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[En partenariat] Sainte Thérèse de Lisieux sauve de la ruine un carmel italien

« Non, je ne suis pas notre sainte mère, mais la servante de Dieu, sœur Thérèse de Lisieux. »

En partenariat avec 1000raisonsdecroire.com

En janvier 1910, la situation financière du carmel de Gallipoli, petite ville des Pouilles, est très mauvaise. La maison a des dettes insolvables et l’un des créanciers se fait très insistant : il exige le remboursement d’une somme de trois cents lires, dont les carmélites n’ont pas le premier sou.

La prieure, mère Maria Carmela del Sacro Cuore di Gesù, impressionnée par la lecture de la vie de sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus, décide un triduum (trois jours de prière), demandant un secours céleste par l’intermédiaire de la carmélite normande.

Thérèse lui apparaît et laisse dans le coffret de la sœur économe l’argent permettant de régler le créancier exigeant et quelques autres. Jusqu’à septembre, des billets, dont la provenance est inconnue, apparaîtront dans la cassette pour faire face aux difficultés de la maison. Le 6 août, Thérèse, qui apparaît à nouveau à mère Maria Carmela explique : « La puissance de Dieu retire ou donne avec la même facilité aussi bien dans les choses temporelles que dans les spirituelles. »

Sainte Thérèse au carmel de Lisieux

Les raisons d’y croire :

Nous sommes très bien renseignés sur les événements de Gallipoli grâce aux archives du carmel de Lisieux qui, outre la correspondance avec mère Maria Carmela relatant les faits, conservent le témoignage de l’évêque de Nardo, Mgr Gaetano Müller. Aussitôt prévenu des événements, il en constatera lui-même les effets. Son témoignage sera transmis au Vatican et servira à l’instruction de la cause de béatification de Thérèse.

Des signes tangibles de la réalité des différentes discussions entre mère Maria Carmela et Thérèse de Lisieux sont accordés en abondance, à commencer par l’argent annoncé par Thérèse qui apparaît en effet à de multiples reprises dans la cassette.

Lors de la première rencontre avec Thérèse de Lisieux, mère Maria Carmela, émue, croit avoir affaire à sainte Thérèse d’Avila et s’écrie : « O santa Madre mia ! » Cela montre qu’elle n’était pas obsédée par un miracle venant de l’humble sœur normande et qu’il ne s’agit pas d’auto-illusion. Thérèse la corrige gentiment : « Non, je ne suis pas notre sainte mère, mais la servante de Dieu, sœur Thérèse de Lisieux. »

Complètement décontenancée, la prieure dit à sa visiteuse de l’attendre pour qu’elle la raccompagne, car elle pourrait ne pas retrouver son chemin dans le dédale des couloirs de la maison. Façon de se raccrocher au monde matériel et rationnel, cette réaction de bon sens prouve l’équilibre mental de la prieure et sa surprise devant l’événement.

En italien, « chemin » se dit via. « Avec un sourire radieux », Thérèse répond : « No, figlia mia, no : la mia via è sicura, ne l’ho sbagliata ! » Non ma fille, non ! Ma voie est sûre et je ne me suis pas égarée. ») Ce que mère Maria Carmela ignore mais qui bouleversera les carmélites de Lisieux, c’est que Thérèse fait évidemment allusion à sa « petite voie » pour aller à Dieu et à l’une de ses dernières conversations avec sa novice, sœur Marie de la Trinité, à laquelle elle enseignait : « Si je vous induisais en erreur avec ma petite voie, ne craignez pas que je vous la laisse suivre longtemps ; je vous apparaîtrai bientôt pour vous dire de suivre une autre route. ».

Elle vient donc de confirmer que sa voie est sûre et que l’on peut la suivre pour aller à Dieu, sans se tromper ni se perdre.

La grâce matérielle accordée au carmel de Gallipoli dans une nécessité pressante a été ajoutée par le carmel de Lisieux au dossier de béatification de Thérèse, qui comptait déjà deux miracles de guérison. Il fallait que l’affaire soit incontestable pour l’ajouter alors que cela n’était pas nécessaire.

Deux hypothèses – qu’il puisse s’agir de fausse monnaie ou d’argent volé ailleurs – seront écartées après étude par les experts du Vatican pour admettre l’apparition miraculeuse de ces sommes. Que Rome n’ait pas rejeté le fait, bien que le choix de ce type de miracle soit inusité, et qu’il lui ait été donné ensuite un retentissement mondial, montre qu’il n’existait aucun doute sur sa véracité.

Cathédrale du diocèse de Nardo

En 1910, le petit carmel de Gallipoli, dans le misérable diocèse de Nardo, en Italie du Sud, se débat dans des difficultés financières inextricables ; il est couvert de dettes qu’il ne peut payer. Le pays étant très pauvre, les sœurs ne peuvent espérer de secours extérieur.

Or, en ce mois de janvier, l’un de leurs créanciers exige le remboursement d’une somme de trois cents lires, a priori introuvable sauf intervention providentielle, du type legs ou donation inespérés. C’est cela que demande la prieure, mère Maria Carmela du Sacré-Cœur de Jésus, dans un triduum de prière à la Sainte Trinité, par l’intermédiaire de sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus.

