Ce samedi 21 juin 2025, le pape Léon XIV a reçu en audience privée le cardinal canadien Marc Ouellet, ancien préfet du Dicastère pour les évêques. Le Saint-Siège n’a pas précisé le contenu des échanges, mais cette rencontre a attiré l’attention en raison du parcours du cardinal, marqué par plusieurs controverses au cours des dernières années.Né en 1944, membre de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice (P.S.S.), Marc Ouellet a été archevêque de Québec de 2002 à 2010, créé cardinal par Jean-Paul II en 2003, il a été appelé à Rome en 2010 par Benoît XVI pour diriger la Congrégation pour les évêques, devenue Dicastère pour les évêques. À ce poste, il a participé à la sélection de nombreux évêques dans le monde entier jusqu’à sa démission annoncée le 30 janvier 2023.
Ce départ, officiellement lié à la limite d’âge, était intervenu dans un contexte délicat. En août 2022, une ancienne stagiaire du diocèse de Québec avait accusé le cardinal d’attouchements survenus entre 2008 et 2010. Marc Ouellet avait immédiatement contesté ces accusations qu’il qualifiait de « diffamatoires » et avait déclaré vouloir se défendre publiquement. Le pape François avait alors estimé qu’il n’existait pas d’éléments suffisants pour ouvrir une enquête canonique. Une seconde plainte, déposée en 2020, a été confirmée par le diocèse, sans qu’une procédure canonique ne soit engagée. En décembre 2022, le cardinal Ouellet a déposé plainte pour diffamation.
Son nom a également été cité dans une affaire concernant la communauté des Dominicaines du Saint-Esprit en France. En 2020, après une visite apostolique menée par Dom Jean-Charles Nault et Mère Emmanuelle Desjobert, le cardinal Ouellet, alors en fonction à Rome, avait approuvé le renvoi temporaire, puis définitif, de Sœur Marie Ferréol, après 34 ans de vie religieuse. Le motif invoqué était un « mauvais esprit ». La sœur n’a jamais été informée précisément des faits reprochés, en dépit de ses demandes et de celles de son avocat. Invoquant un manque de dialogue et des conditions de renvoi qu’elle juge injustes, elle a engagé une procédure civile. Par ordonnance du 3 août 2024, le président du tribunal judiciaire de Lorient a autorisé une assignation à jour fixe, l’audience étant prévue pour le 4 octobre 2025.
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Cette affaire soulève des questions sur les modalités de traitement des situations conflictuelles au sein des communautés religieuses. Le cardinal Ouellet, en tant que responsable romain à l’époque, avait agi sur la base des conclusions transmises par les visiteurs apostoliques. La justice civile devra désormais évaluer les circonstances de cette éviction.
Originaire du Québec, le cardinal Marc Ouellet a exercé ses responsabilités dans un contexte canadien marqué par une profonde sécularisation. Lors du recensement de 2021, 53,3 % des Canadiens se déclaraient encore chrétiens, contre 67,3 % en 2011, tandis que 34,6 % affirmaient n’avoir aucune affiliation religieuse. Cette désaffiliation s’accompagne d’une progression rapide de l’euthanasie. En 2023, 15 300 personnes ont eu recours à l’aide médicale à mourir, soit près de 5 % de l’ensemble des décès dans le pays, selon le rapport officiel publié par le gouvernement canadien. Cela représente une hausse de 16 % en un an. Le Québec concentre près de 37 % de ces décès. Le think tank Cardus affirme que le programme canadien d’euthanasie est désormais celui qui connaît la croissance la plus rapide au monde. Une extension aux personnes atteintes de troubles mentaux est en cours de discussion.
Dans ce contexte éthique et culturel complexe, marqué par des choix de société qui interpellent les chrétiens, la venue du cardinal Ouellet au Vatican revêt une certaine signification. Son audience avec le pape Léon XIV intervient alors que l’Église cherche à répondre aux défis posés par la perte de repères religieux et la remise en question de la dignité de la vie humaine.Sans commentaire officiel, cette rencontre demeure discrète, mais elle s’inscrit dans une période où le nouveau pontificat met l’accent sur la clarté doctrinale, la cohérence dans la gouvernance et la nécessité d’un discernement pastoral renouvelé.
Source Vatican