Après sept années d’incertitude et de refus administratifs, Ata Fathimaharloei et son épouse Somayeh Hajifoghaha, un couple iranien converti au christianisme, viennent d’obtenir le statut de réfugiés en France. Installés à Perpignan depuis 2018, ils avaient fui leur pays après avoir été condamnés à mort pour apostasie et adultère. Leur combat trouve aujourd’hui une issue favorable, apportant un profond soulagement à cette famille et à leurs deux enfants.
Leur histoire commence à Chiraz, au sud de l’Iran. Infirmier dans un hôpital psychiatrique, Ata fait la rencontre du père d’un jeune patient arménien, pasteur évangélique. Séduit par l’annonce de l’Évangile, il commence à fréquenter discrètement une église arménienne. Ni sa hiérarchie, ni sa propre épouse, alors récemment mariée selon le rite chiite, n’en sont informés.La situation bascule lorsqu’un enfant révèle innocemment qu’Ata assiste aux offices chrétiens. L’affaire remonte aussitôt à la direction de l’hôpital. Dix jours plus tard, il est licencié. Lorsqu’il en parle à Somayeh, le couple tente de solliciter le soutien de son père, membre influent des Gardiens de la révolution. Mais loin de les aider, celui-ci menace de dénonciation et exige l’avortement de l’enfant à naître, considéré comme illégitime par la République islamique.
Aux yeux de la loi iranienne, Ata est un « apostat », sa conversion annulant son mariage musulman. Sa femme est accusée d’adultère. Ces charges exposent le couple à de lourdes peines de prison, voire à la peine capitale. Conscients du danger, ils quittent l’Iran avec leur premier enfant et entreprennent un périple de 4 000 kilomètres à travers l’Europe, au prix de 30 000 euros versés à un passeur.Arrivés en France en 2018, Ata et Somayeh déposent rapidement une demande d’asile. Mais l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) la rejette, estimant que leur conversion ne prouve pas un danger réel. Les recours successifs, portés jusqu’à la Cour nationale du droit d’asile, connaissent le même sort.
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Entre 2018 et 2023, quatre demandes sont ainsi refusées, les juges doutant de la sincérité de leur cheminement spirituel. Certains échanges lors des auditions les marquent profondément. « Comment un magistrat peut-il juger d’une question aussi intime que ce qu’a changé une conversion dans une vie ? », interroge leur avocat, Me Gérald Brivet-Galaup.Malgré ces refus, le couple persévère. Ils s’intègrent dans leur paroisse, apprennent le français, et élèvent leurs deux enfants, dont l’un est né à Perpignan en 2019. Mais la menace reste constante : fin 2023, une obligation de quitter le territoire pèse sur eux, faisant planer le spectre d’un renvoi en Iran et d’une exécution.Face à cette impasse, l’avocat produit de nouvelles pièces : documents traduits confirmant la sentence de mort qui visait Ata, notes juridiques et attestations supplémentaires. Des organisations chrétiennes rappellent alors que la persécution des convertis en Iran est une réalité documentée, avec des dizaines de prisonniers pour apostasie. L’Aide à l’Église en Détresse (AED) souligne notamment que « l’aspect religieux est trop souvent négligé dans les décisions d’asile ».Ces éléments finissent par convaincre l’administration française. L’Ofpra accorde enfin le statut de réfugiés à Ata et Somayeh en 2025, mettant un terme à des années de procédure.
Pour le couple, c’est la fin d’un cauchemar. « C’est un profond apaisement », explique leur avocat. « Ils vont pouvoir vivre normalement, travailler et offrir à leurs enfants une vie de citoyens français. » Même s’ils n’ont pas souhaité réagir publiquement, leur parcours illustre la situation dramatique des chrétiens convertis en Iran, contraints à l’exil pour survivre. Leurs démarches vont désormais se poursuivre en vue d’une installation définitive sur le sol français.Au-delà de leur histoire personnelle, leur cas rappelle un enjeu plus large : la protection des minorités chrétiennes persécutées dans le monde et le devoir, pour l’Europe, d’accueillir ceux qui choisissent de vivre leur foi en vérité, au prix de leur vie.