La veille de Noël a été marquée par une annonce qui semble sortie des siècles passés : la découverte en Amazonie d’une tribu inconnue, appelée les Massaco, vivant dans l’isolement le plus total, sans contact avec le monde moderne. Cette révélation suscite autant d’émerveillement que de questionnements éthiques et spirituels. Devons-nous annoncer l’Évangile, conformément à l’ordre du Christ : « Allez, faites de toutes les nations des disciples » (Matthieu 28, 19), ou respecter leur isolement, tel un écho à la vision de Rousseau du « bon sauvage » ?
La tribu Massaco, localisée dans une forêt dense du Brésil près de la frontière bolivienne, avait jusqu’à présent échappé à toute observation directe. Leur existence était connue par des indices fugaces laissés dans la nature – traces de pas, restes d’outils rudimentaires – mais sans preuve concrète. À l’aide de caméras télécommandées, les autorités locales et des anthropologues ont pu capturer les premières images de cette communauté, dont l’organisation rappelle celle de l’Homo sapiens préhistorique.
Les Massaco vivent de manière totalement autonome, en harmonie avec leur environnement, évitant tout contact avec l’étranger. Les autorités brésiliennes, conscientes des tragédies passées où des épidémies ont décimé des tribus isolées lors de rencontres imprévues, ont choisi de ne pas s’approcher directement des Massaco, préférant documenter leur mode de vie à distance.
Cette découverte pose une question cruciale pour les chrétiens : avons-nous le devoir d’annoncer la Bonne Nouvelle aux Massaco, comme nous y invite le Christ ? L’Évangile selon Marc nous rappelle que « Allez dans le monde entier, proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création » (Marc 16, 15). Ce commandement missionnaire engage les fidèles à porter la Parole de Dieu aux « extrémités de la Terre ».
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Cependant, un contact avec les Massaco n’est pas sans risques. En plus des maladies qui pourraient décimer leur population, l’introduction de concepts et d’idées étrangères pourrait bouleverser leur mode de vie ancestral. Ne risquons-nous pas de leur imposer, en même temps que la Parole de Salut, les aspects négatifs de notre société : consumérisme, individualisme, et destruction environnementale ?
L’image du « bon sauvage », popularisée par Rousseau, présente l’idée d’un être humain vivant en harmonie avec la nature, préservé de la corruption de la civilisation. Mais cette vision ignore un élément fondamental de l’anthropologie chrétienne : l’homme, à travers son péché originel, est appelé à être sauvé. La grâce de Dieu, offerte par l’intermédiaire de l’Église, est le chemin vers la rédemption et la vérité.
Dans ce contexte, laisser les Massaco dans leur « innocence » apparente revient-il à leur refuser la possibilité de connaître la vérité du Christ ? N’est-ce pas une forme d’indifférence à leur salut ?
Certes, entrer en contact avec une tribu isolée est une entreprise risquée et lourde de conséquences. Mais l’histoire de l’Église nous enseigne que les missionnaires, animés par une foi profonde et un amour pour leurs frères en humanité, ont souvent accepté de braver les dangers pour porter la lumière de l’Évangile. Saint François-Xavier, par exemple, n’a pas hésité à risquer sa vie pour évangéliser les régions les plus reculées de l’Asie.
Le débat reste ouvert : faut-il préserver l’équilibre fragile des Massaco ou leur offrir la possibilité de rencontrer le Christ ? La question n’est pas de savoir s’ils doivent rester dans une « innocente naïveté », mais s’ils doivent avoir l’opportunité de recevoir la Vérité, malgré les risques que cela entraîne.Alors que cette tribu reste un témoignage vivant d’un passé lointain, elle interpelle notre responsabilité à l’égard de l’évangélisation.