Né en 1175 en Catalogne, saint Raymond de Peñafort incarne une vocation unique : celle de conjuguer une intelligence brillante et une foi inébranlable. D’abord professeur de philosophie à l’Université de Barcelone, ce Catalan assoiffé de savoir traverse les Pyrénées pour rejoindre Bologne, alors réputée comme le plus prestigieux centre d’études juridiques d’Europe. Là, il devient un expert en droit civil et canonique, posant les bases d’une vie consacrée à l’Église et à l’apostolat
La renommée de Raymond attire l’attention du pape Grégoire IX, qui lui confie une mission capitale : rédiger une Somme des cas pénitentiaux pour guider les confesseurs, suivie d’un recueil des Décrétales. Ces textes deviendront la pierre angulaire du droit canonique de l’Église catholique jusqu’en 1917. À travers cet ouvrage monumental, saint Raymond de Peñafort contribue à structurer l’Église, non seulement comme communauté de foi, mais aussi comme institution universelle.
Sa rencontre avec saint Dominique à Bologne bouleverse sa vie. À 47 ans, de retour à Barcelone, il embrasse la vie religieuse dans l’ordre des Dominicains. Son influence ne tarde pas à se faire sentir : élu Maître Général, il réorganise les Constitutions de l’Ordre et oriente ses frères vers un apostolat audacieux auprès des juifs et des musulmans, qui peuplent encore une grande partie de l’Espagne. Inspiré par la mission de convertir les âmes, il encourage saint Thomas d’Aquin à écrire la célèbre Somme contre les Gentils, un chef-d’œuvre de la pensée chrétienne.
Préoccupé par le sort des chrétiens captifs des Sarrasins, saint Raymond cofonde l’ordre de Notre-Dame-de-la-Merci avec saint Pierre Nolasque. Cette œuvre deviendra un pilier dans la libération des esclaves. Mais Raymond est aussi connu pour une légende singulière : lorsque le roi de Majorque tenta de le retenir sur l’île, il aurait traversé la mer sur son manteau pour regagner Barcelone. Ce miracle, empreint de foi et de courage, fait de lui le saint patron des navigateurs et des véliplanchistes.
Malgré son âge avancé, saint Raymond ne ménage ni ses forces ni son esprit pour servir l’Église. À cent ans, il s’endort dans le Seigneur à Barcelone, le 6 janvier 1275. Dans une lettre adressée à saint Pierre Nolasque, il écrivait : « Les chemins qui conduisent au ciel sont différents selon les vocations… Quand le ciel a montré la voie, il ne faut pas s’en écarter. » Un message qui résume la vie de ce saint hors du commun, modèle de fidélité et d’obéissance à la volonté divine.
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