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Diocèse d’Alsace : quand le silence des cloches devient le symbole du recul spirituel de nos villages

église de Schœnenbourg - DR
église de Schœnenbourg - DR
Les cloches doivent sonner, non pas par habitude, mais parce qu’elles rappellent que Dieu habite encore nos villages, même dans la nuit

À Schœnenbourg en Alsace , les cloches de l’église Sainte-Agathe ne sonnent plus entre 22 h et 7 h. Officiellement, il s’agit d’une mesure technique et de confort. C’est en réalité un nouveau signe de ce glissement insidieux vers une France où la foi doit se taire pour ne pas déranger.Il y a quelque chose de profondément troublant dans la décision du maire de Schœnenbourg d’imposer le silence nocturne aux cloches de l’église Sainte-Agathe. Ce n’est pas simplement une affaire d’horloge mécanique ou de nuisances sonores. C’est le signe d’un effacement plus large, presque imperceptible, du sacré dans nos vies quotidiennes.

Depuis des siècles, les cloches rythment le temps des hommes, non pas pour les déranger, mais pour les éveiller. Elles ne sont pas un bruit, elles sont une voix. Celle de la foi, du village, du temps qui s’écoule sous le regard de Dieu. Dans les campagnes françaises, elles rappellent que chaque heure, même la nuit, appartient au Créateur.

Et voilà qu’en 2025, au nom du « confort moderne » et d’un mécanisme fatigué, on juge que « faire sonner les cloches la nuit n’a plus aucun sens ». Cette phrase du maire de Schœnenbourg relayée par les DNA , Marc Meyer, résume tout un état d’esprit : celui d’une époque qui a perdu le sens du symbole. Car derrière cette mesure apparemment anodine se cache une déchristianisation tranquille, qui avance au rythme des compromis techniques et du sommeil des consciences.

François Meyer, cet habitant attaché à la voix des cloches depuis soixante-six ans, n’est pas simplement nostalgique. Il défend quelque chose de plus grand que lui : la continuité d’une mémoire collective.

Lorsque les cloches s’arrêtent, c’est tout un village qui perd son âme sonore. Ce n’est pas un hasard si cet homme parle de « repères perdus ». Les cloches donnent un rythme à la vie spirituelle : elles appellent à l’Angélus, rappellent les heures de prière, marquent le passage du temps vécu sous le regard de Dieu.Certains diront qu’il s’agit d’un simple détail, d’une question de confort nocturne. Mais dans une France où les églises se vident, où les processions sont reléguées à la marge, chaque silence imposé au clocher est un pas de plus vers le déracinement. Les cloches, ce ne sont pas des gadgets du passé, ce sont les battements du cœur de nos communautés.

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Et que dire de l’argument du maire selon lequel le mécanisme serait vieillissant ? Si tel est le cas, qu’il fasse les travaux nécessaires ! On n’attend pas qu’un cœur cesse de battre pour décider qu’il aurait fallu le soigner. Il serait trop facile de déclarer, dans quelques années, que la réparation coûte trop cher, après avoir laissé s’user le système dans le silence. Entretenir le clocher, c’est aussi entretenir la vie du village. Un maire digne de ce nom devrait comprendre qu’il s’agit là d’un investissement dans la mémoire et dans la foi, non d’une dépense superflue.

Mais le plus consternant, c’est d’entendre dire qu’on aurait décalé l’Angélus du matin pour « ne pas déranger les gens qui dorment les fenêtres ouvertes ».

Depuis quand la foi se plie-t-elle au confort ? Quelle autre religion accepterait qu’on déplace l’heure d’une prière, qu’on fasse taire ses appels à la foi, pour des raisons de confort ? Aucune. Les catholiques, eux seuls, semblent sommés de s’excuser d’exister, de faire taire leurs cloches, de cacher leurs croix et d’adapter leurs traditions à une société qui ne supporte plus le moindre signe du divin.Et cette affaire locale prend un relief particulier dans un diocèse déjà très tourmenté, secoué par des affaires récentes, et dirigé par une équipe diocésaine contestée pour son manque de clarté et ses « petits arrangements » entre amis. Dans un tel contexte, le silence imposé aux cloches résonne comme un symbole supplémentaire d’un repli spirituel et d’un effacement de la voix de l’Église au moment même où elle devrait, au contraire, faire entendre sa présence et son espérance.

François Meyer, en accrochant sa banderole « Exigeons le retour de la sonnerie des cloches », ne se bat pas seulement pour un son. Il se bat pour une âme. Et peut-être que son combat, apparemment local, est un avertissement adressé à toute la France : celle qui oublie ses clochers oublie aussi le ciel.Les cloches doivent sonner, non pas par habitude, mais parce qu’elles rappellent que Dieu habite encore nos villages, même dans la nuit.

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