Avec le site polonais EKAI – Marcin Przeciszewski à Varsovie

“L’un des plus importants défis est l’intensification de l’évangélisation face à la sécularisation croissante, qui touche principalement la jeune génération et les grandes villes. Malgré de nombreux efforts apostoliques et de nombreuses institutions dynamiques, l’Église en Pologne est confrontée à des problèmes d’une ampleur jusque-là inconnue.

“Le signe des temps est le déclin du “catholicisme culturel” au profit d’une foi résultant d’un choix personnel et de quêtes individuelles. À ce stade, une vision à long terme et une bonne stratégie pastorale sont nécessaires.“

L’Église en Pologne semblait récemment être l’une des Églises locales les plus dynamiques et les plus respectées en Europe, enracinée dans l’une des sociétés les plus religieuses du continent.

Cela était largement dû à l’histoire différente de l’Église ici par rapport à ce qui s’est passé en Europe occidentale au cours des deux derniers siècles. Sur les terres polonaises, pendant les périodes d’oppression, à la fois sous la domination étrangère et communiste, l’Église était le seul espace de liberté, ce qui a conduit à un lien fort entre le catholicisme et la culture.

Ce processus était différent de ce que l’Europe occidentale a connu depuis la révolution française, où les mouvements de liberté ou républicains se développaient généralement en opposition à l’Église, impliquée dans une alliance de l’autel et du trône. En conséquence, en Pologne, la foi s’est intégrée à la culture comme un élément presque indissociable.

L’avantage de ce modèle est l’attachement généralisé à la coutume religieuse et la facilité de transmission de génération en génération. L’inconvénient est la domination des coutumes et des pratiques sur une expérience religieuse plus profonde.

Grâce à cet héritage, il semblait que le catholicisme polonais ne suivrait pas le même chemin que celui de l’Occident. Il y avait de réels espoirs que la sécularisation, associée à l’ère de la modernité, soit quelque chose de typique de l’Europe occidentale, et que le processus de développement civilisationnel rapide coïnciderait avec le maintien d’une religiosité forte. Cela a été confirmé par la période de près de trente ans après la libération de l’idéologie communiste , pendant laquelle la société polonaise était caractérisée par une grande résistance aux tendances sécularisatrices.

Pendant cette période, l’Église en Pologne a réussi à obtenir une place digne dans un État démocratique et pluraliste, en tant qu’autorité morale importante, et à construire des structures fonctionnelles, des ressources humaines et des institutions.

La force de l’Eglise polonaise réside dans ses importants efforts apostoliques:

“Nous n’avons jamais eu autant de prêtres dans l’histoire – leur nombre atteint 32 500 (y compris les religieux). C’est en grande partie l’héritage du pontificat de Jean-Paul II. Près de 16 000 religieuses issues d’ordres actifs participent également à l’œuvre apostolique, tandis que 1 200 à 2 000 moniales les soutiennent par la prière.”

En ce qui concerne les laïcs, environ un fidèle sur dix, soit 2,7 millions de personnes, est actif dans diverses actions ecclésiales. Ils sont actifs dans plus de 150 mouvements et associations ainsi que dans 65 000 groupes moins formalisés dans les paroisses.

L’Église contribue de manière significative à la construction de la culture et à l’éducation de la société. Elle est également la deuxième institution, après l’État, à fournir une aide aux nécessiteux. Caritas a crée un réseau de milliers d’institutions, tandis que les ordres dirigent 8 000 autres œuvres caritatives.

Cependant, depuis quelques années, la Pologne est confrontée à une nouvelle situation. L’autorité de l’Église – en raison des scandales sexuels retentissants, de nombreuses autres erreurs.

Le paysage ecclésiastique en Pologne en 2024 est marqué par une série de défis et d’opportunités. En premier lieu, l’Église catholique en Pologne est confrontée à la nécessité de renouveler ses structures et ses approches pastorales pour répondre aux besoins d’une société en constante évolution. Cela implique d’adopter des stratégies plus inclusives et dynamiques pour atteindre les fidèles, en particulier les jeunes générations qui peuvent être moins enclines à participer à la vie de l’Église.

De plus, l’Église polonaise doit naviguer dans un environnement politique et social complexe, marqué par des tensions et des divisions. Face à cela, les leaders ecclésiastiques doivent jouer un rôle de médiateur et de dialogue, capable de trouver un équilibre entre une voix ferme de l’Église et une volonté de coopération constructive avec les autorités.

Les personnes appropriées aux postes de direction au sein de l’épiscopat devraient également faire preuve de compétences pour construire des ponts et engager le dialogue, à la fois au sein de l’Église et à l’extérieur, dans les contacts avec d’autres communautés religieuses ainsi que dans les relations avec le gouvernement et la société.

Cependant, ce n’est pas seulement aux évêques eux-mêmes, mais à toute la communauté des fidèles de s’engager dans les processus de réflexion et de renouvellement de l’Église. Le synode, en tant que forme de prise de décision participative et communautaire, peut contribuer à mieux prendre en compte les voix et les expériences diverses des fidèles dans le processus de prise de décision de l’Église.

L’Église de Pologne est donc confrontée à de nombreux défis qui exigent à la fois le renouvellement des structures et des stratégies pastorales, ainsi que l’ouverture au dialogue avec l’environnement social et les nouvelles réalités politiques.

Cela nécessite l’engagement de toute la communauté ecclésiale et la conscience que seule une adaptation dynamique aux conditions sociopolitiques changeantes permettra à l’Église de poursuivre efficacement sa mission évangélisatrice et sociale.”

Source ekai.pl – traduis et adapté en Français.