Lundi 28 juillet 2025, l’Administration du Patrimoine du Siège Apostolique (APSA) a publié son bilan financier pour l’année 2024. Il s’agit du cinquième rapport rendu public depuis 2020. Avec 62,2 millions d’euros de bénéfices, soit 16,3 millions de plus que l’année précédente, l’exercice est qualifié par Monseigneur Giordano Piccinotti, président de l’APSA, de « l’un des meilleurs des dernières années ».
Ce résultat provient en grande partie de la gestion mobilière, qui a rapporté 38,1 millions d’euros grâce à une réorganisation du portefeuille et un rendement élevé de 8,5 %. Les revenus tirés de la gestion immobilière, répartie sur 4 234 unités en Italie, s’élèvent quant à eux à 35,1 millions d’euros, en légère hausse. Le portefeuille a été transféré vers des comptes gérés séparément (Separate Managed Accounts), permettant une propriété directe par chaque dicastère.Dans le même temps, les coûts de structure ont diminué, ramenant le déficit structurel de 16,7 à 11 millions d’euros. L’APSA a versé 46,1 millions d’euros à la Curie romaine, contre 37,9 millions en 2023. Ce soutien contribue à combler un déficit de 46,9 millions sur un besoin de financement total estimé à 170,4 millions d’euros, incluant les salaires et les dépenses courantes.
Comme le précise le site Borsa Italiana l’APSA a versé 9,19 millions d’euros d’impôts à l’État italien : 6 millions d’euros au titre de l’IMU (impôt foncier) dont 4,45 millions spécifiquement dus par l’APSA et 3,19 millions d’euros d’IRES (impôt sur les sociétés), dont 2,33 millions pour l’APSA seule.Sur les 4 234 biens immobiliers en Italie, 2 866 sont détenus en pleine propriété par l’APSA, dont 1 367 à usage résidentiel et 395 à usage commercial. Le reste appartient à d’autres entités ecclésiales. Certaines propriétés sont également gérées via des filiales implantées au Royaume-Uni, en France, en Suisse et en Italie. Interrogé sur le rôle de l’agence privée Tecnocasa, Mgr Piccinotti a précisé qu’elle n’assure que la mise en relation et les visites : « La gestion des biens est faite par l’APSA, point. »Le rapport cite également des projets en lien avec la transition écologique, notamment le développement d’un site agri-voltaïque à Santa Maria di Galeria dans le cadre de l’initiative Fratello Sole. Le pape Léon XIV s’est rendu sur ce site le 19 juin dernier.
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Le rapport 2024 mentionne également la liquidation du fonds luxembourgeois UK Opportunities (Sloane & Cadogan), lié au scandale de l’immeuble londonien de Chelsea. Cette opération avait coûté quelque 140 millions d’euros au Vatican et conduit à la condamnation du cardinal Becciu.
Si l’on peut saluer la publication annuelle des comptes de l’APSA depuis 2020, de nombreuses zones d’ombre demeurent.Rappelons que les comptes de l’APSA ne sont pas vérifiés par un cabinet indépendant. La répartition des responsabilités entre dicastères, les critères de placement à long terme, ainsi que la ventilation détaillée des actifs restent flous. La structure globale du patrimoine, notamment les entités parapubliques ou indépendantes du Saint-Siège, échappe encore à la pleine connaissance des fidèles et des donateurs.Alors que le pape Léon XIV a réaffirmé sa volonté de moraliser la gestion des biens de l’Église, une présentation plus complète et lisible des comptes de l’ensemble des institutions vaticanes serait un pas décisif vers la transparence. À l’heure actuelle, la clarté n’est toujours pas au rendez-vous, malgré les efforts louables de communication de l’APSA.