Un article récent d’Aleteia traite de ce qui « peut changer et ce qui ne peut pas changer » dans le Magistère selon la vision du Pape François. Mettant en lumière le relativisme culturel, il note que la révélation « immuable » a toujours été interprétée par les hommes. Le Pape François aspire à établir « les critères justes d’une réinterprétation » pour « discerner ce qui ne peut pas changer et ce qui n’est pas essentiel au salut ». Le débat oscille donc entre la raison spéculative et la raison pratique…
Dans ce prolongement, Pascal jacob ( auteur de l’article) cite Christian-Philippe Chanut, historien et prêtre du diocèse d’Évry, qui faisait remarquer que « certains « tradis » mettent au même niveau le dogme de la transsubstantiation et la clochette de la Consécration. »
Il évoque Aristote qui soulignait que « la marque d’un esprit éduqué est de reconnaître à quel degré de certitude il peut aspirer sur un sujet donné. »
Aristote était-il porteur de la révélation ? certes non…donc le « degré de certitude » auquel il fait référence a t-il un rapport avec cet Absolu révélé qui dépasse toute capacité intellectuelle aussi brillante soit-elle ?
Dans le même article, Pascal Jacob déclare : « Le Pape vise à démontrer que la raison pratique, lorsqu’elle aspire au salut des âmes, ne peut se limiter à des vérités figées ».
Qu’entendons-nous par » vérités figées » celles des hommes …? alors oui à coup sûr ce sont des vérités « figées pour un moment » et elles abondent actuellement : bénédictions Lgbt, sacerdoce des femmes, réinterprétation de l’euthanasie, négation de la liturgie traditionnelle…pire qu’une FAQ c’est la grande braderie des idées… ou des » pseudo vérités ».
En revanche, si l’on compare ces vraie-fausses vérités à La Vérité car il n’y en a qu’Une ( Saint Jean verset 6-14), l’on se demande si la prudence qu ‘évoque » Saint Thomas « agir avec prudence c’est matérialiser l’exigence morale perçue par la conscience, guidée par le magistère » , relève de la pure démarche intellectuelle ou de l’acte de foi.
La grande interrogation est là :
Sommes-nous en présence de diverses façons de présenter une unique doctrine, La Sainte Doctrine ?
La question touche au cœur de la foi. Jusqu’où l’homme est-il disposé à « prendre position » pour exprimer et vivre sa gratitude envers Dieu ?
Observant nos frères » tradis », gentiment persécutés …je m’interroge…
Qui sont-ils ceux qui décident que cette tradition millénaire, née de la révélation et d’un amour profond pour le Seigneur, n’est plus « pertinente » ? Est-ce par simple arrogance ou est-ce un discernement de façade, ressemblant davantage à une prise de position mêlant idéologie marxiste et foi.?
Parallèlement , le cardinal Müller a indiqué : « Qui êtes-vous pour bénir le péché ? » Cette phrase devrait raisonner dans les esprits des divers invités du synode qui aiment à juger sans discernement des fidèles respectueux d’une tradition religieuse millénaire.
Par ailleurs si un apôtre, tel que Saint Paul, était vivant aujourd’hui, pourrait-on honnêtement imaginer qu’il bénirait des pratiques contraires à la vision divine de la création ? L’union d’un homme et d’une femme, et la procréation, sont les manifestations d’un amour divin et aucune » gay pride » pseudo-religieuse ne changera l’ordre naturel.
Comment peut-on s’approcher de Dieu tout en se complaisant dans des relations artificielles ? La véritable arrogance est d’attendre que Dieu se conforme aux caprices humains.
Y aurait-il donc deux poids deux mesures , une inclusion sélective ?
Officiellement on proclame une acceptation de tous et toutes et réellement on assiste à la mise au ban de certains fidèles chrétiens , catholiques de surcroit ?
Alors ne banalisons pas notre foi en la réduisant à des discussions de comptoir, fussent-ils des comptoirs synodaux, ne laissons pas place à des tables rondes, symboles de proximité et de modernité, mais en vérité révélatrices de dialogues de sourds où tout est bon à prendre sauf l’Essence du Magistère.
De son coté , la liturgie, œuvre de Dieu, ne se réduit pas à une simple question de « sensibilité » comme le prétendent certains prêtres. Elle questionne profondément l’interprétation du Magistère et notre engagement envers la foi.
L’eucharistie est-elle une célébration joyeuse ou un mémorial du sacrifice du Seigneur ? le sacrifice ce don c’est à dire « ce que l’on offre à Dieu pour lui rendre l’honneur qui lui est dû « . Le mystère de la rédemption que nous revivons dans l’Eucharistie ne culmine -t-il pas dans le sacrifice du Seigneur ?
