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Irak : dix ans après Daech, la ville chrétienne de Qaraqosh marquée par la tragédie et l’espoir

Statue de la Vierge Marie dominant le clocher de l’église de l’Immaculée Conception, à Qaraqosh, en Irak - Capture Knights of Columbus
Statue de la Vierge Marie dominant le clocher de l’église de l’Immaculée Conception, à Qaraqosh, en Irak - Capture Knights of Columbus
Le 6 août 2014, les chrétiens de Qaraqosh ont été contraints de fuir leur ville sous la menace de Daech.

Il y a dix ans jour pour jour, la petite ville de Qaraqosh, située dans le nord de l’Irak et peuplée à 99 % de chrétiens (majoritairement syriaques catholiques), tombait aux mains des terroristes de Daech.

Le 6 août 2014, au matin, les 50 000 habitants de Qaraqosh sont réveillés par le son des obus de mortier qui s’abattent sur leurs maisons. Trois personnes perdent la vie dont deux enfants. Survenue deux mois plus tôt, la chute de Mossoul, deuxième plus grande ville d’Irak a déjà commencé à semer la terreur dans la province de Ninive. Daech impose un ultimatum aux chrétiens de la région : se convertir à l’islam, payer un impôt spécial, ou fuir. Malgré la menace, presque tous les chrétiens de Qaraqosh choisissent de fuir, laissant derrière eux leurs maisons, souvenirs et églises.

Le bombardement du 6 août est particulièrement dévastateur. David Shmeis, 5 ans, est tué sur le coup, laissant sa mère, Duha Sabah Abdullah, dévastée. Les habitants, espérant un retour rapide, sont contraints de fuir vers des zones plus sûres. Les routes vers le Kurdistan irakien sont encombrées de déplacés. Abdullah se souvient de l’immense chagrin qu’elle éprouve en quittant sa ville natale.“Mes yeux ne cessaient de verser des larmes sur le chemin”.

Intérieur de la cathédrale syriaque-catholique Al Tahira de Qaraqosh, incendiée par Daech et transformée en école de tir par les djihadistes pendant l’occupation de la ville. Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA 

Après des années d’exil, Abdullah et sa famille ont finalement pu retourner à Qaraqosh, libérée en octobre 2016.

Le 7 mars 2021, lors d’une visite apostolique en Irak, le pape François a prié avec les chrétiens de la ville, affirmant que “le terrorisme et la mort n’avaient jamais le dernier mot”. Abdullah a eu l’occasion de partager son témoignage avec le Pape, évoquant la perte de son fils et l’espoir qui l’a guidée depuis cette tragédie.

“Nos enfants sont au ciel dans le sein du Seigneur Jésus”, a déclaré la mère de famille, soulignant la force que lui donne sa foi. Le Pape avait alors encouragé la communauté chrétienne irakienne à ne pas se décourager et à cultiver le pardon, tout en luttant pour un avenir meilleur. “Vous n’êtes pas seuls ! Toute l’Église est près de vous”, avait assuré le Saint-Père.

Une décennie plus tard, seule la moitié des 50 000 habitants de Qaraqosh, est de retour. Bien que martyre, la ville est devenue un symbole de résilience et d’espoir pour ses habitants, qui continuent de croire en des jours meilleurs.

Avec Aciprensa

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