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La civilisation judéo-chrétienne : une réalité historique et spirituelle indéniable

Extrait d'un manuscrit de la Cité de Dieu de saint Augustin, exécuté au XVe siècle - DR
Extrait d'un manuscrit de la Cité de Dieu de saint Augustin, exécuté au XVe siècle - DR
Loin de constituer une exclusion de l’Islam ou de toute autre influence, la reconnaissance de cet héritage est un acte de lucidité historique

La publication du livre de Sophie Bessis, La Civilisation judéo-chrétienne. Anatomie d’une imposture , s’inscrit dans une tendance contemporaine visant à remettre en cause les fondements culturels et spirituels de l’Europe. Ce projet de déconstruction repose sur une vision idéologique et biaisée de l’histoire, qui occulte délibérément la profondeur historique et culturelle de la notion de « civilisation judéo-chrétienne ». Pour rétablir la vérité, il est indispensable de démontrer l’authenticité de ce concept en s’appuyant sur des faits historiques et des références théologiques solides.

Sophie Bessis affirme que le concept de « civilisation judéo-chrétienne » est un construit politique récent, visant à exclure l’Islam et à occidentaliser la religion juive. Elle avance l’idée que ce concept serait apparu au tournant des années 1980 sous l’influence d’un discours géopolitique et identitaire En réalité, le concept de civilisation judéo-chrétienne s’enracine bien plus profondément dans l’histoire, comme en témoigne la continuité biblique entre l’Ancien et le Nouveau Testament.

La vision de Sophie Bessis nie la réalité de l’héritage spirituel commun entre le judaïsme et le christianisme. Dès les premiers siècles, les Pères de l’Église comme Saint Irénée et Origène ont reconnu l’importance des Écritures juives dans la révélation chrétienne. Saint Augustin lui-même, dans La Cité de Dieu, rappelle que l’Ancienne Alliance est fondatrice de la Nouvelle, établissant ainsi un lien indissoluble entre les deux traditions. Cette continuité a marqué la théologie chrétienne et la formation des bases culturelles de l’Europe, loin d’une instrumentalisation politique moderne.Jean-Paul II, dans son discours à la synagogue de Rome le 13 avril 1986, a exprimé de manière éloquente la continuité spirituelle entre judaïsme et christianisme en déclarant : « Vous êtes nos frères bien-aimés et, d’une certaine manière, on pourrait dire nos frères aînés. » Par cette affirmation, le pape reconnaissait explicitement que l’Église puise ses racines dans la foi juive et que cette filiation est fondamentale pour comprendre l’identité chrétienne. Ignorer cet héritage revient à nier un fait théologique et historique incontestable.

Sophie Bessis évoque l’idée d’un antagonisme entre judaïsme et christianisme jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle, alors certes il est indéniable que des tensions et un certain rejet ont existé, mais il serait simpliste et malhonnête de réduire cette relation à un antagonisme constant. Cette période a plus démontré un aveuglement idéologique, contemporain d’une pensée intrinsèquement anti-sémite, entretenue par une vision historiquement erronée et primaire de l’héritage de l’ancien testament.

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L’Église, tout au long de son histoire, a maintenu la reconnaissance de ses racines juives, comme le rappelle Benoît XVI dans Jésus de Nazareth, où il affirme que « la foi chrétienne est radicalement enracinée dans l’histoire biblique d’Israël ».

Il surprenant de prétendre que la notion de civilisation judéo-chrétienne n’aurait émergé qu’à des fins politiques contemporaines. Dès le Moyen Âge, les penseurs scolastiques comme Saint Thomas d’Aquin ont déjà intégré l’héritage juif dans leur réflexion théologique, notamment en reprenant des éléments de la pensée rabbinique dans la scholastique chrétienne. Cette continuité est patente, tant dans la philosophie que dans le droit, où l’influence des Dix Commandements reste fondamentale.En rejetant le concept de civilisation judéo-chrétienne, Sophie Bessis semble vouloir occulter l’héritage moral et éthique fondamental qu’il représente. Rappelons que Christopher Dawson ( 1889 -1970 ) , historien britannique, a clairement démontré que la matrice culturelle européenne est profondément imprégnée par la morale biblique, qui a forgé les valeurs de dignité humaine, de justice et de charité. Ce sont ces principes qui ont façonné les institutions sociales, le droit naturel et les structures politiques de l’Europe.

Loin de constituer une exclusion de l’Islam ou de toute autre influence, la reconnaissance de cet héritage est un acte de lucidité historique.Souvenons-nous que Jean-Paul II, dans son discours de Compostelle en 1982, a vigoureusement défendu l’identité chrétienne de l’Europe, en affirmant que « l’Europe a besoin de retrouver ses racines chrétiennes pour ne pas sombrer dans la perte de son identité ».

La critique de Sophie Bessis s’avère idéologiquement orientée. En cherchant à déconstruire un concept fondateur, elle contribue à un processus de délitement culturel. Or, nier la réalité de la civilisation judéo-chrétienne, c’est ignorer non seulement l’histoire, mais aussi la richesse morale et spirituelle qui a forgé l’Europe. Ce faux procès idéologique participe de facto aux dérives de la pensée contemporaine, il est donc urgent de réaffirmer sans complexe les racines judéo-chrétiennes de notre civilisation.

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