Nous avons d’abord été éblouis par le travail exceptionnel de restauration de l’édifice. Les voûtes majestueuses, soigneusement reconstruites dans la zone où le toit s’était effondré en 2019, témoignent d’une expertise architecturale qui a su allier respect du patrimoine et passion d’un savoir-faire maîtrisé.
La blancheur des voûtes amplifie la sensation de hauteur et de grandeur propre à la cathédrale. Dans la nef, les lustres scintillent comme autant d’étoiles. On sent que chaque détail a été pensé pour retrouver la splendeur originelle de Notre-Dame, tout en respectant son histoire. Le tout se fait au son d’un orgue qui a retrouvé une richesse sonore extraordinaire, accompagnant des voix de chœur d’une beauté toute nouvelle.
Et meme si certaines lumières dérangent, l’on est stupéfait par la beauté des lieux.
Cependant, certaines décisions artistiques étonnent et interrogent. Les chapelles dédiées à l’Ancien Testament, comme celles d’Abraham, de David et particulièrement celle de Salomon, présentent désormais des œuvres modernes en rupture avec le style et l’harmonie de Notre Dame. Ces « fautes de goût » perturbent l’unité visuelle et spirituelle de ces espaces, en contraste frappant avec les tableaux qui leur font face dans la même chapelle mais également avec les autres chapelles.
En effet, les chapelles de Saint Louis, Saint Thomas d’Aquin, Saint Ferdinand et Sainte Marie-Madeleine sont des exemples parfaits de sobriété et de beauté restaurées. Leurs couleurs harmonieuses et leur agencement respectueux de l’histoire chrétienne offrent un cadre propice au recueillement et à la prière.
Nous avons également été interpellés par l’ostensoir de la Sainte Couronne, surnommé par certains « l’œil de Notre-Dame ». Ce cercle doré et clinquant, bien que très imposant, rompt l’équilibre visuel de la nef. Placé derrière la Croix glorieuse du Christ, il s’impose de manière dérangeante.
Enfin, une autre dissonance majeure se situe à la sortie de la cathédrale : comme un passage obligé, ce vaste comptoir aux multiples tiroirs-caisses propose des chapelets, médailles et autres souvenirs siglés Notre-Dame. Ce « côté magasin », qui fonctionne même durant les offices, casse l’atmosphère religieuse et, de l’avis même d’une responsable derrière le comptoir, on ne peut que se désoler d’entendre parler du prix d’une médaille en pleine célébration de l’Évangile : les marchands du temple sont bien là…
Malgré ces fausses notes, l’ensemble reste impressionnant. Les efforts colossaux pour sauver et restaurer Notre-Dame de Paris ont payé. On ne peut que se désoler de voir des hordes de touristes qui, comme une marée humaine occupent les lieux et empechent de trouver un endroit au calme pour se recueillir. Pourtant, entre la splendeur restaurée de l’édifice et l’extraordinaire résonance de l’orgue l’on a déja l’impression de rencontrer Dieu…