Il y a des limites à la déraison et au désacralisé. La commune de Vexin-sur-Epte, dans l’Eure, vient de franchir un pas inacceptable : transformer les églises en salles de concert et en terrains de jeu. Il ne s’agit pas ici d’animer des maisons de la culture, mais bien d’ouvrir des lieux sacrés à des activités profanes et bruyantes. « Il faut rock’n’rolliser nos églises », ose dire l’adjoint à la culture, Michel Jouyet. Une déclaration qui résume bien l’effondrement spirituel et intellectuel de notre société.
Les églises sont la maison de Dieu, pas des salles de spectacles où l’on se livre à des expériences sensorielles en quête de divertissement. Un rabbin accepterait-il un concert de rock dans sa synagogue ? Un imam tolérerait-il un tel spectacle dans sa mosquée ? Pourquoi alors les chrétiens devraient-ils supporter que des artistes envahissent leurs lieux de culte pour y organiser des concerts pop-folk ?
Le prétexte ? Le coût de l’entretien de ces lieux saints. Mais peut-on réduire une église à son seul coût ? Est-ce en la profanant qu’on honore son passé et son essence ? Le patrimoine n’est pas seulement fait de pierres, mais d’âmes et de prières. Laisser croire qu’un peu de bruit et d’animation suffira à « faire vivre » une église, c’est avouer le vide spirituel abyssal qui ronge notre temps.
Le Parisien précise que L’évêque d’Évreux, Mgr Olivier de Cagny, tente de rassurer en affirmant que les activités devront être « en accord avec l’esprit du lieu ». Mais qu’est-ce qui reste de l’esprit du lieu quand l’autel devient une scène de spectacle et que l’enceinte sacrée se transforme en piste de jeux ? Il y a des limites à la compromission.
Certains diront qu’il faut vivre avec son temps. Mais à quel prix ? Celui du renoncement à la transcendance et au respect du sacré ? C’est une pente dangereuse où le profane envahit le sacrum. Nous avons besoin de lieux de silence, de prière, de recueillement, pas de concerts tonitruants qui vident les églises de leur véritable essence.
Ce n’est pas parce qu’une célébration annuelle semble peu, que l’édifice perd de sa dignité. On ne restaure pas une église pour maximiser un profit, mais pour honorer Dieu, garder la foi vivante et offrir aux âmes un lieu de prière, même silencieuse. Justifier tout et surtout n’importe quoi au nom de la rentabilité, c’est passer à côté de l’Essentiel.
Tout sauf les tradis !
Il y a pourtant des fraternités qui n’attendent qu’une chose : la reprise en main de paroisses et de leurs églises. Préfère-t-on la profanation à la tradition ? Faut-il vraiment choisir l’éphémère agitation culturelle plutôt que la présence d’une liturgie respectueuse de la tradition ? il y a une hypocrisie généralisée derriere tout cela : on dit non aux tradis et on dit oui aux événements profanes qui dénaturent le caractère sacré des lieux.
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Cette contradiction soulève une question brûlante : les évêques de France ont-ils vraiment mesuré les conséquences de leur politique ? En refusant l’accueil de fraternités attachées à la liturgie traditionnelle, tout en ouvrant les portes des églises à des activités qui tournent le dos à leur vocation spirituelle, ils semblent cautionner une forme d’abandon silencieux.
Où est la cohérence pastorale ? Pourquoi cette sévérité envers ceux qui souhaitent faire vivre la foi dans le respect des traditions, alors que l’on tolère des usages de profanation ? Cette situation interpelle : le souci de communion et de fidélité à l’Église universelle est-il encore une priorité pour les pasteurs de notre temps ?
Le respect du lieu saint n’est pas négociable. Il faut le dire avec force : les églises ne sont pas des maisons de la culture, elles sont la maison de Dieu. Ne ramenons pas ce qui est sacré aux caprices bruyants d’excités qui ne voient dans l’utilitarisme que le sens de l’existence. Ce n’est pas avec des concerts et des spectacles qu’on remplira le vide spirituel, mais avec la foi, la prière et la transmission du sens du sacrifie et du divin.
La vraie question est celle-ci : quand retrouverons-nous le courage de dire non à la profanation et de redonner aux églises leur vraie place, celle de la maison du Christ ?