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En Pologne, Donald Tusk déclare la guerre aux médias catholiques : une offensive inquiétante pour la liberté religieuse

Donald Tusk - DR
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À l'approche des élections en Pologne, le Premier ministre Donald Tusk intensifie ses critiques contre les médias catholiques

Depuis son retour au pouvoir en décembre 2023, Donald Tusk, Premier ministre polonais et figure de l’européisme, mène une campagne agressive contre toute opposition, qu’elle soit politique ou religieuse. En ciblant les médias catholiques, il attaque un pilier fondamental de la société polonaise. Ces institutions, parmi lesquelles Radio Maryja, la chaîne Trwam et le quotidien Nasz Dziennik, sont accusées de soutenir des valeurs traditionnelles qui contrecarrent ses ambitions de centralisation du pouvoir.

Le père Tadeusz Rydzyk, fondateur de ces médias, est devenu la cible principale de cette offensive. Le 5 décembre, lors d’une conférence de presse avec Roberta Metsola, présidente du Parlement européen, Tusk l’a publiquement dénigré, le qualifiant de « simple homme d’affaires ». Une déclaration méprisante qui reflète une stratégie de diabolisation des figures catholiques influentes.

Le harcèlement ne s’arrête pas aux déclarations publiques. La Fondation Lux Veritatis, gestionnaire de Trwam, a récemment été perquisitionnée par le Bureau central anticorruption (CBA), officiellement dans le cadre d’une enquête sur le financement du Musée de la Mémoire et de l’Identité, un projet dédié à Jean-Paul II. Ce musée, qui met en lumière les combats historiques du pape contre les totalitarismes, incarne une vision chrétienne de l’histoire polonaise.

Pourtant, aucune accusation concrète ne vise la Fondation. Ces perquisitions, selon Mgr Wiesław Mering, évêque émérite de Włocławek, sont une tentative flagrante d’intimidation : « Tusk mobilise tout l’appareil d’État contre le père Rydzyk, non pour des raisons légitimes, mais parce qu’il défend la foi et l’indépendance de l’Église. »

Fait troublant, le gouvernement n’a pas entrepris d’enquête similaire contre d’autres projets culturels bénéficiant de financements publics, comme le Musée POLIN de l’histoire des Juifs polonais. Cette disparité de traitement soulève des questions sur l’objectivité des actions gouvernementales.

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Le père Rydzyk est également la cible de campagnes médiatiques répétées. Un reportage intitulé « 32 ans d’impunité : le phénomène du père Tadeusz », initialement diffusé en 2021, a été « recyclé » en 2024 avec des accusations similaires. Cette démarche délibérée vise à ternir l’image du prêtre, selon son avocat, qui a déposé une plainte pour diffamation auprès du tribunal de Varsovie.

De son côté, la télévision publique, désormais sous contrôle total de l’État, a diffusé un programme intitulé « Le chef-d’œuvre de Rydzyk », rempli d’inexactitudes et de demi-vérités sur la création du Musée de la Mémoire et de l’Identité. Ces attaques répétées ne sont pas de simples coïncidences, mais une tentative systématique de discréditer les œuvres catholiques.

Ces attaques ne concernent pas uniquement le père Rydzyk, mais visent plus largement l’Église, institution clé de la société polonaise. Depuis des décennies, l’Église a joué un rôle central dans la défense des libertés face aux totalitarismes. Aujourd’hui, cette fonction semble incompatible avec les ambitions autoritaires de Tusk.

Le professeur Janusz Kawecki, président du groupe de soutien à Radio Maryja, résume bien la situation : « Mettre le pouvoir entre les mains de Tusk revient à détruire ce qui unit les Polonais. Sa responsabilité devrait être de construire, pas de diviser, surtout lorsqu’il s’agit des valeurs chères aux catholiques. »

Malgré la gravité de la situation, les institutions européennes restent silencieuses face à ces atteintes à la liberté de la presse et à la pluralité des médias en Pologne. Cette passivité est d’autant plus surprenante que l’Union européenne se présente comme un défenseur des droits fondamentaux.

Les élections présidentielles de 2025, cruciales pour l’avenir du pays, se préparent dans un climat de tension extrême. La question reste entière : la Pologne peut-elle encore préserver sa liberté d’expression et son identité chrétienne face à un gouvernement qui semble prêt à tout pour imposer son pouvoir ?

Avec la NBussola

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