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Cardinal Burke,l’ennemi du Pape ?

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le cardinal Burke n'était pas seul dans cette critique, mais il a été particulièrement diabolisé, présenté comme le maître d'œuvre de complots occultes contre le pape François ...

« Le cardinal Burke est mon ennemi, c’est pourquoi je lui retire son appartement et son salaire », aurait déclaré le pape François lors de la réunion avec les Chefs des Dicastères de la Curie romaine le 20 novembre dernier, selon une source vaticane révélée à La Bussola.

Cette indiscrétion a ensuite été confirmée par d’autres sources. , le cardinal Raymond L. Burke, actuellement aux États-Unis, n’a pas encore reçu d’acte formel confirmant les paroles du Pape. Cependant, étant donné les précédents, notamment le cas de Mgr Georg Ganswein, l’ancien secrétaire personnel du pape Benoît XVI, il y a peu de doutes que les paroles soient suivies d’actes.

L’inimitié présumée envers le cardinal Burke est devenue une évidence pour le pape François ces derniers temps, mais en réalité, l’Américain est dans le collimateur depuis le début de son pontificat, probablement parce qu’il incarne certains éléments très opposés au Pape François : il est américain et représente un rappel constant de la doctrine et de la Tradition de l’Église…

Certes, le cardinal Burke a critiqué très clairement le concept de synodalité, lors du colloque « La Babel synodale » du 3 octobre dernier, organisé à Rome par le site La Bussola, à la veille de l’ouverture du Synode sur la synodalité. Ses arguments et sa polémique directe avec le nouveau préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, Victor « Tucho » Fernández, qui a qualifié le cardinal Burke d’hérétique et de schismatique, ont fait beaucoup de bruit.

Cependant, le cardinal Burke n’était pas seul dans cette critique, mais il a été particulièrement diabolisé, présenté comme le maître d’œuvre de complots occultes contre le pape François …

Déjà en décembre 2013, le Pape l’avait retiré de la Congrégation pour les évêques, le remplaçant par le cardinal Donald Wuerl, nettement libéral et lié, par ailleurs, à l’ancien cardinal abuseur en série Theodore McCarrick.

Après sa participation au livre « Permanere nella verità di Cristo » (« Rester dans la vérité du Christ »). qui comprenait également les contributions des cardinaux Caffarra, Brandmüller, Müller et De Paolis, Burke, a été démis de ses fonctions de préfet de la Signature apostolique à laquelle il avait été nommé par Benoît XVI en 2008, en novembre 2014.À la place, on lui a confié le poste de patron de l’Ordre souverain de Malte.

Cependant, après la signature des Dubia suite à l’Exhortation post-synodale Amoris Laetitia (2016), la « représaille » contre le cardinal Burke a continué. En 2017, il a été pratiquement évincé de ses fonctions de patron de l’Ordre de Malte (bien qu’on lui ait laissé la fonction formelle) avec la nomination d’un délégué spécial du Pape, d’abord le cardinal Becciu, puis en 2020, le cardinal Tomasi.

Bien qu’il n’ait plus eu de contacts avec les membres de l’Ordre et n’ait joué aucun rôle dans le tumultueux renouvellement des Statuts, le cardinal Burke a démissionné formellement en juin de cette année, à l’âge de 75 ans, et a été immédiatement remplacé par le cardinal Ghirlanda, âgé de 81 ans, pour ajouter l’ironie à l’ironie.

Cependant, au fil des années, le pape François n’a jamais manqué une occasion de lancer des piques personnelles au cardinal Burke, atteignant son point culminant avec une remarque malheureuse…? . La dispute portait sur le vaccin, « un acte d’amour » pour le Pape, mais rejeté par Burke pour des raisons éthiques. « Même au sein du Collège des cardinaux, il y a des négationnistes », avait déclaré le Pape avec un sourire satisfait lors de la conférence de presse en avion, de retour de son voyage en Hongrie et en Slovaquie le 15 septembre 2021, « et l’un d’entre eux, le pauvre, est hospitalisé avec le virus ».

La deuxième série de Dubia, présentée en juillet dernier avec les cardinaux Brandmüller, Sarah, Zen et Sandoval, mais rendue publique seulement le 2 octobre dernier, a sans aucun doute encore plus irrité le Pape, qui semble avoir lâché les freins après la mort de Benoît XVI en janvier dernier. Ainsi, le nouveau préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, Fernández, a pu personnellement cibler le cardinal Burke dans l’interview précitée au National Catholic Register en septembre, ce qui, a posteriori, peut être considéré comme un avertissement.

Et maintenant, voici la décision annoncée par le Pape de frapper directement le cardinal Burke, en lui retirant son appartement et son salaire, une mesure grave et inédite, en dépit de tout principe légal et ecclésial.

On peut penser que le véritable objectif est d’éloigner Burke de Rome, affaiblissant ainsi le camp qui résiste à la révolution en cours, à l’approche d’un Conclave, mais c’est aussi un avertissement pour ceux qui travaillent dans la Curie romaine.

adapté de la nuova Bussola

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