pas un penseur isolé. Il incarne un courant qui, depuis des décennies, cherche à désacraliser la liturgie, à reléguer les sacrements à de simples rituels sociaux, à vider la foi catholique de toute sa substance surnaturelle. Son influence durant le pontificat de François a été immense et délétère. Il a contribué à marginaliser la tradition, à mépriser la sensibilité des fidèles, à désorienter les prêtres.
Aujourd’hui, il franchit une ligne rouge : salir la mémoire d’un saint adolescent dont le seul tort est d’avoir trop aimé l’eucharistie. Mais Carlo Acutis, que Grillo tente de faire passer pour une marionnette d’une piété dépassée, restera dans l’histoire comme un témoin lumineux du Christ réellement présent dans le Sacrement de l’autel. Quant à ceux qui, comme Andrea Grillo, préfèrent la théorie sèche au miracle vécu, ils resteront comme les fossoyeurs d’une foi qu’ils n’ont plus la force ,ni peut-être le désir ,de transmettre.