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CANADA : Une église centenaire sacrifiée pour 35 000 € au nom d’une déchristianisation ravageuse

église Sainte-Christine-d’Auvergne - DR
église Sainte-Christine-d’Auvergne - DR
Le prix de vente final illustre le peu de considération accordée à ce patrimoine religieux bradé comme un bien de seconde main

Au Canada, les ventes d’églises se multiplient et s’imposent comme le signe visible d’un catholicisme jadis florissant mais aujourd’hui vacillant. Dans les grandes villes comme dans les petits villages, ces lieux de culte bâtis par la foi et les sacrifices disparaissent du paysage spirituel, livrés aux lois froides du marché immobilier. Transformées en restaurants, en lofts ou en salles de spectacles, ces églises désacralisées rappellent brutalement l’effacement progressif de la foi chrétienne qui fut pourtant au cœur de l’identité canadienne.

C’est dans ce contexte préoccupant qu’a été annoncée la vente de l’église centenaire de Sainte-Christine-d’Auvergne, une petite municipalité de 620 habitants dans la région de Portneuf. Le Journal de Montréal précise que l’édifice, construit en 1893 et fermé au culte depuis mai 2024, a trouvé preneur pour la somme de 40 000 $ soit environ 35 000 €, soit bien en dessous de son évaluation foncière estimée à plus de 300 000 $.La transaction a été menée par la Fabrique de la paroisse de Saint-Raymond-du-Nord, l’organisme légal chargé d’administrer les biens et les finances paroissiaux. Présidée par le curé et composée de marguilliers élus parmi les fidèles, la Fabrique a pour mission de gérer les églises et cimetières. C’est donc elle qui, faute de moyens et de fréquentation, a pris la décision douloureuse de vendre l’église.

L’édifice, construit entièrement en bois et encore en bon état malgré ses 130 ans, occupait une place centrale dans le village. Point de repère architectural et spirituel, il avait été témoin de générations de baptêmes, mariages et funérailles, rythmant la vie communautaire. Désormais, ses murs vont abriter tout autre chose que la prière et ne célébreront plus la Gloire de Dieu.

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L’église a été achetée par une société basée à Québec, détenue par deux jeunes associés. L’un d’eux, Charles-Antoine Lessard, récemment installé à Sainte-Christine-d’Auvergne, a confié être « tombé en amour avec le coin » et avoir saisi l’occasion. Pour l’heure, ils évoquent plusieurs options : location pour organismes communautaires, organisation de spectacles ou de concerts, voire conversion de la sacristie en chambres ou en petits lofts locatifs.Autrement dit, l’église risque d’être transformée en espace culturel ou en projet immobilier, tout sauf la mission sacrée pour laquelle elle avait été construite : offrir un lieu de prière et de sacrements. Le contraste est saisissant : autrefois remplie des voix de fidèles priant le chapelet ou chantant le Kyrie, elle pourrait demain résonner des bruits d’applaudissements, de musique profane ou du vacarme des marteaux d’entrepreneurs.

Rappelons que selon le rôle d’évaluation foncière de juillet 2023, l’église valait officiellement 304 300 $, en hausse de 12 % par rapport à l’évaluation précédente (271 300 $). Les acquéreurs ont dû en outre s’acquitter d’un droit de mutation de 2 735,50 $. Le contraste entre cette estimation et le prix de vente final illustre le peu de considération accordée à ce patrimoine spirituel et culturel, bradé comme un bien de seconde main.

À Sainte-Christine-d’Auvergne, ce drame se joue désormais sous les yeux de tous. Une communauté déjà fragilisée se voit privée non seulement d’un bâtiment, mais surtout d’un signe visible de la présence de Dieu dans son quotidien. Combien d’autres églises connaîtront le même sort dans les prochaines années si rien n’est fait pour enrayer cette spirale ?Et ce qui se passe au Canada n’est pas isolé. En France également, de nombreuses églises rurales, construites au XIXe siècle ou bien avant, ferment leurs portes faute de fidèles et d’entretien. Des associations de défense du patrimoine religieux alertent : des milliers d’édifices risquent de disparaître d’ici quelques décennies. Là aussi, l’indifférence spirituelle et le manque de moyens conduisent à la vente, à l’abandon ou à la destruction pure et simple de sanctuaires.Au-delà des différences de contexte, c’est le même drame qui se joue des deux côtés de l’Atlantique : la déchristianisation efface les signes visibles de la foi et coupe les peuples de leurs racines. Défendre nos églises, ce n’est pas seulement protéger des pierres anciennes,c’est sauvegarder l’âme même de nos nations.

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