Le Tribunal du Vatican a rendu son verdict le mercredi 10 décembre 2024, mettant fin à un procès de longue haleine sur la gestion financière du Chœur de la Chapelle Musicale Pontificale. Après un an et demi de procédure, la justice vaticane a condamné trois personnes pour des faits de détournement de fonds, de blanchiment d’argent et de fraude. Le procès, qui a débuté en 2023 suite à une enquête lancée en 2018 par le pape François, a révélé des irrégularités graves dans la gestion de cette institution historique.
Les condamnations : un verdict sans appel
L’ancien directeur du Chœur, Mgr Massimo Palombella, a été condamné à trois ans et deux mois de prison, accompagné d’une amende de 9 000 euros et d’une interdiction d’exercer toute fonction publique pour la durée de sa peine. Michelangelo Nardella, l’ex-directeur financier de la Chapelle, a écopé de quatre ans et huit mois de réclusion, avec une amende de 7 000 euros et une interdiction permanente de servir dans la fonction publique. Enfin, Simona Rossi, l’épouse de Nardella, a été condamnée à deux ans de prison, avec une amende de 5 000 euros et une interdiction de toute fonction publique à vie.
Les accusations de « peculato » (détournement de fonds), de blanchiment et de fraude se sont concentrées sur les pratiques des responsables du Chœur, qui, en plus de leur rôle religieux au sein de l’Église, avaient développé l’institution en un ensemble autonome se produisant dans des concerts à travers le monde. Les prévenus ont aussi été reconnus coupables d’abus de pouvoir continués, notamment dans l’organisation de concerts pour des entreprises italiennes influentes.
Le processus judiciaire : une enquête longue et minutieuse
L’enquête, qui a duré plus de cinq ans, a été lancée après que plusieurs plaintes aient émergé de parents des jeunes chanteurs de la Chapelle, dénonçant des abus et des irrégularités financières. Le pape François a alors autorisé une enquête approfondie pour éclaircir la gestion des fonds, qui a révélé des malversations. Le mois de janvier 2019, il a d’ailleurs transféré la gestion de la Chapelle Musicale du Pontificat à l’Ufficio delle Celebrazioni Liturgiche, sous la direction de Mgr Guido Pozzo, et a réorganisé l’administration financière de l’institution.
Le procès a mis en lumière des pratiques douteuses, incluant des transactions financières irrégulières et des abus dans les finances des concerts. La confiscation de fonds à hauteur de plusieurs centaines de milliers d’euros a été ordonnée, et les prévenus devront également rembourser les frais judiciaires. Toutefois, certains chefs d’accusation ont été abandonnés faute de preuves suffisantes, ce qui a conduit à des acquittements partiels pour certains des prévenus.
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Une défense qui se prépare à faire appel
La défense, représentée par l’avocate Laura Sgrò, a réagi à la condamnation, estimant que la cour n’a pas entièrement soutenu la version accusatoire. Selon l’avocate, plusieurs chefs d’accusation ont été annulés en raison de preuves insuffisantes ou de vices de procédure. Elle a d’ores et déjà annoncé son intention de faire appel de la décision, et de contester certains des éléments sur lesquels la condamnation s’est fondée.
Conséquences pour l’avenir du Chœur et de ses responsables
Pour l’instant, les condamnations pèsent lourdement sur les anciens responsables du Chœur de la Chapelle Sixtine, mais la question de l’avenir de l’institution demeure ouverte. Les autorités vaticanes ont promis une révision en profondeur de la gestion des institutions culturelles et musicales du Saint-Siège afin de garantir plus de transparence et de rigueur dans la gestion des fonds publics et privés.
Ce procès, tout en soulignant les problèmes internes à l’Église, envoie également un message fort sur la volonté de la justice vaticane de faire respecter l’intégrité et la responsabilité, même lorsqu’il s’agit d’institutions aussi prestigieuses que la Chapelle Sixtine.
Les conséquences de cette affaire marquent un tournant dans la manière dont les finances des institutions du Vatican seront désormais gérées et surveillées. La transparence et l’intégrité, valeurs chères à l’Église, doivent, plus que jamais, guider ses actions.