Depuis 2000 ans

Élimination des armes nucléaires: le cardinal Parolin en appelle à la confiance mutuelle.

Le 26 septembre 2022, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, s’est adressé à la réunion de haut niveau des Nations Unies pour commémorer la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires.

Dans son allocution, le cardinal Parolin a souligné qu’avec la guerre en Ukraine et des niveaux de conflit sans précédent, le monde s’est rapproché de l’abîme de la guerre nucléaire. Les armes nucléaires, a-t-il dit, sont coûteuses, dangereuses et compromettent la sécurité internationale. Exprimant sa préoccupation concernant la modernisation et l’expansion des arsenaux nucléaires, le cardinal Parolin a averti que les États s’en remettent de plus en plus à la dissuasion nucléaire, plutôt que de respecter les obligations de désarmement en vertu du Traité sur la non-prolifération nucléaire.

Tout en abordant l’absence de consensus lors de la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), le Cardinal Parolin a également souligné que la Déclaration et le Plan d’action de Vienne adoptés lors de la Première Assemblée des États parties au Traité sur la L’interdiction des armes nucléaires (TPNW) démontre que des progrès en matière de désarmement nucléaire peuvent être réalisés. Il a conclu en affirmant que parvenir à l’élimination totale des armes nucléaires exige une réponse collective et concertée, fondée sur la confiance mutuelle, et qui tienne compte des conséquences humanitaires et environnementales catastrophiques de l’utilisation du nucléaire.

texte de la déclaration de Son Eminence le Cardinal Pietro Parolin:

“Monsieur le Président,

En février, la guerre en Ukraine a ramené en Europe un conflit armé d’une ampleur jamais vue depuis des générations. La menace répugnante de l’utilisation d’armes nucléaires qui a accompagné le conflit illustre à quel point le monde est proche de l’abîme de la guerre nucléaire. Cette menace imminente, aux implications dévastatrices pour toute l’humanité, démontre que « les armes nucléaires sont une responsabilité coûteuse et dangereuse »,[qui compromet la sécurité internationale.

Dans ce contexte, le pape François insiste sur le fait que « l’objectif ultime de l’élimination totale des armes nucléaires devient à la fois un défi et un impératif moral et humanitaire ». Les actions des États dotés d’armes nucléaires nous laissent cependant loin d’atteindre ce but. Grâce à la modernisation et à l’expansion des arsenaux nucléaires, ces États sont de plus en plus tributaires de la dissuasion nucléaire, au lieu de respecter leurs obligations en matière de désarmement au titre de l’article VI du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP).

Monsieur le Président,

Tout en exprimant son profond regret concernant l’absence d’un document final consensuel à la dixième Conférence d’examen du TNP, le Saint-Siège a noté avec préoccupation que, même si le projet de document final avait été adopté, l’absence de nouveaux engagements significatifs en matière de désarmement nous aurait amenés à pas plus proche d’un monde exempt d’armes nucléaires.

Néanmoins, le régime de désarmement nucléaire ne manque pas de sens. En juin dernier, les États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TPNW) ont adopté une déclaration et un plan d’action qui garantissent que des progrès peuvent être réalisés en matière de désarmement nucléaire, en particulier dans les domaines de la vérification, de l’assistance aux victimes et de l’assainissement de l’environnement. Le Saint-Siège réitère son espoir que, quelles que soient leurs positions sur le TPNW, les États dotés d’armes nucléaires contribueront à ces efforts.

Les États doivent également redynamiser d’autres composantes du régime de désarmement nucléaire. Cela comprend non seulement la réalisation de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), mais aussi le lancement de négociations sur des traités sur les matières fissiles et sur les garanties négatives de sécurité. Sans progrès tangibles vers ces objectifs, le régime risque de s’éroder.

Monsieur le Président,

Parvenir à l’élimination totale des armes nucléaires nécessite une réponse « collective et concertée, fondée sur la confiance mutuelle » et prend en compte les conséquences humanitaires et environnementales catastrophiques de l’utilisation du nucléaire. Tant que les armes nucléaires existent, nous ne pouvons pas exclure la possibilité de leur utilisation, qui menace « tout avenir possible pour notre maison commune » ainsi que l’existence même de l’humanité.

En cette Journée pour l’élimination totale des armes nucléaires, examinons chacun comment nous pouvons contribuer à créer un environnement propice à la réalisation de notre objectif commun.

Merci, monsieur le président.”

Recevez chaque jour notre newsletter !

Lire aussi :