La relation entre le pape François et le président Macron est marquée par des hauts et des bas, oscillant entre échange et tensions. Depuis l’élection du président Macron en 2017, ce dernier a rencontré le souverain pontife à plusieurs reprises, et ces rencontres, au nombre de cinq au total, ont permis d’aborder divers sujets, allant de la politique migratoire aux défis mondiaux, mais elles n’ont pas été exemptes de divergences, particulièrement sur des questions de morale et de politique sociale.
Leur prochaine rencontre, prévue ce dimanche 15 décembre en Corse, sera l’occasion de renouveler leurs échanges, mais elle soulève aussi des interrogations.
Une Chronologie des Rencontres entre le Président Macron et le Pape François
Le 26 juin 2018, lors de la première rencontre officielle au Vatican, le président Macron a été reçu en audience par le pape François. Cette rencontre a été marquée par des échanges sur des sujets internationaux, notamment la politique migratoire et la question de l’environnement.
Le 9 novembre 2020, le président Macron a rencontré le pape François à Rome, après la pandémie de COVID-19, pour discuter de la crise sanitaire mondiale et de la solidarité internationale.
Le 19 janvier 2021, un entretien virtuel entre le président Macron et le pape François a permis d’aborder des questions mondiales, dont la crise sanitaire et la France dans le contexte des droits de l’homme.
Le 2 juin 2021, le président Macron s’est rendu à Rome pour un sommet international sur la paix, auquel le pape François participait. Ce sommet a permis de discuter des conflits mondiaux et des responsabilités des grandes puissances.
Le 17 novembre 2021, une nouvelle rencontre a eu lieu pour discuter des questions européennes, de la laïcité et de l’éducation, sujet de divergences entre le président Macron et le Vatican.
Les premières rencontres entre le président Macron et le pape François avaient révélé une « forme de proximité ». Lors de la première visite officielle du président Macron au Vatican le 26 juin 2018, les deux hommes ont échangé sur des questions internationales, notamment la politique migratoire et l’environnement, des thèmes sur lesquels les deux hommes ont trouvé une sorte de terrain d’entente. Le pape François, toujours soucieux de défendre la dignité humaine, avait exprimé son soutien à la politique migratoire de la France.
Cependant, au fil des années, des divergences sont apparues, particulièrement sur des questions liées à la bioéthique. La position du président Macron sur l’extension de la loi sur la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes les femmes et sur la légalisation de l’euthanasie a suscité des inquiétudes au sein du Vatican. Le pape François, défenseur de la vie à toutes les étapes de son existence, a publiquement exprimé son désaveu. La récente inscription de l’avortement dans la Constitution française semble avoir exacerbé ces tensions, car elle va à l’encontre de l’enseignement de l’Église catholique, qui condamne fermement l’avortement comme un acte qui tue.
Le pape François ne mâche pas ses mots lorsqu’il évoque l’avortement. Lors d’une homélie en 2018, il a déclaré : « L’avortement est un crime. C’est un homicide, c’est tuer une vie innocente. » Le Saint Père a précisé que les médecins qui pratiquent l’avortement sont « des tueurs à gages ». Il rappelle que : « La vie humaine est toujours sacrée et inviolable. La société doit défendre la vie, non la supprimer. »
En inscrivant l’avortement dans la constitution, le président Macron s’éloigne clairement d’une vision chrétienne de la vie et des droits humains. Bien qu’il ne l’ait pas exprimé publiquement avec la même intensité qu’auparavant, certains observateurs estiment que le pape éprouve une forme de malaise, voire d’hostilité face aux prises de position du président Macron sur ces sujets.
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Il est de plus en plus évident que la relation entre les deux hommes est tendue par ces divergences qui constituent un véritable fossé entre la doctrine catholique et les politiques publiques dites de progrès du gouvernement français.
Le président Macron a toujours affirmé que l’avortement était un droit fondamental pour les femmes. En 2021, il déclarait que « l’IVG est un droit inaliénable des femmes, et la loi sur l’IVG a permis des avancées très importantes. » Ces positions illustrent un fossé entre la vision d’Emmanuel Macron et celle de l’Église.
L’Euthanasie : un autre sujet de tension
Concernant l’euthanasie, un autre sujet de friction entre le pape et le président Macron, les positions sont tout aussi opposées. Le pape François a fermement rejeté cette pratique, déclarant en 2017 : « L’euthanasie est une fausse solution au problème de la souffrance. Il ne faut jamais éliminer une vie humaine pour une quelconque raison. » Et en 2019, il précisait : « L’euthanasie est un acte immoral. C’est une forme de violence qui dégrade la personne humaine. »
Emmanuel Macron, de son côté, soutient le droit à l’euthanasie sous certaines conditions. En 2020, il a expliqué : « Je crois que nous devons respecter le choix de chacun face à la fin de la vie. C’est une question de liberté, de dignité et de respect. » Il a également insisté sur le besoin d’un cadre législatif clair pour l’euthanasie, affirmant : « L’euthanasie est un sujet sur lequel il faut avoir une législation claire. Il faut permettre à ceux qui souffrent de choisir d’en finir, mais dans des conditions respectueuses et humanistes. »
Ainsi, bien que les cinq rencontres entre le président Macron et le pape François aient permis de poser des bases de dialogue, elles n’ont pas permis de dissiper les divergences de fond. La prochaine rencontre en Corse pourrait bien être l’occasion d’un nouveau face-à-face, où la question de la vie, au cœur des préoccupations du pape, dominera sans doute les échanges. Cependant, les désaccords persistants sur risquent de rendre cette rencontre délicate, d’autant plus que le pape, fidèle à la doctrine chrétienne, continue de plaider pour une éthique de la vie fondée sur le respect inaliénable de la dignité humaine alors que le président Macron plaide pour des » progrès » et une dignité qui excluent le caractère sacré de la vie.