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[ Iran] Le voile du changement…?

"l'émergence d'une solidarité inédite entre différentes catégories sociales, en commençant parmi les femmes, puis avec le soutien des hommes".


Un an après le décès de Mahsa Amini, une jeune Iranienne de 22 ans, dans une prison suite à son arrestation pour non-port adéquat du voile islamique, l’Iran présente un visage différent. Cet événement, survenu le 16 septembre 2022, a déclenché des manifestations à travers le pays, marquant un niveau de contestation rarement observé depuis plus de quarante ans. Malgré la répression brutale, les rassemblements dispersés par les forces de l’ordre, et la poursuite des arrestations d’opposants, avec des centaines de condamnations à mort, la société iranienne continue d’être en effervescence. À l’approche de cet anniversaire, le pouvoir redoute de nouvelles protestations.

Vatican news cite Azadeh Kian, sociologue à l’université Paris-Cité, « l’Iran des mollahs a subi des changements significatifs au cours de cette année ». Le premier changement notable, selon cette Franco-iranienne, est

« l’émergence d’une solidarité inédite entre différentes catégories sociales, en commençant parmi les femmes, puis avec le soutien des hommes ».

Un autre élément marquant dans ce pays multiethnique et pluriconfessionnel est que les manifestations se sont produites dans diverses régions, du Kurdistan au Baloutchistan, révélant que des segments considérables de la population iranienne, indépendamment de leur religion ou de leur ethnie, se sont unis contre le régime et ont demandé son changement. Azadeh Kian estime également qu’une nouvelle définition inclusive de l’identité iranienne a émergé.

Vatican news nous informe que ces derniers mois, une autre question importante est apparue : celle de l’égalité entre les sexes, ainsi que l’égalité entre les minorités religieuses et la majorité chiite. « Les Iraniens ont compris que sans l’égalité entre les sexes, il est impossible de réclamer ou d’obtenir la démocratie, tout comme l’égalité entre la majorité religieuse au pouvoir et les minorités religieuses », explique la sociologue.

Ces évolutions profondes au sein de la société iranienne ont déclenché une répression massive de la part des autorités, qui craignent un regain de vigueur du mouvement à l’approche du premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini. Selon Azadeh Kian, le pouvoir perçoit clairement la menace. Les conservateurs, en particulier leur aile la plus radicale, sont conscients de leur impopularité, en raison d’une situation économique désastreuse marquée par une augmentation du chômage et une inflation de 200 % sur les produits de base.

Les Iraniens ayant peu d’opportunités pour exprimer leur mécontentement et leurs revendications, la rue demeure un exutoire pour de nombreuses personnes. La jeunesse du pays, connectée au reste du monde, réclame avant tout sa liberté. La somme de ces frustrations est potentiellement explosive, et pour la première fois, les Iraniens considèrent que ce régime est irréformable, selon Azadeh Kian. Il s’agit peut-être de la menace la plus sérieuse pour le pouvoir.

[Source : Vatican News]

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