Un article de La Croix de ce mardi 24 juin 2025 intitulé « Je n’avais jamais parlé à un exilé » nous livre le témoignage du bouleversement de Monseigneur Xavier Malle, évêque de Gap-Embrun, face à la détresse des migrants dans son diocèse. Il raconte comment il a ouvert les portes du presbytère, accueilli des mineurs étrangers chez lui, pleuré des morts, dialogué avec des « solidaires » et découvert, selon ses mots, une réalité « à hauteur de visages ». Une expérience humaine sincère, sans aucun doute. Mais un témoignage aussi révélateur que préoccupant.
Car dans cette sensibilité, dans cette compassion immédiate, tout semble s’effondrer dans l’émotion. Larmes, récits, hospitalité, cours de français et de mathématiques… mais aucune mention de la Parole qui sauve. Ces jeunes sont formés, intégrés, accompagnés, mais jamais évangélisés. On leur apprend à parler la langue de la CAF, à remplir les bons formulaires, à maîtriser les codes administratifs… mais jamais la seule langue vraiment nécessaire : celle de l’Évangile. Ils apprennent à s’insérer, mais non à s’élever.
Dans des salles paroissiales, devant une croix suspendue au mur, on leur apprend à conjuguer les verbes, mais pas à lever les yeux vers Celui qui peut leur dire : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » Cette croix devient décor, presque gêne, dans une Église qui semble avoir peur de nommer le Nom qui sauve.Le plus grave, c’est que cette posture d’accueil naïvement évangélique, où l’on confond humanisme et charité,se transforme en collaboration passive avec des réseaux militants qui n’ont rien à voir avec l’Évangile. Derrière le mot d’ordre de l’« inconditionnalité » se cache un projet idéologique : abolir les frontières, dissoudre les cultures, promouvoir un homme sans racines, sans foi, sans repères. L’Église devient, malgré elle, le marchepied de ces causes étrangères à sa mission.
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Le cardinal Robert Sarah, dans une interview donnée au Figaro le 25 novembre 2021, après la mort tragique de 27 migrants dans la Manche, avait déjà tout dit :
« Ma réaction est une révolte. Il y a une triple trahison. On retire des jeunes d’Afrique, des intelligences, des forces vives, qui sont arrachées de leur pays. Ensuite, on présente à ces jeunes l’Europe comme l’Eldorado, on leur dit qu’ils auront tout, alors que ce n’est pas vrai. Et enfin, on ne réagit pas contre les passeurs qui profitent de leur naïveté et les font succomber en pleine mer. »
Et il concluait
« Le meilleur accueil que vous pouvez offrir à ces migrants, c’est de développer leur pays, qu’ils restent chez eux. »
Oui, aider les peuples à vivre chez eux, dans la dignité, est plus juste et plus chrétien que de leur promettre un avenir illusoire dans une Europe déspiritualisée. L’émotion ne doit jamais remplacer la mission. L’Église n’est pas un bureau de liaison entre les préfectures et les centres d’hébergement. Elle est la gardienne de la Vérité. Et cette Vérité, c’est le Christ.Il est temps de le redire sans honte : un accueil sans Évangile n’est pas un accueil chrétien. Ce n’est pas mépriser les migrants que de leur dire qu’ils ont droit à plus qu’un hébergement ou une carte de séjour. C’est, au contraire, les aimer profondément que de leur offrir la Parole de Vie. Car à quoi bon remplir un dossier CAF si l’on ne remplit pas le cœur ?