A Toulouse, une initiative artistique a une fois de plus suscité l’indignation parmi les catholiques et les fidèles. James Colomina*, a installé une œuvre provocatrice au sein de l’église du Gesu pour « dénoncer les dérives de l’abbé Pierre » et le silence de l’Église. Une initiative qui soulève de nombreuses interrogations sur le respect des lieux saints et la nature de l’art dans une Eglise.
L’œuvre, intitulée Siletium, présente un gisant aux traits de l’abbé Pierre, recouvert d’un drap blanc, avec une protubérance évocatrice qui ne peut laisser indifférent sur sa signifaication. Bien qu’installée dans un lieu de culte désacralisé, cette œuvre choc vise à « dénoncer le silence autour des abus commis au sein de l’Église », comme l’a déclaré l’artiste. Cependant, cette démarche pose la question de la décence et du respect des espaces qui, bien que désacralisés gardent la mémoire de la foi et de la prière des fidèles.
Il est à noter que l’église du Gesu n’est plus utilisée pour les offices religieux depuis qu’elle a été transférée à la mairie de Toulouse en 2000. Cela ne justifie cependant en rien la mise en scène d’une telle œuvre. James Colomina affirme vouloir une « œuvre marquante » et admet que, « en l’installant dans une église, je l’amplifie. » Cette amplification, à quel prix pour le respect des fidèles ?
Les accusations contre l’abbé Pierre, qui a été mis en cause pour des agressions sexuelles, sont graves et doivent être traitées avec toute la rigueur qu’elles méritent. Cependant, ce choix volontairement provoquant d’exprimer une douleur à travers l’art, surtout dans un lieu de prière relève d une provocation de très mauvais gout .
L’artiste se justifie : « ce qui est grave, c’est ce qu’a fait l’abbé Pierre, pas mon œuvre. » Une déclaration qui révèle une méconnaissance des sensibilités des fidèles et de la nature sacrée que peuvent représenter ces espaces, même après leur désacralisation.
Colomina affirme aussi que « mon œuvre est moins puissante que ce qu’ont subi les victimes. » Notons que la récupération de la souffrance des victimes d’abus pour alimenter un discours artistique idéologiquement orienté est une démarche qui interroge la moralité de cette initiative. Les véritables victimes méritent une reconnaissance qui dépasse le cadre d’une exposition temporaire de mauvais goût.
*James Colomina est un street artiste français, originaire de Toulouse, connu pour ses sculptures de personnages en résine rouge qu’il installe clandestinement dans l’espace public.