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HISTORIQUE :Le roi Charles III priera avec le pape Léon XIV : une première depuis cinq siècles sur fond de schisme anglican et de renoncement spirituel du Royaume-Uni

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Les 22 et 23 octobre 2025, le roi Charles III se rendra à Rome pour une visite d’État sans précédent. Sous les fresques de Michel-Ange, dans la chapelle Sixtine, il priera aux côtés du pape Léon XIV, marquant la première prière commune entre un monarque britannique et un pape depuis la Réforme

C’est un moment d’histoire, mais aussi un symbole chargé d’ambiguïtés : pour la première fois depuis la Réforme, un monarque britannique priera publiquement avec un pape. Le roi Charles III et le pape Léon XIV se retrouveront le 23 octobre 2025 dans la chapelle Sixtine du Vatican, sous les fresques de Michel-Ange, pour un office œcuménique consacré à la protection de la création. Mais cette rencontre, que beaucoup présentent comme un geste de réconciliation entre Rome et Londres, survient alors que le monde anglican vient de se déchirer et que le Royaume-Uni s’éloigne de son héritage chrétien. Jamais la monarchie britannique n’avait semblé à ce point flotter entre fidélité à son passé et capitulation devant les courants idéologiques de son temps.

La visite d’État du roi Charles et de la reine Camilla, les 22 et 23 octobre, s’annonce comme un événement diplomatique et religieux majeur. Le 23, dans la chapelle Sixtine, le souverain, gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre, priera aux côtés du pape Léon XIV. L’office réunira les chœurs du Vatican, de la chapelle royale de Windsor et de Saint-George’s Chapel, dans un climat de solennité rare. Selon un communiqué du Saint-Siège, cette cérémonie vise à « témoigner du désir de paix et d’unité entre chrétiens séparés ». Le roi déposera ensuite une offrande symbolique « pour la sauvegarde de la création ».

Mais tandis que Charles III s’avance vers Rome, l’Église dont il est le chef terrestre est en train de se briser. Le 16 octobre 2025, à Kigali, plusieurs primats représentant des provinces entières du monde anglican, notamment du Rwanda, du Nigeria, du Kenya et d’Ouganda, ont rompu officiellement avec Cantorbéry, dénonçant la nomination de Sarah Mullally comme archevêque de Cantorbéry. Première femme à occuper cette charge, favorable aux bénédictions des unions homosexuelles, Sarah Mullally incarne pour les évêques conservateurs la dérive doctrinale de l’Église d’Angleterre. Sous la houlette du très révérend Laurent Mbanda, archevêque du Rwanda, ils ont proclamé la naissance d’une Communion anglicane mondiale, fidèle à la Déclaration de Jérusalem (2008) et à l’autorité unique de la Parole de Dieu.Dans leur déclaration solennelle, les primats affirment : « Nous ne sommes pas partis de la Communion anglicane ; nous sommes la Communion anglicane. Nous rejetons les instruments de communion qui ont trahi la foi chrétienne. » Ce schisme, désormais officiel, consacre l’éclatement d’un anglicanisme déjà miné depuis des décennies par les débats sur la morale sexuelle, l’ordination des femmes et la place de la Bible dans la doctrine. Il marque la fin d’une Communion historique née de la rupture d’Henri VIII avec Rome, et l’émergence d’un anglicanisme biblique, missionnaire et délié des influences occidentales.

Cette crise interne, d’une gravité inédite, place le roi Charles dans une position délicate. Chef d’une Église désormais divisée, il se rend au Vatican comme représentant d’une institution que beaucoup jugent en crise morale et doctrinale. Pour de nombreux observateurs, cette prière commune entre le pape Léon XIV et le roi Charles III prend donc une portée prophétique : au moment où l’anglicanisme institutionnel s’effondre, le geste du monarque pourrait symboliser un retour du cœur vers la catholicité d’origine.

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Le pape Léon XIV, dont les premiers mois de pontificat ont été marqués par un appel insistant à « retrouver l’unité dans la vérité », aurait vu dans cette rencontre « un signe de l’Esprit Saint dans l’histoire ». Selon une source proche du Vatican citée par Vatican News, le Saint-Père aurait confié : « L’unité chrétienne ne se bâtira pas sur la compromission doctrinale, mais sur la conversion à la Parole de Dieu. »

Mais cette main tendue de Rome à l’Angleterre intervient dans un Royaume-Uni qui ne cache plus son renoncement à la foi chrétienne. Le roi Charles III, soucieux d’incarner un souverain pour tous, multiplie les gestes d’ouverture envers toutes les minorités. Ce choix, présenté comme une modernisation de la monarchie, traduit aussi une inquiétude de plaire à l’air du temps, quitte à affaiblir l’identité spirituelle qui fonde la légitimité du trône. Pour la première fois dans l’histoire du couronnement britannique, des représentants d’autres religions, juifs, musulmans, hindous, sikhs, bouddhistes, ont participé à la procession d’entrée et prononcé une salutation commune. Geste d’unité ou signe d’effacement ? La question demeure.

Charles III revendique également une « monarchie verte », centrée sur l’écologie et le dialogue interreligieux, à la manière du pape François. Mais le pape Léon XIV a récemment rappelé que l’homme n’est pas esclave de la nature et que « seul le Christ doit demeurer au centre ». D’autres initiatives du palais ont suscité la perplexité des milieux chrétiens : le repas de rupture du Ramadan organisé à Windsor, les expositions consacrées aux « artistes queer », ou encore la participation appuyée aux célébrations LGBT. Autant de signaux d’un glissement culturel où la Couronne semble renoncer à être le témoin visible d’une foi qui fit la grandeur du royaume.Certes, le roi est le souverain de tous, quelles que soient leurs origines ou leurs convictions. Mais doit-il pour autant effacer l’identité millénaire du royaume ? L’exemple des écoles britanniques, où des parents musulmans s’opposent ouvertement aux programmes LGBT, illustre la collision entre progressisme sexuel et affirmation religieuse. Dans les grandes villes, les prières publiques musulmanes se multiplient, tandis que les symboles chrétiens disparaissent peu à peu des institutions publiques. Entre un progressisme qui érige la fluidité en norme et un islam de plus en plus affirmé, la foi chrétienne recule inexorablement.

Le contraste est saisissant si l’on se souvient des premiers souverains britanniques : Guillaume le Conquérant, Henri II, Édouard le Confesseur, qui considéraient leur mission royale comme un service rendu au Christ.. La monarchie, autrefois cœur spirituel de la nation, semble refléter les fractures d’un pays où la foi s’efface au profit du pluralisme idéologique.

Dans ce contexte, la responsabilité du roi apparaît d’autant plus lourde. À la différence d’Élisabeth II, qui affirmait clairement sa foi et rappelait que le Christ était la source de son service, Charles III semble davantage guidé par le dialogue interreligieux et la recherche du consensus culturel. Cette neutralité, que certains appellent modernité, ressemble de plus en plus à une reddition. La monarchie britannique, jadis garante de la cohésion spirituelle du peuple, risque de devenir un simple symbole culturel vidé de sens.En ce mois d’octobre 2025, le roi s’apprête donc à rencontrer le pape Léon XIV alors que le monde anglican se divise et que le socle chrétien du Royaume-Uni s’effrite. Paradoxalement, c’est peut-être ce contexte de crise qui donnera à la prière du 23 octobre toute sa portée spirituelle : celle d’un appel à la conversion, à la vérité, et à une unité fondée sur le Christ.

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