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« Les chrétiens d’Orient connaissent le prix d’une identité… et cette identité a quelque chose à voir avec la nôtre » : les mots forts de Bruno Retailleau à Paris

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"C’est une leçon pour notre Europe qui trop souvent s’est abandonnée au vertige de la désidentification."

Réunis à l’Hôtel de Région Île-de-France, cinq hauts dignitaires religieux syriens ont témoigné de la situation alarmante des chrétiens en Syrie. L’intervention remarquée du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a souligné l’enjeu identitaire de leur présence.Ce 8 avril à Paris, l’hémicycle de la Région Île-de-France a accueilli une conférence inédite, organisée par la Coordination des Chrétiens d’Orient en Danger (CHREDO), fondée en 2013 par Patrick Karam, vice-président du Conseil régional d’Île-de-France. Le thème : « Chrétiens de Syrie : entre espoir et exode ».

Sous l’impulsion de Valérie Pécresse et de Patrick Karam, les plus hauts représentants des Églises chrétiennes de Syrie se sont déplacés pour livrer un témoignage rare, parfois poignant, toujours lucide, sur la situation actuelle de leurs communautés. Une première en France, saluée par un public nombreux.Valérie Pécresse, présidente de la Région, a rappelé que la présence des chrétiens sur les terres d’Orient remonte à deux millénaires : « Leur disparition serait la victoire des intégristes », a-t-elle affirmé, appelant à défendre ce patrimoine humain et spirituel.

Patrick Karam, engagé de longue date dans cette cause, a salué le courage de ces responsables religieux : « Leur présence ici est un acte de foi en la France », a-t-il déclaré. Il a insisté sur le fait que toute normalisation des relations avec la Syrie devait passer par des garanties sur la protection des minorités, notamment chrétiennes. Il a également rappelé que la Région Île-de-France venait de voter une aide de deux millions d’euros pour soutenir leurs écoles et hôpitaux.

Mais c’est l’intervention du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a particulièrement marqué les esprits. Dans un discours grave, il a affirmé :

« Le monde a besoin des chrétiens en Orient. Le courage des chrétiens d’Orient est un message adressé à l’Occident, c’est un message de résistance autant que d’espérance. Ces communautés chrétiennes ont tout connu, les pires douleurs, les pires horreurs, mais elles n’ont perdu ni leur foi, ni leur mémoire.

C’est une leçon pour notre Europe qui trop souvent s’est abandonnée au vertige de la désidentification.


Les chrétiens d’Orient connaissent le prix d’une identité, eux qui constamment luttent pour préserver la leur. Et cette identité a quelque chose à voir avec la nôtre, parce que cette mémoire des chrétiens d’Orient porte encore l’écho de la mémoire française. »

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Les témoignages des cinq prélats syriens ont prolongé ce message par des récits concrets. Le Révérend Haroutian Salim, des Églises évangéliques arméniennes d’Alep, a affirmé : « Une Syrie sans chrétiens ne serait plus la Syrie. » Il a formulé cinq revendications essentielles : citoyenneté pleine, diversité respectée, sécurité, retour des réfugiés, et réconciliation.

Monseigneur Armash Nalbandian, primat arménien orthodoxe de Damas, a évoqué « la marginalisation des chrétiens » et « la montée de l’idéologie islamiste ». Monseigneur Georges Assadourian, évêque arménien catholique, a rapporté des cas de menaces, d’enlèvements, et de pressions islamistes : « La majorité des chrétiens veut partir. » Il a réclamé la levée des sanctions internationales, et une reconnaissance juridique de leur place dans la société.

Monseigneur Georges Masri, archevêque grec melkite d’Alep, a décrit une situation économique catastrophique. Monseigneur Jihad Battah, archevêque syriaque catholique de Damas et Secrétaire d’État au Vatican, a clos la série de témoignages : « Les chrétiens ont peur des discriminations et des violences. » Il a appelé la France à jouer un rôle actif, et demandé douze garanties, parmi lesquelles la reconnaissance des chrétiens comme composante officielle de la société syrienne.

Au terme de cette conférence, le message est limpide : la survie des chrétiens d’Orient est un enjeu de stabilité, de mémoire et de civilisation. Comme le rappelait saint Jean-Paul II, « L’Église respire avec ses deux poumons, d’Orient et d’Occident. » À la France de ne pas permettre que l’un d’eux s’étouffe en silence.

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