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[ Editorial] Pourquoi le Pape François demande pardon pour « complicité d’esclavagisme » ?

Gorée - Mémorial esclavage - DR
Gorée - Mémorial esclavage - DR
N'est-ce pas le Christ Lui-même, au jour du jugement dernier, qui jugera de l'ensemble des péchés de l'Histoire ?

Dans le contexte actuel, où l’Église catholique est engagée dans le Synode sur l’avenir de l’Église, la question des demandes de pardon pour les méfaits du passé, notamment ceux liés à l’esclavage et au colonialisme, mérite réflexion. Le pape François, lors de son discours du 1er octobre 2024, a reconnu que l’Église a été « complice » de systèmes ayant favorisé ces injustices:

« Nous avons été complices de systèmes qui ont favorisé l’esclavage et le colonialisme », a déclaré le cardinal Michael Czerny.

Jusqu’où l’Église d’aujourd’hui se sent-elle tenue de porter le fardeau des péchés passés, présents et à venir ? N’est-ce pas le Christ Lui-même, au jour du jugement dernier, qui jugera de l’ensemble des péchés de l’Histoire ? Dans cette perspective, on peut s’interroger : à quoi servent ces demandes de pardon répétitives ?

Les gestes de repentance, bien que nécessaires, risquent parfois de se transformer en simples exercices de communication au service d’une stratégie idéologique bien établie. Rappelons que les crimes, délits et autres péchés du passé de l’histoire de l’Église se sont déroulés dans des situations différentes, où les hommes d’Église avaient eux-mêmes un rapport à Dieu largement influencé par le contexte social et politique de l’époque.

Il est légitime de s’interroger sur la signification de ces demandes de pardon aujourd’hui. Elles ressemblent à une « contrition de circonstance » de la part d’une Église qui n’a plus rien en commun avec celle d’antan. Dans un monde où la critique est omniprésente, ces déclarations risquent d’affaiblir les valeurs et les fondements mêmes de l’Église, la rendant vulnérable aux jugements contemporains qui remettent en cause son enseignement.

Cette manœuvre est-elle innocente ?

Affaiblir par le repentir pour établir une nouvelle doctrine jugée plus respectable par l’homme d’aujourd’hui semble être le dessein sous-jacent. Si les hommes du passé ont fauté, l’enseignement de la Parole et la Vérité restent immuables ; les manquements de ces hommes ne peuvent en aucun cas remettre en cause la doctrine révélée, qui demeure constante et intemporelle.

Rappelons qu’en 2023, l’Église anglicane a présenté des excuses pour son passé esclavagiste et a établi un fonds de réparation. L’institution s’est engagée à allouer près de 120 millions d’euros à ce fonds, tout en cherchant à augmenter son montant pour atteindre plus d’un milliard d’euros. Mais la réparation financière est-elle le moyen ou le but d’un pardon devenu une véritable « valeur marchande » ?

Alors, nous posons la question : s’accuser des crimes et délits des hommes qui ont fait l’Église, n’est-ce pas affaiblir l’enseignement et mettre l’homme au cœur de la Vérité au lieu de placer Dieu au centre de tout ?

Comme le souligne dans le Figaro, Christophe Dickès, spécialiste des religions, en analysant la démarche du souverain pontife : « Péché contre la création, contre les migrants… Les fidèles devront-ils aller se confesser parce qu’ils n’utilisent pas une voiture électrique ?« 

N’est-il pas temps que le Pape réfléchisse aux conséquences de ces demandes de pardon, qui pourraient finir par transformer l’Église en une institution soumise aux caprices de l’opinion publique plutôt qu’à l’infaillibilité de la doctrine divine ?

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