Un rapport publié le 1er octobre 2024 par la Commission des États-Unis pour la Liberté Religieuse Internationale (USCIRF) met en lumière les efforts du Parti Communiste Chinois (PCC) pour renforcer son contrôle sur l’Église catholique et d’autres confessions religieuses en Chine. Le document indique que le PCC tente d’« exercer un contrôle total » sur les pratiques religieuses, cherchant à « éradiquer de force les éléments religieux » perçus comme contraires à son programme politique.
Le rapport souligne que la politique de « sinisation de la religion » menée par le PCC, qui consiste à adapter les religions à la culture chinoise, viole systématiquement le droit à la liberté de religion, un droit protégé au niveau international. Cependant, cette sinisation subordonne les croyances religieuses à « l’agenda politique du PCC et à sa vision marxiste de la religion », selon l’USCIRF.
Les autorités chinoises auraient ordonné le retrait des croix dans plusieurs églises et remplacé les images du Christ et de la Vierge Marie par des portraits du président Xi Jinping.
De plus, des textes religieux ont été censurés, et les membres du clergé sont forcés de promouvoir l’idéologie du PCC. Des slogans du parti sont également imposés dans les lieux de culte.
Aci précise que pour mieux contrôler les religions, le gouvernement exige que les groupes religieux s’inscrivent dans des « associations religieuses patriotiques » supervisées par l’État. Les églises catholiques, par exemple, doivent être enregistrées auprès de la Conférence Épiscopale de l’Église Catholique en Chine, qui est directement contrôlée par l’Administration d’État pour les Affaires Religieuses et le Département du Travail du Front Uni du PCC.
Le rapport précise que toute pratique religieuse en dehors des associations reconnues par l’État est considérée comme appartenant à une « secte », ce qui entraîne des poursuites judiciaires sévères, notamment des arrestations massives. Les autorités chinoises ont appliqué ces mesures contre les catholiques clandestins qui ne reconnaissent pas les évêques nommés par le gouvernement.
Selon Asif Mahmood, commissaire à l’USCIRF, le PCC voit les catholiques clandestins comme une menace car ils refusent de reconnaître « l’autorité du gouvernement pour dicter la doctrine religieuse et réguler les affaires religieuses ». Mahmood ajoute que, bien que certains catholiques choisissent de pratiquer leur foi au sein de l’Association Patriote Catholique de Chine, ils ne jouissent pas d’une véritable liberté, car ils sont soumis à un contrôle strict du PCC.
« En fin de compte, le gouvernement chinois ne s’intéresse qu’à inculquer une obéissance inébranlable au PCC, son programme politique et sa vision de la religion, plutôt qu’à protéger la liberté religieuse des catholiques », a déclaré Mahmood.
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Le rapport évoque également l’accord conclu en 2018 entre le Vatican et le PCC sur la nomination des évêques en Chine, mais accuse le gouvernement d’avoir installé « unilatéralement des évêques alignés avec le PCC sans la consultation et l’approbation du Vatican ». Malgré cet accord, les autorités chinoises continuent de faire disparaître des dirigeants catholiques clandestins qui refusent de se soumettre à l’Église contrôlée par l’État, dont les évêques Peter Shao Zhumin et Augustine Cui Tai. De plus, le gouvernement refuse de révéler le sort de dirigeants disparus depuis plusieurs décennies, comme l’évêque James Su Zhimin.
Nina Shea, directrice du Centre pour la Liberté Religieuse à l’Institut Hudson, a également souligné que le PCC cherche à « séparer l’Église catholique en Chine du pape ». Selon elle, les évêques catholiques sont des « cibles privilégiées » en raison de leur rôle crucial dans l’unité avec le pape. « Ceux qui résistent [à l’influence du gouvernement] sont placés en détention indéfinie, exilés, ou empêchés d’exercer leur ministère », a-t-elle déclaré.
L’USCIRF note que la répression du PCC ne se limite pas aux catholiques, mais s’étend également aux protestants, musulmans, taoïstes, bouddhistes et adeptes des religions populaires chinoises. Un exemple particulièrement frappant est l’internement forcé de musulmans ouïghours dans des camps de rééducation, où ils doivent renoncer à leur langue, leur culture et leur religion pour prêter allégeance au PCC. Le rapport qualifie ces actions de « génocide et de crimes contre l’humanité ».
La persécution religieuse s’est également intensifiée contre les bouddhistes tibétains et les taoïstes, dont les lieux de culte ont été détruits ou altérés, tandis que des slogans du PCC ont été imposés dans leurs temples.