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Le cardinal Zen avertit sur les dérives du Synode

Cardinal ZEN - DR
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Le cardinal y voit un danger de dilution de l’autorité de l’Église, s’inspirant de modèles de gouvernance synodale observés dans des Églises qui ont perdu une grande partie de leurs fidèles

Le Cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong Kong, a récemment exprimé ses préoccupations concernant les conclusions du Synode des Évêques, soulignant plusieurs points qui, selon lui, devraient inquiéter les fidèles. À travers une réflexion approfondie, le cardinal attire l’attention sur des changements qui, selon lui, risquent de modifier l’essence même de l’Église catholique.

Le Synode, tel qu’il a été mené sous le pontificat du Pape François, ne peut plus être considéré comme un « Synode des Évêques » au sens traditionnel du terme. L’institution de ce Synode, qui était originellement une occasion pour le Pape de recevoir les conseils de ses « frères évêques » sur des questions particulières, a subi une transformation radicale.

En effet, l’inclusion de 96 non-évêques ayant droit de vote a modifié sa nature et sa finalité. Bien que le Pape ait l’autorité de convoquer des réunions consultatives, le cardinal Zen estime que cette décision va à l’encontre de la constitution originelle instaurée par le Pape Paul VI, donnant ainsi naissance à un « rassemblement hybride » plutôt qu’à un véritable Synode des évêques.

Pour le cardinal Zen, le Synode devrait avant tout être une occasion de maintenir la doctrine et la discipline traditionnelles de l’Église, mais ce n’est pas ce que l’on observe dans les dernières sessions. Sous le pontificat actuel, on assiste à une tentative de modification de la doctrine de l’Église, avec des propositions telles que l’admission des divorcés remariés à la communion ou l’ordination des « viri probati ».

Lors de ce Synode, de nouvelles propositions telles que l’abolition du célibat sacerdotal, l’introduction du diaconat féminin et la révision de la morale sexuelle de l’Église sont à l’ordre du jour. Le cardinal Zen redoute que ces initiatives ne risquent de compromettre l’intégrité doctrinale et disciplinaire de l’Église catholique.

Bien que les discussions aient été réduites, il apparaît que certaines propositions des organisateurs du Synode aient rencontré une résistance importante. Le Pape a lui-même déclaré qu’il n’y aurait pas de diaconat féminin, et la question de l’abolition du célibat sacerdotal semble avoir été marginalisée. Néanmoins, des propositions controversées, telles que la bénédiction des couples homosexuels, ont suscité de vives contestations, notamment de la part des évêques africains, mettant en évidence une fracture au sein de l’Église catholique.

L’un des points les plus inquiétants pour le cardinal Zen concerne la direction vers laquelle le Synode semble se diriger : une Église synodale, une communauté démocratique de baptisés, où les décisions seraient prises par consensus plutôt que par autorité hiérarchique.

Le cardinal y voit un danger de dilution de l’autorité de l’Église, s’inspirant de modèles de gouvernance synodale observés dans des Églises qui ont perdu une grande partie de leurs fidèles, comme l’Église d’Allemagne ou l’Église anglicane. Il redoute que cette approche ne conduise à une perte de l’identité de l’Église catholique, notamment en matière de doctrine.

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Enfin, le cardinal Zen s’interroge sur le processus qui a conduit à l’adoption du document final du Synode. Le Pape a accepté ce document sans rédiger d’Exhortation apostolique, une démarche qui suscite des interrogations sur le manque de délibérations substantielles et sur la précipitation avec laquelle ce document a été adopté. Pour le cardinal, cette absence de discussion approfondie soulève des questions sur la responsabilité du Pape vis-à-vis de ce document et sur la transparence du processus synodal.

Joseph Zen, né en 1932 à Shanghai, est une figure marquante de l’Église catholique, notamment pour son rôle de défenseur des droits de l’homme et de la liberté religieuse en Chine. Ordonné prêtre en 1961, il a été nommé évêque de Hong Kong en 2002, puis cardinal en 2006. Membre de l’ordre des Salésiens de Don Bosco, il s’est rapidement distingué par son engagement en faveur de la défense des valeurs chrétiennes face aux pressions politiques.

Il est particulièrement connu pour son opposition au contrôle croissant du gouvernement chinois sur les affaires religieuses, notamment au travers de la création d’une Église catholique indépendante de Rome. Le cardinal Zen a exprimé à plusieurs reprises ses craintes concernant les accords entre le Vatican et la Chine, jugeant que ces compromis risquaient de diluer l’autorité du Saint-Siège en Chine.

Une autre dimension de l’engagement de Joseph Zen réside dans son attachement à l’orthodoxie de l’Église catholique. Il est un fervent défenseur de la tradition et de la hiérarchie ecclésiale, s’opposant fermement aux réformes qu’il juge incompatibles avec l’enseignement millénaire de l’Église. Il a d’ailleurs été un critique récurrent des changements dans l’Église sous le pontificat de François, qu’il juge trop ouverts aux compromis avec les pressions extérieures.

Dans un contexte où les fidèles catholiques cherchent des repères solides face aux évolutions en cours dans l’Église, la réflexion du cardinal Zen appelle à une vigilance accrue. Il invite les croyants à prier pour que l’Esprit Saint guide l’Église dans cette période de transition, et que la Vierge Marie protège l’Église de tout danger qui pourrait altérer sa nature spirituelle et doctrinale.

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