Autrefois appelée « l’Extrême-Onction », et encore parfois désignée ainsi par certains fidèles, l’Onction des Malades a vu son nom et sa portée évoluer au fil des siècles. L’appellation « Extrême-Onction » mettait l’accent sur son administration aux mourants, souvent en préparation immédiate à la mort. Ce terme, issu du latin extrema unctio (« dernière onction »), reflétait une compréhension restreinte de ce sacrement, le cantonnant à l’accompagnement spirituel des personnes à l’article de la mort.
Cependant, le Concile Vatican II a redonné à ce sacrement son « rôle originel » de réconfort et de guérison pour tous les malades, et pas uniquement pour ceux en fin de vie. Ce changement de nom, désormais officiellement « l’Onction des Malades », vise à souligner qu’il peut être reçu par toute personne confrontée à une maladie grave, à une intervention chirurgicale majeure ou affaiblie par l’âge.
Dans Sacrosanctum Concilium (n°73), les Pères du Concile ont précisé que « l’Onction des Malades n’est pas uniquement destinée à ceux qui se trouvent à l’article de la mort », mais qu’elle est un sacrement de soutien pour les vivants, dans leur lutte contre la souffrance et la maladie.
Ce changement reflète la volonté de l’Église de mieux accompagner les malades dans toutes les étapes de leur combat, en leur offrant force, réconfort spirituel et, si Dieu le permet, guérison corporelle.
Le sacrement trouve ses origines dans la Bible, où l’huile est souvent utilisée comme symbole de bénédiction et de guérison. Le psaume 23 affirme : « Tu oins d’huile ma tête, et ma coupe déborde. » Dans le Nouveau Testament, Jésus manifeste une sollicitude particulière envers les malades, guérissant les lépreux, les paralysés et les aveugles.
En Marc 6:13, les apôtres, envoyés en mission, « oignaient d’huile beaucoup de malades et les guérissaient ». Ce geste est directement confirmé par l’Épître de Jacques : « Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les presbytres de l’Église, et que ceux-ci prient sur lui après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur. Cette prière faite avec foi sauvera le malade, le Seigneur le relèvera, et s’il a commis des péchés, il lui sera pardonné » (Jacques 5:14-15).
Lire aussi
L’Onction des Malades est donc un sacrement institué par le Christ, comme le rappelle le Catéchisme de l’Église catholique (CEC, n°1499). À travers ce sacrement, l’Église offre trois grâces principales :
le réconfort spirituel par l’Esprit Saint, le pardon des péchés pour ceux qui ne peuvent se confesser, et parfois une guérison corporelle. Saint Ambroise expliquait que « l’huile sacrée est le symbole de la miséricorde divine qui guérit et fortifie l’âme », et Saint Augustin ajoutait que « dans l’Onction des Malades, l’Église manifeste son amour maternel pour ses enfants souffrants ».
Le rituel consiste en une onction d’huile bénite sur le front et les mains du malade, accompagnée de la prière :
« Par cette onction sainte, que le Seigneur, dans sa grande bonté, vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint. Ainsi, ayant reçu le pardon de vos péchés, qu’il vous sauve et vous relève. »
Ce geste symbolique et sacramentel exprime l’union du malade avec le Christ souffrant et ressuscité.
Saint Jean-Paul II, dans sa lettre apostolique Salvifici Doloris, écrivait :
« Par ce sacrement, le Christ touche la souffrance humaine, la transforme et lui donne un sens. »
Aujourd’hui, l’Église encourage la célébration communautaire de l’Onction des Malades, notamment lors de la Journée mondiale des malades. Ce sacrement est une invitation à voir au-delà de la souffrance physique, en y trouvant un chemin d’espérance et de rédemption. Il témoigne de l’amour inconditionnel de Dieu pour ses enfants, particulièrement dans leurs moments les plus difficiles.
Dans son Message lors de la XXe Journée mondiale du Malade le 20 novembre 2011 , Benoit XVI déclarait :
« L’Onction des malades mérite aujourd’hui une plus grande considération, aussi bien dans la réflexion théologique que dans l’action pastorale auprès des malades. »
Cet héritage spirituel invite chaque chrétien à vivre et transmettre l’espérance chrétienne, qui ne s’arrête pas à la souffrance ou à la maladie, mais ouvre un chemin vers la vie éternelle. En cela, l’Onction des Malades est un pont entre la fragilité humaine et la puissance divine, un témoignage intemporel de l’amour de Dieu pour son peuple.