Dès l’introduction, le pape évoque des événements de nature différente, les fruits spirituels du pèlerinage jubilaire, le décès du pape François, ainsi que la persistance des conflits armés dans le monde. Cette évocation conjointe de motifs de joie et de motifs de douleur sert de cadre à une invitation classique de la tradition chrétienne, remettre l’ensemble de l’expérience vécue entre les mains de Dieu et s’en remettre à la Providence.La référence au chant du Te Deum constitue l’un des axes centraux de la catéchèse. Léon XIV rappelle la signification liturgique de cet hymne de louange chanté traditionnellement au terme de l’année civile. En citant une homélie de François, il souligne la distinction entre une gratitude purement humaine et une action de grâce chrétienne, comprise comme reconnaissance de l’œuvre de Dieu dans l’histoire. Cette relecture conduit à un appel à l’examen de conscience, présenté comme une démarche indissociable de la reconnaissance des dons reçus.
Le pape développe ensuite une réflexion sur les thèmes du chemin et de la destination, largement utilisés dans le cadre jubilaire. Il relit l’affluence des pèlerins à Rome comme le signe visible d’une réalité spirituelle plus large, la vie chrétienne comprise comme un itinéraire orienté vers une finalité qui dépasse le temps présent.
En s’appuyant sur le Catéchisme de l’Église catholique et sur une citation de Paul VI, Léon XIV inscrit cette réflexion dans une perspective eschatologique, rappelant que le Jubilé est conçu comme un temps de foi tourné vers l’accomplissement ultime de la communion avec Dieu.
Le passage de la Porte Sainte est évoqué comme un autre signe structurant de l’année jubilaire. Le pape en propose une interprétation spirituelle centrée sur le pardon et le renouvellement de la vie chrétienne. Il met en lien ce geste symbolique avec un engagement concret dans le présent, notamment à travers l’attention portée au prochain, conformément à l’enseignement moral de l’Église tel qu’il est formulé dans le Catéchisme.La catéchèse s’élargit ensuite à une méditation liée à la fête de Noël. En citant Léon le Grand, Léon XIV rappelle la portée universelle de la Nativité, présentée comme une annonce adressée à l’ensemble de l’humanité. Cette référence patristique permet au pape de souligner les différentes situations spirituelles des fidèles, baptisés, pécheurs, personnes fragiles, toutes incluses dans l’économie du salut inaugurée par l’Incarnation.
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La conclusion du discours s’appuie sur une citation développée de Paul VI, prononcée à la fin du Jubilé de 1975, autour du thème central de l’amour. Léon XIV reprend cette synthèse pour rappeler que la révélation chrétienne se résume, selon l’expression du pape Montini, à l’affirmation que Dieu est amour, miséricorde et pardon.
Cette référence sert de transition entre l’année qui s’achève et celle qui commence, sans annonce programmatique particulière, mais avec une invitation à inscrire la vie chrétienne dans la continuité de cette conviction fondamentale.Dans l’ensemble, cette audience générale combine références scripturaires, citations magistérielles et lecture spirituelle de l’actualité, dans une perspective de clôture de l’année et de préparation à la suivante. Le pape y propose moins des orientations nouvelles qu’une synthèse pastorale destinée à accompagner les fidèles dans le passage du temps, en lien avec les grandes constantes de la tradition de l’Église.
LÉON XIV
AUDIENCE GÉNÉRALE
Place Saint-Pierre
Mercredi 31 décembre 2025
« Catéchèse du Pape Léon XIV lors de l’Audience générale
Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenue !
Nous vivons cette rencontre de réflexion au dernier jour de l’année civile, à l’approche de la fin du Jubilé et au cœur du temps de Noël.
L’année écoulée a été marquée par des événements importants : certains joyeux, comme le pèlerinage de nombreux fidèles à l’occasion de l’Année Sainte ; d’autres douloureux, comme le décès du regretté pape François et les guerres qui continuent de bouleverser la planète. À sa conclusion, l’Église nous invite à tout remettre entre les mains du Seigneur, à nous confier à sa Providence et à lui demander de renouveler en nous et autour de nous, dans les jours à venir, les merveilles de sa grâce et de sa miséricorde.
C’est dans cette dynamique que s’inscrit la tradition du chant solennel du Te Deum, par lequel nous rendrons grâce au Seigneur ce soir pour les bienfaits reçus. Nous chanterons : « Nous te louons, ô Dieu », « Tu es notre espérance », « Que ta miséricorde soit toujours avec nous ». À ce propos, le pape François a observé que si « la gratitude et l’espérance mondaines sont superficielles, […] centrées sur le « moi », et sur ses intérêts, […] dans cette liturgie, nous respirons une atmosphère tout autre : celle de la louange, de l’émerveillement, de la gratitude » (Homélie des premières vêpres de la solennité de Marie, Mère de Dieu, 31 décembre 2023).
