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« Le Vatican se ruine lentement », le système de pension du Saint-Siège est-il sur le point de s’effondrer ?

Musée du Vatican - DR
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Malgré des efforts apparents pour gérer la crise, une méfiance croissante s'installe parmi les employés du Vatican.

Le Vatican est-il réellement au bord du gouffre financier ? Alors que le Pape François alerte régulièrement sur les défis économiques auxquels le Saint-Siège fait face, un problème particulier semble attirer l’attention cette fois : le fonds de pension, un des piliers financiers de l’institution, est dans une situation de crise profonde. Mais alors que les finances du Vatican sont en difficulté, la question reste : le Vatican saura-t-il éviter l’effondrement, ou est-il déjà trop tard ?

Depuis plusieurs années, le fonds de pension du Vatican a été sous surveillance, avec des déficits qui se creusent sans solution apparente. En 2022, le déficit était estimé à 664 millions de dollars pour le Saint-Siège, montant qui grimpe à plus d’un milliard de dollars en incluant les autres entités liées au Vatican. Une réalité qui, en 2020, avait été soulevée par le cardinal George Pell, alors responsable des finances, qui avait averti que le Vatican se dirigeait lentement vers la faillite, affirmait  » le Vatican se ruine lentement ».

Ce n’est donc pas une surprise lorsque le Pape François a écrit aux cardinaux du monde entier le 19 novembre dernier pour exprimer la gravité de la situation. Dans sa lettre, il a révélé que le système actuel était loin de garantir les obligations de pension à moyen terme pour les générations futures. Il a souligné que des « mesures urgentes et structurelles » étaient nécessaires pour éviter un effondrement du système, tout en appelant à la « générosité » et au « sacrifice » de la part de tous.

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Monseigneur Kevin Farrell : Un homme clé dans la gestion financière du Vatican

Pour répondre à cette crise, le Pape a nommé Monseigneur Kevin Farrell comme administrateur unique du fonds de pension. Mgr Farrell est un prélat irlandais né le 29 septembre 1947 à Dublin. Ordonné prêtre pour le diocèse de Dallas en 1978, il est devenu évêque auxiliaire de Washington, D.C., en 2001, puis évêque de Dallas en 2007, avant d’être nommé par le Pape François en 2016 préfet du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, un poste clé dans la gestion des questions relatives aux laïcs, au mariage et à la famille au sein de l’Église catholique.

En plus de sa fonction de préfet, Mgr Farrell est également Camerlengue* du Saint-Siège, chargé de superviser les biens et les revenus du Vatican. Ce rôle, ainsi que sa présidence de la Commission des Matériaux Réservés et du Comité pour les Investissements du Vatican, a fait de lui l’un des prélats les plus influents dans la gestion financière du Saint-Siège, souvent désigné comme le « Monsieur Fix-It » ( l’homme qui règle les problèmes) financier du Pape François.

Malgré ces efforts apparents pour gérer la crise, une méfiance croissante s’installe parmi les employés du Vatican. En effet, l’Association des Employés Laïcs du Vatican (Adlv) a exprimé de vives inquiétudes, notamment en ce qui concerne l’absence de transparence sur la gestion du fonds de pension. L’association demande que les comptes soient accessibles à tous et dénonce le manque d’informations partagées concernant les prélèvements et leur gestion.

Des Sacrifices, Oui, Mais Pour Qui ?

Les employés du Vatican ont déjà fait face à des sacrifices ces dernières années, notamment avec la suspension des augmentations automatiques de salaires entre 2021 et 2023. Ces ajustements ont coûté des milliers de dollars aux travailleurs, sans parler de la pression supplémentaire exercée par des loyers indexés à l’inflation, mais pas les salaires.

Cependant, malgré ces ajustements difficiles, les syndicats font état d’un « manque de cohérence » dans la gestion financière du Vatican. « Si le Vatican veut vraiment résoudre cette crise, pourquoi continue-t-il de payer des consultants externes coûteux et d’embaucher des cadres à des salaires élevés alors qu’il gèle les embauches et impose des réductions de salaires à ses employés ? », interroge l’Adlv. Cette situation suscite donc de plus en plus de frustrations au sein du personnel.

Les employés du Vatican ont également exprimé leur frustration face au manque de communication avec les responsables financiers. « Nous avons déjà donné tout ce que nous pouvions pour réduire le déficit », ont-ils affirmé. « Nous attendons maintenant des réponses concrètes et une rencontre avec les responsables pour discuter de notre avenir. »

Un avenir Incertain

Alors que le Vatican s’efforce de maintenir son image et sa stabilité financière, des questions subsistent sur l’efficacité des mesures prises jusqu’à présent. La réforme financière lancée il y a quatre ans semble avoir peu de résultats tangibles à ce jour, et les solutions proposées, comme la réduction des lits d’hôpital ou la réduction progressive des effectifs, laissent certains sceptiques sur la capacité réelle du Vatican à redresser la situation.

Avec des employés à bout de souffle et un manque de dialogue avec les dirigeants, le Pape François et son équipe devront répondre à des questions cruciales : pourront-ils restaurer la confiance au sein de l’institution ? Et surtout, parviendront-ils à garantir la pérennité du fonds de pension et la stabilité économique du Vatican dans les années à venir ?

*chargé de la gestion des biens temporels du Saint Siège

Avec Catholic Herald

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