Le 10 décembre 2024, Mgr Olivier de Germay, archevêque de Lyon, a rendu public un rapport d’enquête concernant la Fraternité de Marie Reine Immaculée (FMRI), une communauté catholique fondée par Clémence Ledoux. Ce rapport, mené par le Père Paul-Dominique Marcovits, dénonce plusieurs dérives au sein de la communauté, notamment l’inauthenticité des révélations mystiques de la fondatrice et divers abus spirituels et sexuels commis au sein de la Fraternité, en particulier entre les années 1980 et 2010.
L’enquête avait été lancée après que Mgr de Germay ait reçu, à partir de l’été 2021, plusieurs témoignages d’anciens membres de la Fraternité évoquant des abus de pouvoir, des abus spirituels et des violences sexuelles. En 2022, après avoir visité la communauté à Bois-le-Roi et pris connaissance des divers avis, l’archevêque de Lyon a décidé de charger le Père Marcovits de mener une enquête approfondie pour vérifier l’authenticité de la spiritualité de Clémence Ledoux et faire la lumière sur les dérives qui ont affecté la Fraternité au fil des années.
L’une des conclusions majeures de ce rapport est que les révélations mystiques de Clémence Ledoux, qui avaient profondément influencé la spiritualité de la communauté, ne sont pas authentiques.
Une analyse détaillée des écrits de la fondatrice a permis de démontrer que ses prétendues révélations mystiques, qui avaient donné naissance à des pratiques spirituelles controversées, ne reposaient sur aucune base véritable. De plus, l’enquête a révélé que le mysticisme de Ledoux avait déjà été dénoncé dès 1935 par l’archevêque de Lille, le cardinal Liénart, qui avait fait part de ses doutes à Rome.
Le rapport met également en lumière des dérives doctrinales graves, en particulier en ce qui concerne la « communion de cœur », une doctrine inspirée de l’ »amour d’amitié » théorisé par le père Marie-Dominique Philippe, et qui a marqué la Fraternité pendant plusieurs décennies. Ce concept a imprégné toute la communauté, conduisant à des pratiques abusives et à un contrôle excessif sur les membres, notamment au sein des années 1980 à 2010.
Lire aussi
Une centaine de témoignages ont été recueillis durant l’enquête, confirmant les abus et les dérives internes à la Fraternité. Mgr de Germay a souligné que cette enquête visait avant tout à écouter les anciens membres, dont certains portent encore les blessures de ces expériences traumatisantes. C’est à leur demande que l’enquête a été menée.
Le rapport a été envoyé aux anciens membres concernés, et le 10 décembre 2024, Mgr de Germay, accompagné de l’enquêteur, a présenté les conclusions aux membres actuels de la Fraternité à Bois-le-Roi. En réponse aux résultats de l’enquête, Mgr de Germay a nommé Mgr Jean Legrez, archevêque émérite d’Albi, comme assistant pour accompagner la Fraternité dans un processus de réévaluation et, si nécessaire, de dissolution. Mgr Legrez sera chargé de vérifier la réintégration de la communauté dans les principes de la foi catholique et d’assurer la réinsertion des membres actuels en cas de dissolution.
Malgré ces révélations et les difficultés rencontrées, Mgr de Germay a souligné que la Fraternité de Marie Reine Immaculée a également accompli de nombreuses œuvres de bien et que plusieurs grâces ont été reçues au sein de cette communauté. Cependant, l’évaluation des abus et des dérives spirituelles a permis de poser un regard critique nécessaire pour l’avenir de la Fraternité.
Intégralité du Rapport de Monseigneur de Germay