À l’aube du 16 janvier, la prieure ne dort pas, un peu parce qu’elle souffre d’une pleurésie, beaucoup parce qu’elle est rongée de soucis. Un peu avant l’aube, mère Maria Carmela sent une présence dans sa cellule, puis une main qui remonte sa couverture.

Pensant qu’une religieuse est venue la voir, elle l’implore de ne pas la couvrir ainsi « car elle est tout en sueur », mais la voix qui lui répond lui est inconnue. Ouvrant les yeux, la prieure distingue une jeune carmélite qu’elle n’a jamais vue, « dont les habits et le voile laissent transparaître une clarté de paradis » : sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus est descendue du Ciel s’occuper des problèmes des sœurs italiennes.

La religieuse inconnue déclare, en italien – langue que Thérèse ne connaissait pas de son vivant – à mère Maria Carmela : « Le Seigneur se sert des habitants célestes comme de ceux de la Terre pour secourir ses serviteurs. Voilà cinq cents lires avec lesquelles vous paierez la dette de votre communauté. », et comme la prieure corrige en disant que la créance urgente n’est que de trois cents lires, sa visiteuse répond : « Eh bien, le reste sera en plus ! » Puis, parce que le vœu de pauvreté absolu du Carmel l’interdit en effet, elle presse la prieure de se lever, car elle « ne peut garder cet argent dans sa cellule ».

Alors, sans comprendre comment, mère Maria Carmela obéit, se lève et, éclairée par la lumière qui émane de sa visiteuse, la suit dans les couloirs obscurs du couvent, « jusqu’à l’appartement du tour », seul moyen de communication des religieuses cloîtrées avec le monde extérieur, où se trouve un coffret dans lequel sont gardées les aumônes financières. Elle constate, une fois de plus, que le coffret est vide, puis voit sa compagne y déposer un billet de cinq cents lires à côté de la créance en instance de règlement.

Une fois la visiteuse repartie, mère Maria Carmela, femme raisonnable, quoiqu’elle ait la certitude d’être réveillée, pense d’abord s’être assoupie sans s’en rendre compte et que tout se déroule en songe. Sortie de ce qu’elle croit être un rêve étrange, la prieure se lève, toute malade qu’elle est, pour descendre à la messe.

Elle explique aux religieuses qui veulent la renvoyer se coucher « être sous la forte impression d’un rêve qui l’a beaucoup émue » et leur raconte ce « songe ». La sœur sacristine suggère d’aller voir si, par hasard, l’argent ne serait pas dans le coffret. La prieure refuse, en disant que c’est un péché de croire aux rêves, mais sans doute aussi par crainte de constater que tout cela n’a aucune réalité. Finalement, elle consent à aller voir, accompagnée de plusieurs religieuses. Dans le coffret, elle trouve, non pas un billet de cinq cents lires, grosse coupure difficile à utiliser et dont il faudrait justifier la possession, mais dix billets de cinquante lires.

Jusqu’à la fin mai, la sœur économe va découvrir dans le coffret des sommes, jamais du même montant et dont elle ignore la provenance, mais qui permettent de faire face aux difficultés de la maison. Toutes pensent à de nouvelles interventions miraculeuses de Thérèse. Elles en sont si persuadées qu’elles conservent une partie de ces coupures telles des reliques et se refusent à les dépenser. Ces coupures de la banque de Naples sont authentiques, il ne s’agit pas de fausse monnaie.

Fin mai, Thérèse apparaît une seconde fois à mère Maria Carmela et lui confirme avoir apporté cet argent, ajoutant qu’elle va rajouter cinquante lires supplémentaires dans la réserve. À l’ouverture du coffret, les religieuses trouvent en effet trois billets de cinquante lires au lieu de deux. En juin, un autre billet de cinquante lires « tombe du Ciel ».

Le 16 juillet, fête de Notre Dame du Mont-Carmel, donc de l’ordre carmélitain mais aussi de la prieure, Thérèse apparaît encore à mère Maria Carmela et dépose un billet de cinq lires devant la statue du Sacré-Cœur, allusion au nom de religion de la prieure, et annonce qu’elle lui en donnera bientôt cent de plus. Vers la même date, Monseigneur Müller, évêque de Nardo, au courant des événements, confie à mère Maria Carmela qu’il manque cent lires dans les caisses de l’évêché et que, si elles doivent reparaître, il préférerait que ce soit dans celles du carmel…

Le 6 août 1910, Thérèse apparaît et annonce avoir mis les cent lires dans la cassette de la maison ; elle précise : « La puissance de Dieu retire ou donne avec la même facilité aussi bien dans les choses temporelles que dans les spirituelles. » Mère Maria Carmela renvoie l’argent à l’évêque, qui le lui retourne aussitôt. Thérèse reviendra encore le 5 septembre, veille de sa première exhumation. Elle annonce qu’elle fera désormais des prodiges et, comme les fois précédentes, discute avec la prieure de sa petite voie et de questions de spiritualité.

Quant au carmel de Gallipoli, où les progrès spirituels seront impressionnants, il n’aura plus besoin d’argent, car le bruit de sa pauvreté s’est répandu avec celui du miracle et les donateurs pourvoiront désormais bien humainement à ses nécessités. Cela ne signifie pas que Thérèse a cessé de fournir des aides matérielles à des communautés ou des personnes dans la gêne : les archives du carmel de Lisieux en attestent.

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.

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