Si l’on admet donc que la Célébration de ce Saint Sacrifice est véritablement expiatoire alors l’on comprend pourquoi la clochette de consécration revêt autant d’importance que le dogme de transsubstantiation : car il n’y a pas de petites choses pour témoigner de son amour pour Dieu , et les apparents » gestes sans importance » sont autant de marques de déférence à l’égard du Seigneur et c’est de cela que la tradition est porteur: être fidèle dans les petites comme dans les grandes choses..
A sa manière , cette clochette fait résonner le culte et la majesté de Dieu, elle est participative d’une cérémonie qui témoigne de l’apogée de la gloire de Dieu: Le sacrifice du Seigneur.
Face à cette » conception de la foi » les réunions synodales où l’on sourit, où l’on se prend en photos, en selfies avec le Pape, où l’on balance tout et n’importe quoi sur les réseaux sociaux , dégagent une certaine image de modernité, de dynamisme ..une image seulement car les coulisses sont tout autre et la colère gronde.
Au delà des dubias formulés par des cardinaux de renoms, les couacs et les incompréhensions s’accumulent : opacité sur la fréquence des prises de paroles, opacité sur les informations transmises à la presse , improvisation d’ordre du jour…etc bref tout cela concoure à un synode qui ressemble plus à une assemblée de cadres de chez Total qui font semblant d’élaborer une stratégie pro-environnementale .Une Eglise ballotée par toutes sortes de vents contraires à l’Esprit peut-elle encore être à l’écoute de la brise de Dieu , ce doux murmure de La Vérité…
« À l’approche du Seigneur, il y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan ; et après l’ouragan, il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre ;et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu ; et après ce feu, le murmure d’une brise légère » ( PREMIER LIVRE DES ROIS Chapitre 19).
Alors ne lâchons pas prise sous la pression des fossoyeurs de l’Eglise qui, tel le loup qui entre dans la bergerie , se drapent de l’apparence de l’agneau pour mieux avaler leurs victimes , ces « frères » d’un moment. Ne tombons pas dans la sensiblerie d’un monde soit disant » plus fraternel » à la façon des hommes… mais en réalité plus éloigné de Dieu ; car la véritable amitié n’existe pas sans Dieu, la vraie Fraternité est la communion dans la Foi.
« Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père. » Jean 15-15.
La véritable simplicité et la vraie humilité résident dans le respect de la tradition révélée aux hommes par Dieu Lui-Même. Moise, l’interlocuteur privilégié de Dieu premier prêtre et prophète a revêtu le voile sur son visage, le voile de l’humilité. Par opposition, le voile du cœur que portent certains « arrogants » modernes, les empêche de comprendre et d’interpréter La Parole en restant dans La Vérité.
L’authentique ouverture à tous et toutes est de guider les hommes et femmes ( tous sans exception) vers le cœur de l’Évangile et ses exigences qui sont autant de preuves d’amour . La vraie inclusion est d’accueillir d’autres voix que celles que certains « réducteurs de pensées » cherchent à imposer.
Dénoncer une forme de « cléricalisme mondain » est certes important mais en faire une règle systématique de raisonnement n’est-ce pas exagérer ? Ce cléricalisme de l’apparence a t-il fait plus de dégâts que les prêtres à « l’allure dépouillée » qui se sont vautrés dans le vice et la dépravation. Alors ne systématisons pas la cible de nos attaques, sachons dénoncer TOUTES les déviances y compris les déviances intellectuelles.
Au Synode, le feu de l’Amour, ce feu de l’Evangile , « Je suis venu apporter un feu sur la terre » ( (Lc 12, 49-53), semble avoir laissé place aux braises de la compromission et cette cacophonie mediatico-religieuse dénoncée par les « doutes » de grands cardinaux, nous montre que l’Esprit ne souffle pas toujours où on l’attend…
Les 1500 amendements qui ont été déposés pour être intégrés dans le document
final de synthèse sont la preuve de l’absence d’harmonie intellectuelle et spirituelle et aucun Pape fut-il François ne pourra passer outre.
Comme l’indique Jean-Marie Guénois du Figaro :
« Face à ce déclin, François attend donc beaucoup de ce synode sur la
synodalité, couronnement de son pontificat. »
L’on pressent comme un » clap de fin » du pontificat plutôt contrasté de François, et l’autoritarisme de Sa Sainteté François ne pourra rien y changer.
La Vatican rassure et indique » qu’il ne fallait pas trop attendre de ce texte de transition » , mais restons vigilants face aux faux-semblants, aux sourires convenus et à l’apparence de la bonhommie.
Rappelons-nous que le diable se cache souvent dans les détails… et parfois dans les clochettes de consécration lorsqu’elles ne résonnent plus.