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La famille du petit Émile censurée pour son attachement à la tradition ?

Façade de la Basilique Sainte-Marie-Madeleine, à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var) - DR
Façade de la Basilique Sainte-Marie-Madeleine, à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var) - DR
Un choix qui suscite l’indignation et relance les inquiétudes sur l’avenir des communautés traditionalistes dans le diocèse de Toulon

Depuis le départ de Monseigneur Dominique Rey, le diocèse de Fréjus-Toulon semble au cœur d’une profonde restructuration. Alors que Monseigneur François Touvet assure s’inscrire dans la continuité, certaines décisions récentes interrogent sur l’orientation future du diocèse. Dernier épisode en date, le refus de retransmettre la messe d’obsèques du petit Émile sur la chaîne YouTube du magazine Famille Chrétienne, un choix qui suscite l’incompréhension de sa famille et de nombreux fidèles.

Le diocèse de Toulon est actuellement sous l’administration de Mgr François Touvet, nommé par Rome après la mise en retrait forcée de Mgr Dominique Rey. Depuis son arrivée, l’évêque s’est employé à rassurer les fidèles, affirmant que sa mission consistait à « remettre de l’ordre » sans bouleverser l’orientation pastorale du diocèse. Pourtant, plusieurs décisions récentes laissent penser qu’une transformation en profondeur est en cours, notamment en ce qui concerne les communautés attachées à la liturgie traditionnelle.

La famille du petit Émile, disparu tragiquement le 8 juillet 2023 dans le hameau du Haut-Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence, souhaitait que ses obsèques puissent être suivies par le plus grand nombre. Pour cela, elle a demandé que la messe soit diffusée en direct sur la chaîne YouTube du magazine Famille Chrétienne, un média catholique reconnu et suivi par de nombreux fidèles. Mais Mgr Touvet a catégoriquement refusé cette requête, malgré plusieurs insistances de la famille jusqu’à la veille de la cérémonie.

Une source qui souhaite rester anonyme, a indiqué qu’aucune explication officielle n’a été donnée, mais cette interdiction a été très mal perçue par la famille et par de nombreux catholiques. Pour certains, ce refus s’inscrit dans un climat de plus grande défiance à l’égard des communautés célébrant selon le missel de 1962.

Depuis son arrivée, Mgr Touvet a pris plusieurs décisions qui semblent marquer un changement de cap pour le diocèse de Toulon. En décembre, il annonçait le départ de deux prêtres de la Fraternité Saint-Pierre et indiquait que certaines communautés devaient être « réévaluées ». Il déclarait également que « les ordinations reprendront en 2025, mais pas comme avant », laissant entendre une redéfinition du modèle missionnaire du diocèse.

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La question se pose alors : assiste-t-on à une simple mise en conformité avec les directives romaines, ou à une remise en cause plus profonde de l’équilibre pastoral du diocèse au dépend des traditionnalistes ?

Le diocèse de Toulon s’était distingué sous Mgr Rey par une ouverture aux communautés célébrant selon le rite tridentin, offrant un espace favorable à la croissance des vocations et à la diversité liturgique. Aujourd’hui, certains fidèles craignent un resserrement progressif sur l’application des restrictions imposées par Rome depuis le motu proprio Traditionis Custodes.

Cette transition s’inscrit dans un contexte plus large de surveillance du diocèse par le Vatican. La suspension des ordinations en 2022 avait déjà marqué un tournant, Rome jugeant que des « problèmes de discernement » affectaient le séminaire diocésain. Désormais, Mgr Touvet semble appliquer une ligne plus rigoureuse, s’éloignant de la souplesse pastorale qui caractérisait son prédécesseur.

Malgré ces tensions, de nombreux fidèles restent attachés à l’esprit missionnaire qui a fait la vitalité du diocèse sous Mgr Rey. La décision de censurer la retransmission des obsèques d’Émile est perçue comme un signal inquiétant, laissant craindre une volonté de réduire l’influence des communautés traditionalistes dans le diocèse.

Les prochains mois seront décisifs pour l’avenir du diocèse de Toulon. Mais une chose est sûre : la confiance entre les fidèles et l’administration diocésaine est déjà mise à rude épreuve.

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