Le scandale des abus sexuels au sein de l’Église d’Angleterre prend une nouvelle tournure avec les révélations accablantes sur l’inaction de Justin Welby, l’archevêque de Cantorbéry. À la suite de la publication d’un rapport dénonçant la gravité des abus commis par l’avocat John Smyth plusieurs voix s’élèvent pour demander sa démission. L’évêque de Newcastle, Helen-Ann Hartley, est la plus haute figure de l’Église à exprimer publiquement cette demande, qualifiant la position de M. Welby de « intenable ».
Le rapport en question révèle que l’archevêque, bien informé des abus dès 2013, n’a pas réagi avec la rigueur nécessaire. « Je pense qu’à juste titre, les gens se demandent ‘Pouvons-nous vraiment faire confiance à l’Église d’Angleterre pour nous garder en sécurité ?’ Et je pense que la réponse en ce moment est ‘non’ », a déclaré l’évêque Hartley à la BBC. Bien qu’elle reconnaisse que la démission de Welby ne résoudra pas le problème des abus, elle y voit un message clair : « Il doit y avoir une indépendance totale en matière de protection. »
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Le rapport sur le cas de Smyth va au-delà de la simple critique de l’Église. Il montre que les abus se sont poursuivis pendant des décennies, ce qui aurait pu être évité si l’archevêque avait pris des mesures immédiates pour signaler l’affaire aux autorités compétentes. Les abus de Smyth, qui ont touché jusqu’à 130 victimes, se sont déroulés au Royaume-Uni, en Afrique et dans d’autres pays, mettant en lumière l’ampleur des crimes commis sous l’ombre de l’Église.
M. Welby, sous le feu des critiques, a reconnu sa responsabilité dans ce fiasco : « Je reconnais que j’ai personnellement échoué à enquêter de manière énergique », a-t-il admis, avant d’ajouter qu’il avait envisagé de démissionner, mais qu’il avait choisi de rester en poste. La pression ne cesse de croître, et de nombreuses voix, y compris celle du révérend Richard Coles, ont appelé à une action plus décisive :
« Toute personne en autorité qui savait qu’il y avait un abuseur et n’a pas agi correctement pour empêcher la poursuite des abus devrait démissionner. »
Les accusations portées contre John Smyth, qui ont été publiées dans un documentaire de Channel 4 en 2017, ont entraîné une enquête de la police du Hampshire. Cependant, le rapport de cette semaine révèle que l’Église, malgré sa connaissance des faits, n’a pas pris les mesures nécessaires pour stopper les abus. Le silence et l’inaction ont permis à Smyth de continuer ses actes jusqu’à sa mort en 2018, sans jamais avoir été traduit en justice.
Les abus de Smyth sont un témoignage douloureux des défaillances graves au sein de l’Église d’Angleterre. La question qui se pose désormais est de savoir comment l’Église compte restaurer sa crédibilité après un scandale d’une telle ampleur. Dans ce contexte les appels à la démission de Justin Welby s’intensifient, le prélat anglais saura t-il s’y résigner ?