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Des découvertes inestimables

Les archéologues ont daté cet ensemble de l’an 160 ap. J.-C. environ, ce qui correspond au monument dressé en hommage à Pierre.

Série- LES GRANDS DOSSIERS ET SECRETS DU VATICAN

Bernard Lecomte.


Dès la fin de l’année 1940, les fouilles se concentrèrent sous la Confession
de Saint-Pierre, au milieu de la nef centrale, puisque c’est là, sans conteste,
qu’on vénérait l’Apôtre depuis toujours. Ces recherches inédites ont débouché
sur des découvertes archéologiques inestimables. D’abord, elles ont permis de
reconstituer l’histoire du lieu depuis les jardins de Néron, et de dégager une
impressionnante suite de tombeaux et de mausolées – une vingtaine au total, sur
une longueur de 400 mètres – datant de la première nécropole du Vatican, celle-là
même où aurait été enseveli le corps de Pierre après sa mort.


Surtout, elles ont permis de tout savoir sur la basilique édifiée vers 324 par
l’empereur Constantin, et qui était, déjà, un formidable exploit architectural.
Arc-boutés sur les premières pentes des collines vaticanes, les architectes de
l’époque ont dû tenir compte du sol argileux, du ruissellement des eaux, des
désordres du relief : les 11 mètres de dénivellation entre les extrêmes nord et sud
de l’ancienne basilique ont nécessité des fondations profondes, des murs de
soutènement particulièrement épais. Il fallait vraiment une raison impérieuse ou
sacrée – comme le tombeau de saint Pierre – pour vouloir bâtir une basilique à
cet endroit excentré, mal défendu et au relief irrégulier !


C’est cette déclivité qui explique les importantes cavités, pas toutes
remblayées, découvertes entre le pavement de la basilique primitive et la voûte
qui supporte le pavement de la basilique actuelle. Des espaces que personne
n’avait fouillés depuis plus de mille ans et qui ont fait les délices de l’équipe
scientifique diligentée par Pie XII : sarcophages, peintures murales, urnes,
ossements, monnaies, fragments de poteries et inscriptions diverses étaient
autant de nouveaux indices dans cet extraordinaire jeu de piste archéologique.
La principale découverte se situa sous la Confession, à l’aplomb exact de la
niche dite « des palliums » – un renfoncement sculpté sous l’autel pontifical où
l’on dépose depuis toujours, dans un caisson, les étoles de laine destinées aux
nouveaux archevêques. On y trouva notamment les restes d’un muret, qu’on
appela le « mur rouge » (muro rosso) en raison de la couleur de son enduit. Ce
mur très ancien protégeait un édicule funéraire de deux niveaux : une niche
encadrée de deux colonnettes et surmontée d’une plaque de marbre…


Les archéologues ont daté cet ensemble de l’an 160 ap. J.-C. environ, ce qui
correspond au monument dressé en hommage à Pierre, le « trophée » signalé par
le prêtre Gaïus. Le fameux « trophée » aurait donc été ce petit monument qui
sera décoré de marbre et de porphyre, autour duquel Constantin a bâti sa
basilique, et au-dessus duquel se sont empilés, au fil des siècles, les autels de
Léon IV (IXe siècle), de Calixte II (XIIe siècle) et de Clément VIII (XVIe siècle) :
tous les papes, jusqu’à nos jours, ont tenu à célébrer la messe juste au-dessus du
tombeau présumé de leur premier prédécesseur.
Les savants sont formels : les hypothèses concordent. Tout, absolument tout
donne à penser que ce petit monument a bel et bien abrité les reliques de saint
Pierre.

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