Le Vatican a frappé un coup rare et sévère dans l’histoire récente de l’Église catholique en prononçant l’excommunication contre Monseigneur Carlo Maria Vigano, ancien nonce apostolique connu pour ses positions ultraconservatrices et son opposition véhémente au pape François. Cette décision, annoncée vendredi 5 juillet par le Dicastère pour la doctrine de la foi, marque un tournant dramatique pour l’archevêque italien âgé de 83 ans.
Selon le communiqué du Saint-Siège, Monseigneur Vigano a été condamné pour « schisme », pour avoir persisté dans son « refus de reconnaître et de se soumettre au souverain pontife ». Une peine qui, bien que ne constituant pas une exclusion totale de l’Église, entraîne une privation des sacrements, représentant ainsi la sanction la plus grave dans le cadre canonique.
« Je répudie, rejette et condamne les scandales, les erreurs et les hérésies de Jorge Mario Bergoglio, qui a une gestion du pouvoir absolument tyrannique », avait déclaré Monseigneur Vigano, déclenchant ainsi les événements conduisant à son excommunication.
Précédents historiques…
L’excommunication d’un évêque reste un événement rare et marquant. Avant Monseigneur Vigano, le dernier cas notoire remonte à 2006, lorsque le Saint-Siège avait excommunié Monseigneur Emmanuel Milingo, l’ancien archevêque de Lusaka, pour avoir ordonné illicitement quatre prêtres mariés à Washington D.C., aux États-Unis.
Toutefois, dans l’histoire contemporaine de l’Église, un autre évêque a marqué les esprits par son excommunication. En 1988, Mgr Marcel Lefebvre, fondateur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX), avait ordonné quatre évêques sans l’accord de Rome, entraînant sa propre excommunication ainsi que celle des évêques ordonnés.
Bien que la condamnation ait été levée pour les prêtres en 2009 par Benoît XVI, cet épisode demeure un moment important dans les relations tumultueuses entre le Vatican et les mouvements traditionalistes.
L’excommunication, bien que sévère, n’est pas définitive et invite à une possible réconciliation avec l’Église. Cependant, Monseigneur Vigano semble avoir choisi une voie de défiance envers Rome, en multipliant les actes considérés comme schismatiques, y compris des ordinations clandestines et des projets de séminaire.
L’excommunication de Mgr Vigano soulève donc des questions sur la discipline ecclésiastique et les limites de la dissidence au sein de l’Église catholique. Son cas rappelle que même au plus haut niveau, la fidélité doctrinale reste une ligne rouge difficile à franchir sans conséquences graves.
L’Excommunication à travers l’Histoire
L’excommunication, une pratique séculaire dans l’Église catholique, reste une sanction réservée aux cas graves où un fidèle ou un responsable ecclésiastique agit contre les enseignements ou l’ordre de l’Église. Le terme lui-même, du latin ex-communicare signifie littéralement “mettre hors de la communauté”.
Historiquement, l’excommunication tire ses origines des pratiques juives mentionnées dans le Nouveau Testament, mais s’étend dans le christianisme à une exclusion formelle de la communion ecclésiale, sans jugement sur le salut de l’individu. Cette mesure vise à protéger l’intégrité doctrinale de l’Église et encourage la repentance de l’excommunié.
Types d’Excommunication
Il existe deux types principaux d’excommunication dans le droit canonique catholique :
- Ferendæ Sententiæ : Prononcée par une autorité ecclésiastique.
- Latæ Sententiæ : Automatiquement encourue en raison du délit commis.
Les effets de cette sanction sont sévères : l’excommunié se voit privé de l’accès aux sacrements et à certaines fonctions ecclésiastiques jusqu’à la levée de la sanction.
Au Moyen Âge, l’excommunication a été une arme politique et religieuse puissante :
- Henri IV et Henri V, empereurs du Saint-Empire romain germanique, furent excommuniés lors de la Querelle des Investitures au XIe siècle.
- Frédéric II, empereur au XIIIe siècle, connut cette sanction à deux reprises.
- Philippe Ier de France fut excommunié pour son second mariage.
Ces exemples illustrent comment l’excommunication a été utilisée pour influencer les affaires politiques et sociales de l’époque médiévale occidentale.