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“Il faut aussi inventer quelque chose pour vendre un livre” : la vérité sur la mort de Jean-Paul Ier

Le Pape Jean Paul Ier - DR
Le Pape Jean Paul Ier - DR
Fêté le 26 août, Jean-Paul Ier est souvent évoqué pour la brièveté de son pontificat et sa mort soudaine, qui a suscité de nombreuses spéculations.

Jean-Paul Ier est fêté le 26 août, date de son élection au trône de Saint Pierre en 1978. Il est souvent évoqué pour la brièveté de son pontificat, qui ne dura que 33 jours. Surnommé “le Pape au sourire” pour sa nature chaleureuse et accessible, les circonstances de sa mort soudaine ont fait l’objet de nombreuses spéculations.

Edoardo Luciani, son neveu, avait contredit les théories d’empoisonnement, affirmant que la mort de son oncle était naturelle.

Mort “par la grâce de Dieu”

Il indiquait que son oncle “avait dû mourir jeune par la grâce de Dieu, qu’il avait survécu parce que sa vie avait un but dans le plan de Dieu, et était mort de la même manière, appelé par Dieu”.

Le neveu du pape a raconté que l’évêque émérite de Cloyne (Irlande), Mgr John Magee, qui était alors le secrétaire particulier du pape Jean-Paul Ier a été le premier à demander de l’aide après que la religieuse qui lui a apporté son café du matin.

Monseigneur Magee a raconté que lors d’une rencontre dans un aéroport, il était tombé sur David A. Yallop, l’auteur de In God’s Name (enquête sur le meurtre de Jean-Paul Ier), publié en 1984. “L’histoire de l’empoisonnement est née de lui, de Yallop”, a déploré Monseigneur Magee.

Quand l’évêque a demandé à Yallop où il avait obtenu les preuves des accusations qu’il avait portées dans son livre, l’écrivain lui a répondu : “Il faut aussi inventer quelque chose quand on écrit un livre pour le vendre”.

“Mon oncle appartenait au groupe de ceux qui meurent généralement très jeunes. Sa santé était fragile et il n’y avait pas les médicaments que nous avons maintenant. Il souffrait de pneumonie et de pleurésie et a passé du temps à l’hôpital. Sa santé l’a affecté toute sa vie” résumait le neveu Luciani pour expliquer la mort brutale de son oncle.

Exposition de la dépouille de Jean Paul Ier.

Albino Luciani naît le 17 octobre 1912 à Canale d’Agordo (Vénétie), en Italie au sein d’une famille modeste, marqué par la foi catholique profonde de sa mère et le socialisme à tendance anticlérical de son père. Le futur pape, qui incarnera l’humilité et la simplicité, sera connu sous le nom de Jean-Paul Ier en hommage à ses prédécesseurs Jean XXIII et Paul VI.

Bien que ne figurant pas parmi les favoris, Jean-Paul Ier est élu pape le 26 août 1978, à l’âge de 65 ans. Sa devise, “Humilitas”, résumera parfaitement son approche : une humilité palpable et un sourire qui touchera les cœurs.

Avant d’accéder au Saint-Siège, Albino Luciani a consacré sa vie à l’Église à travers divers rôles : prêtre, enseignant, évêque, et patriarche de Venise. Ordonné prêtre en 1935, il se distingue par son dévouement à l’enseignement et à la formation des jeunes séminaristes. Durant sa carrière épiscopale, il est confronté à des défis de taille comme le scandale immobilier à Vittorio Veneto, en 1962, qui révèle que deux prêtres spéculent avec l’aumône des paroissiens. Sa gestion honnête et sa volonté de rendre justice témoigneront d’une profonde sensibilité aux principes moraux.

Une grande simplicité

Son arrivée au patriarcat de Venise en 1969 marque un tournant important. En tant que patriarche, il prend des mesures décisives pour réformer et revitaliser le diocèse, et joue un rôle crucial en tant que vice-président de la Conférence épiscopale italienne. Son ascension au cardinalat en 1973 confirme la reconnaissance de ses compétences et de son engagement par ses pairs.

Le 26 août 1978, Jean-Paul Ier est élu pape et inaugure son pontificat avec une grande simplicité. Sa papauté, qui ne durera que 33 jours, est marquée par la tentative de réhumaniser la charge pontificale. Refusant la grandeur ostentatoire de la sedia gestatoria, la tiare le jour de son intronisation et abandonnant le “nous de majesté“, il choisit de se présenter comme un pasteur proche de ses fidèles.

Jean-Paul Ier aborde des thèmes chers à son cœur, tels que la pauvreté et la justice sociale. A noter qu’il ne prononcera que deux homélies durant son pontificat. Ses audiences générales, bien que peu nombreuses, révèlent un message pastoral profond et accessible. Il évoque l’humilité, la foi, l’espérance, et la charité, et exprime son désir de guider l’Église vers une plus grande compassion et une meilleure compréhension de ses enseignements.

“L’Eglise est une mère. Si elle est la continuatrice du Christ et que le Christ est bon : l’Eglise aussi doit être bonne, bonne envers tous. Et si par hasard, il y avait parfois des mauvais dans l’Eglise ? La maman, nous l’avons. Si la maman est malade, si par malheur ma maman dévient boiteuse, je l’aime plus encore. Dans l’Eglise, c’est pareil. S’il s’y trouve des défauts et des manquements, notre affection à l’égard de l’Eglise ne doit jamais faiblir”, déclarait le pape éphémère lors de sa première audience générale le 13 septembre 1978.

Mort soudaine et béatification

Le 28 septembre 1978, la mort subite de Jean-Paul Ier, officiellement attribuée à un infarctus, laisse place à une vague de spéculations et de théories du complot. Son décès prématuré soulève des questions qui resteront sans réponse définitive, alimentant des débats sur les circonstances entourant sa mort.

Malgré cela, son héritage perdure. Jean-Paul Ier est béatifié le 4 septembre 2022 par le pape François, qui reconnaît en lui “un pasteur doux et humble, suivant l’exemple du Christ”. Jean-Paul Ier incarnait “une Église au visage joyeux, serein, souriant, qui ne ferme jamais les portes, qui n’endurcit pas les cœurs, qui ne se plaint pas et qui ne nourrit pas de ressentiment “, avait aussi salué l’actuel évêque de Rome.

Sa béatification est un témoignage de l’empreinte durable que le défunt Pape a laissée dans l’Eglise, et son sourire demeure un symbole de l’amour et de la miséricorde divine. 

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