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Tribune Chrétienne

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Comme un élan de résistance, les tradis sont-ils devenus le futur de l’Eglise ?

Le journal Ouest France a récemment publié un entretien avec André Rousseau, chercheur associé au Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC ).Selon les données fournies par André Rousseau, la Bretagne a connu une diminution significative du nombre de catholiques pratiquants au cours des dernières décennies. En effet, en 1996, 84 % des Bretons se déclaraient catholiques, avec 38 % d’entre eux se considérant comme des croyants convaincus. En 2011, ces chiffres avaient chuté à 68,5 % de catholiques et seulement 16 % de pratiquants. Cette évolution est frappante, surtout si l’on considère que la Bretagne était autrefois l’un des bastions catholiques les plus solides de la France.

Le chercheur constate ce déclin du catholicisme en pays breton et son corolaire ; l’essor du nombre de catholiques traditionalistes, ces tradis bretons semblent représenter le nouveau souffle de l’Eglise armoricaine. Comme un élan de résistance les tradis sont ils devenu le futur de l’Eglise ?

Selon André Rousseau, cette tendance s’explique en partie par le fait que les catholiques bretons commencent à prendre conscience de leur statut minoritaire au sein de la société. Cette prise de conscience pourrait expliquer en partie l’activisme accru des traditionalistes .

Le chercheur note également une certaine “gentrification” de la population catholique, caractérisée par une prédominance de la bourgeoisie traditionnelle et une concentration majoritairement urbaine. Cette transformation sociale pourrait aussi expliquer le retour aux pratiques religieuses traditionnelles.

Les tradis aspirent à rétablir des pratiques religieuses et un langage liturgique qui étaient tombés en désuétude depuis les années 1970. Ils deviennent d’autant plus visibles avec la disparition des catholiques de classe moyenne qui étaient mobilisés par et pour le Concile Vatican II en 1965.

On s’aperçoit aujourd’hui que des fidèles autrefois partisans d’une approche plus moderne de de la foi se sont éloignés de l’Eglise soit par déception ( suite à de nombreux scandales) soit par désintérêt, victimes d’une société toujours plus tournée vers elle-même.

La Bretagne, autrefois fortement ancrée dans la tradition catholique, est aujourd’hui le témoin de changements significatifs au sein de sa communauté religieuse.Cette transformation reflète une évolution plus large au sein de la société bretonne, où des facteurs sociaux et culturels contribuent à façonner la manière dont la foi catholique est vécue et exprimée.

Ouest France nous relate un exemple :

Un noyau dur de 4 000 fidèles inconditionnels fréquente régulièrement le prieuré de Lanvallay et les chapelles qu’il dessert, dont celles de Rennes, Saint-Malo et Saint-Brieuc. Cela représente un total d’au moins 1 300 fidèles qui assistent à ces cérémonies chaque mois, faisant de ce prieuré l’un des plus fréquentés de la FSSPX en France, derrière le prieuré de Paris.

Lanvallay n’est pas un cas isolé. Dans toute la Bretagne et en Loire-Atlantique, les catholiques traditionalistes, quelle que soit leur orientation spécifique au sein de ce mouvement, connaissent un succès considérable. Selon nos informations, près de 10 000 fidèles se réunissent, au moins une fois par mois, dans l’une des quarante églises où les messes sont célébrées selon le rite tridentin traditionnel.

Notons que ce mouvement n’est pas stéréotypé, les fidèles proviennent d’un large éventail de milieux sociaux, couvrant toutes les tranches d’âge et des origines variées. “Certains sont vêtus de mantilles, d’autres arborent des carrés Hermès, tandis que certains optent pour des costumes formels, des blousons de cuir, des jeans ou même des sweats à capuche.”

Cette grande diversité témoigne d’un mouvement transgénérationnel, affranchi de tout clivage social, là est surement sa force: tous unis dans une même foi avec cette volonté de chercher Dieu dans un cadre ” solide” et des cérémonies à la hauteur …

L’exemple breton n’est pas une exception, on constate à travers toute la France ce besoin d’une liturgie plus traditionnelle et d’un enseignement plus en phase avec la doctrine chrétienne, moins poreux aux valeurs du monde. Spécifiquement chez les jeunes , on note cette soif de Dieu avec une volonté de “marquer sa différence” face à une partie de l’Eglise qui laisse indifférent.

Les séminaires tradis sont pleins, les associations tradis n’ont jamais affiché un tel dynamisme et le pèlerinage de Chartres s’attend cette année encore à une édition exceptionnelle. Alors le renouveau de l’Eglise de France passe t-il ” obligatoirement” par les tradis ?

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