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Canada : une course au suicide plus meurtrière qu’une guerre

Justin Trudeau - premier ministre canadien DR
Justin Trudeau - premier ministre canadien DR
Avec un décès sur 20 attribué à l’assistance médicale à mourir, le Canada atteint un seuil alarmant. En seulement huit ans, cette pratique s’est imposée comme une cause majeure de mortalité

Selon les données de 2023 publiées par le ministère de la Santé du Canada, 15 300 personnes sont décédées par assistance médicale à mourir (Medical Assistance in Dying, MAID) en une seule année. Ce chiffre représente 4,7 % des décès totaux, soit une augmentation de 16 % par rapport à l’année précédente. Depuis la légalisation de cette pratique en 2016, le nombre de cas n’a cessé de croître, atteignant aujourd’hui un niveau inquiétant.

Pour mettre ce chiffre en perspective, si la France – avec ses quelque 700 000 décès annuels – appliquait un taux similaire, cela signifierait 35 000 suicides assistés par an. Ces statistiques interpellent profondément, remettant en question l’idée que l’euthanasie et le suicide assisté ne concerneraient que des situations extrêmes et exceptionnelles.


Au Canada, l’assistance médicale à mourir est principalement utilisée par des patients atteints de cancer. L’âge moyen des personnes concernées est de 77 ans, et 96 % des patients sont en phase terminale avec une espérance de vie de quelques mois. La loi canadienne impose ce critère pour limiter l’accès à cette pratique à ceux qui souhaitent abréger leurs souffrances en fin de vie.

Cependant, la France, où le débat sur la légalisation de l’euthanasie reste ouvert, pourrait se retrouver face à des législations plus larges. Contrairement à la loi canadienne, les propositions françaises en discussion ne prévoient pas systématiquement la nécessité d’une maladie terminale. Ce glissement pourrait élargir considérablement les critères d’accès, avec des conséquences sociales et éthiques majeures.

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Le Canada envisage d’étendre l’accès à la MAID aux personnes souffrant de troubles psychiques, une évolution qui suscite déjà de vifs débats. Cette potentielle extension accentue les préoccupations éthiques sur le glissement progressif d’une mesure présentée comme exceptionnelle vers une pratique de plus en plus fréquente.

En France, le débat actuel soulève des questions similaires. Si une légalisation devait être adoptée, il est crucial d’en définir strictement les contours. Le Canada montre que sans garde-fous rigoureux, ces lois peuvent évoluer vers des pratiques bien au-delà des intentions initiales.


La situation canadienne révèle une crise silencieuse, où l’assistance médicale à mourir est devenue une cause de décès presque banalisée. Derrière les chiffres se cache une réalité tragique : des vies interrompues, parfois dans des contextes de souffrance extrême, mais aussi un questionnement profond sur la manière dont nos sociétés protègent – ou non – les plus vulnérables.

Ce drame humain invite à une réflexion collective, non seulement au Canada, mais également en France et ailleurs, sur la manière d’accompagner dignement la fin de vie sans céder à une culture de l’abandon. La question reste ouverte : voulons-nous réellement que le choix de mourir devienne une réponse de plus en plus courante à la souffrance humaine ?

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