C’est avec ces attitudes que nous sommes appelés aujourd’hui à méditer sur ce que le Seigneur a fait pour nous au cours de l’année écoulée, ainsi qu’à faire un examen de conscience honnête, à évaluer notre réponse à ses dons et à demander pardon pour tous les moments où nous avons manqué de chérir ses inspirations et d’investir au mieux les talents qu’il nous a confiés (voir Mt 25, 14-30).
Ceci nous amène à réfléchir à un autre grand signe qui nous a accompagnés ces derniers mois : celui du « chemin » et de la « destination ». Cette année, d’innombrables pèlerins sont venus du monde entier prier au tombeau de Pierre et confirmer leur attachement au Christ. Cela nous rappelle que toute notre vie est un cheminement, dont le but ultime transcende l’espace et le temps, pour s’accomplir dans la rencontre avec Dieu et dans la communion pleine et éternelle avec Lui (cf. Catéchisme de l’Église catholique, n° 1024). Nous demanderons cela aussi dans la prière du Te Deum, lorsque nous dirons : « Accueille-nous dans ta gloire, dans l’assemblée des saints. » Ce n’est pas un hasard si saint Paul VI a défini le Jubilé comme un grand acte de foi, « dans l’attente des destinées futures […] dont nous avons dès maintenant un avant-goût et […] que nous préparons » (Audience générale, 17 décembre 1975).
Dans cette perspective eschatologique de la rencontre entre le fini et l’infini, un troisième signe trouve sa place : le passage de la Porte Sainte, que tant d’entre nous avons franchi en priant et en implorant l’indulgence pour nous-mêmes et nos proches. Il exprime notre « oui » à Dieu qui, par son pardon, nous invite à franchir le seuil d’une vie nouvelle, animée par la grâce, à l’image de l’Évangile, enflammée par « l’amour du prochain, en qui [se trouve […] tout homme, […] ayant besoin de compréhension, d’aide, de réconfort, de sacrifice, même s’il nous est personnellement inconnu, même s’il est importun et hostile, mais revêtu de l’incomparable dignité de frère » (Saint Paul VI, Homélie pour la clôture de l’Année Sainte, 25 décembre 1975 ; cf. Catéchisme de l’Église catholique, 1826-1827). C’est notre « oui » à une vie vécue avec engagement dans le présent et tournée vers l’éternité.
Très chers, nous méditons sur ces signes à la lumière de Noël. À cet égard, saint Léon le Grand voyait dans la fête de la Nativité de Jésus l’annonce d’une joie pour tous : « Que le saint exulte, s’exclamait-il, car il approche de sa récompense ; que le pécheur se réjouisse, car le pardon lui est offert ; que le païen reprenne courage, car il est appelé à la vie » (Premier sermon sur la Nativité du Seigneur, 1).
Son invitation aujourd’hui s’adresse à nous tous, saints par le Baptême, car Dieu est devenu notre compagnon sur le chemin de la vraie Vie ; à nous, pécheurs, car, pardonnés, avec sa grâce nous pouvons nous relever et repartir ; enfin à nous, pauvres et fragiles, car le Seigneur, faisant sienne notre faiblesse, l’a rachetée et nous en a montré la beauté et la force dans sa parfaite humanité (cf. Jean 1:14).
C’est pourquoi je voudrais conclure en rappelant les paroles par lesquelles saint Paul VI, à la fin du Jubilé de 1975, en a décrit le message fondamental : Celui-ci, disait-il, tient en un seul mot : « amour ». Et il ajoutait :
« Dieu est Amour ! C’est la révélation ineffable par laquelle le Jubilé, avec sa pédagogie, son indulgence, son pardon et enfin sa paix, pleine de larmes et de joie, a voulu emplir nos âmes aujourd’hui et nos vies à jamais : Dieu est Amour ! Dieu m’aime ! Dieu m’attendait et je l’ai trouvé ! Dieu est miséricorde ! Dieu est pardon ! Dieu est salut ! Dieu, oui, Dieu est la vie ! » (Audience générale, 17 décembre 1975).
Puisse cette pensée nous accompagner dans le passage de l’année écoulée à la nouvelle, et ensuite toujours, dans notre vie.
* * *
Je salue les pèlerins français venus de Paris, Lannion, Neuilly-sur-Seine et Montpellier, en particulier les élèves de l’École Saint Jean-Paul II. Demandons à la Vierge Marie de nous inspirer une véritable action de grâce pour tous les bienfaits reçus de Dieu en cette année qui s’achève, et demandons-lui de guider notre marche à la suite de Jésus pour celle qui commence. Que Dieu vous bénisse. »
Source Vatican


