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Côte d’Ivoire : les évêques appellent à des élections pacifiques, mais les fantômes des violences passées planent toujours

Le cardinal Ignace Dogbo Bessi - DR
Le cardinal Ignace Dogbo Bessi - DR
À l’approche des élections présidentielles d’octobre 2025, la Côte d'Ivoire fait face à un moment décisif pour son avenir démocratique.

Le cardinal Ignace Dogbo Bessi a formulé des vœux ardents pour que les élections de 2025 soient marquées par la justice, le respect des droits de chacun, et une transparence accrue. « Les élections à venir cette année ont besoin de justice, de respect des droits des candidats éventuels, des militants et de toute la population », a-t-il souligné. La justice, a-t-il ajouté, est la fondation même de la paix. « Nul n’ignore que la paix est le fruit de la justice, dans une symphonie orchestrée entre justice, paix, amour et vérité », a-t-il exprimé, en insistant sur le fait que la véritable paix ne saurait être dissociée de la justice sociale.

L’Église catholique en Côte d’Ivoire, fidèle à sa mission évangélisatrice, appelle ses fidèles et la nation entière à se tourner vers ces valeurs fondatrices. La justice doit être rendue à tous, sans distinction ni favoritisme, pour que la paix, si désirée et si nécessaire, puisse véritablement s’installer et perdurer. Ce message n’est pas seulement un vœu pieux, mais un impératif moral pour tous les chrétiens et pour toute la société ivoirienne.

L’histoire des élections en Côte d’Ivoire a malheureusement été marquée par des épisodes de violences, qui ont profondément affecté la stabilité du pays. Les élections présidentielles de 2010 en sont un exemple tragique. Après la fin du scrutin, le pays a sombré dans une crise post-électorale qui a duré plusieurs mois, faisant plus de 3 000 morts et de nombreux déplacés. Les violences ont opposé les partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo à ceux du président élu Alassane Ouattara, dans un climat de tensions extrêmes.

Plus récemment, lors des élections législatives de 2021, des affrontements ont éclaté dans plusieurs régions du pays, notamment à Daloa et à San Pedro, où des violences ont été signalées entre partisans politiques, entraînant des morts et des blessés. Ces événements rappellent la nécessité impérative de garantir une élection transparente et apaisée en 2025, afin de prévenir toute nouvelle dérive violente.

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Le rôle déterminant des évêques dans la recherche de la paix

Le cardinal Ignace Dogbo Bessi a également prié pour que Dieu accorde au président Ouattara « la sagesse et la prudence nécessaires » pour diriger le pays vers une élection sans violence. L’archevêque a appelé à la réconciliation entre tous les citoyens, en soulignant que « la paix est le fruit d’un travail de justice et de respect des droits de chacun ». Il a rappelé que la véritable paix ne pouvait être obtenue que dans un climat de respect mutuel, d’équité et de justice pour tous les Ivoiriens.

Dans cet esprit de réconciliation et de solidarité, les évêques ont également abordé la question de la situation sanitaire. Ils ont exhorté le gouvernement à renforcer les infrastructures sanitaires pour que « personne ne manque de soins primaires ». L’injustice sociale et les inégalités dans l’accès aux soins demeurent des défis majeurs dans un pays en plein développement, et l’Église, dans son rôle de guide moral, appelle à une attention particulière à ceux qui sont les plus vulnérables.

Au-delà des élections, les évêques ont insisté sur le besoin d’une paix durable, fondée sur une redistribution juste des richesses et une justice sociale réelle. Le cardinal Dogbo Bessi a souligné que « la recherche inlassable de la redistribution juste des richesses » est un impératif pour que la paix puisse être véritablement consolidée dans la société ivoirienne. Dans cet appel, il a également mentionné les expulsions forcées de populations, souvent liées à des projets d’aménagement ou de développement, appelant à ce qu’elles soient réalisées avec une transparence totale et dans le plus grand respect des droits des personnes affectées, notamment en garantissant leur relogement et l’accès à des conditions de vie dignes.

Les élections de 2025 représentent un moment clé pour la Côte d’Ivoire. Les évêques prient pour que cette échéance soit l’occasion de tourner définitivement la page des violences électorales du passé et de favoriser une véritable réconciliation nationale. Ils espèrent que ce scrutin permettra d’établir un climat de justice, de respect des droits de chacun et de fraternité entre tous les Ivoiriens.

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