L’histoire du café est pleine de rebondissements, marquée par des interdictions, des controverses religieuses, et finalement une étonnante réhabilitation par nul autre que le pape Clément VIII. L’origine du café trouve ses racines en Éthiopie, où la légende raconte qu’un berger aurait observé un comportement inhabituel chez ses chèvres après qu’elles aient consommé les fruits du caféier.
Ces dernières semblaient plus énergiques et vives. Intrigué, le berger décida de goûter les baies à son tour, ressentant rapidement une poussée d’énergie. Enthousiasmé par cette découverte, il apporta quelques-unes de ces baies dans un monastère. Les moines, après avoir fait sécher et infuser les cerises du caféier, constatèrent que cette boisson avait des effets stimulants, leur permettant de maintenir un esprit clair et éveillé.
La véritable culture du café prit toutefois son essor au Yémen au XVe siècle. C’est là que des pèlerins musulmans commencèrent à cultiver le café, donnant naissance à des lieux de convivialité où cette boisson stimulante était partagée. Cependant, son introduction ne fut pas sans heurts.
À l’époque, le café était perçu par les chrétiens avec méfiance, principalement en raison de ses origines musulmanes. Certains conseillers du pape Clément VIII (1592-1605) allèrent même jusqu’à suggérer que la boisson, diabolisée par son association avec l’islam, soit interdite dans les territoires chrétiens. Cette suggestion reposait sur une crainte profonde que la culture musulmane ne s’immisce en Europe par le biais de cette boisson exotique.
Cependant, Clément VIII, en homme de réflexion et de raison, décida de goûter ce fameux breuvage. La légende raconte qu’après avoir savouré sa première gorgée, il déclara :
Ce geste simple mais symbolique du Pape eut des conséquences considérables : il fit du café une boisson acceptable et reconnue, voire encouragée, dans tout le monde chrétien. Notamment en Italie où le café allait devenir un élément central de la culture locale.
Le geste de Clément VIII peut être interprété comme un acte de « baptême d’acceptation » symbolique du café, le transformant d’un objet de controverse en une boisson largement consommée par le plus grand nombre.
En France, c’est en 1669, que l’ambassadeur de Mahomet V, Soliman Aga, introduit la boisson à la cour du roi Louis XIV où les moeurs Turcs sont en vogue. D’abord réservé à la haute société, le café diffuse peu à peu dans les salons. “LE PROCOPE”, premier débit de café Parisien, est inauguré en 1686.
L’épisode rappelle combien à une certaine époque, les perceptions culturelles et religieuses pouvaient être malléables, surtout lorsque des figures d’autorité intervenaient. L’histoire du café est également un exemple frappant de la manière dont une simple boisson peut devenir un enjeu de pouvoir, à la croisée de la religion, de la culture et de la politique.
De nos jours, il est difficile d’imaginer l’Europe sans café, une boisson qui, malgré son origine controversée, est devenue un pilier de la vie quotidienne. L’Union européenne (UE) a l’une des consommations annuelles moyennes par habitant les plus élevées au monde, soit environ un peu plus de 5 kg de café par personne et par an. Le Brésil, le principal pays producteur du monde, représente 40 % de la production mondiale* de café. Lors des trois dernières années, le pays a produit chaque année entre 45 et 50 millions de sacs de 60 kg de café.
Qui sait, peut-être qu’une autre boisson ou nourriture, considérée aujourd’hui comme impropre à la consommation, sera-t-elle un jour aussi adoptée, grâce à un acte similaire ?
*statista.com