Dans une récente interview accordée à boulevard Voltaire, Monseigneur Aillet, évêque de Bayonne, se livre sans détours sur des questions cruciales. Le prélat aborde des sujets aussi sensibles que l’euthanasie, la situation en Arménie, les synodes, la bataille liturgique, les abus sexuels au sein de l’Église , et la question des migrants.

” Il ne reste pas grand chose de la chrétienté ”

Monseigneur Aillet

L’évêque n’hésite pas à exprimer son point de vue sur la position du pape François, originaire d’Argentine, en ce qui concerne l’immigration en Europe, plus particulièrement en France. Monseigneur Aillet estime que le Saint-Père pourrait ne pas avoir une compréhension complète du phénomène migratoire tel qu’il se manifeste sur le Vieux Continent. Ce que le Saint père a lui-même récemment confessé , avouant qu il ” n’y connaissait rien en politique internationale”.( Extrait La Stampa ).

Il rappelle avec fermeté que la sécurité nationale et la cohésion de la nation sont des éléments essentiels du bien commun. À cet égard, il souligne que la doctrine de l’Église n’a jamais nié aux gouvernements le droit de réguler les flux migratoires pour protéger ces valeurs fondamentales.

Monseigneur Aillet va encore plus loin en mettant en avant un principe souvent négligé : le droit de ne pas émigrer, c’est-à-dire le droit de rester sur sa propre terre.

Il insiste sur l’importance de promouvoir ce droit, tout comme celui d’émigrer, dans un souci de respect de la diversité des choix individuels et collectifs.

L’interview de Monseigneur Aillet révèle un point de vue franc et direct sur des questions brûlantes, tout en encourageant le débat et la réflexion sur ces sujets complexes qui touchent à la fois la foi et la société.

Le parcours de Monseigneur Aillet :

Marc Marie Max Aillet, né le 17 avril 1957 à Parakou au Dahomey, aujourd’hui le Bénin est évêque de Bayonne, Lescar et Oloron depuis 2008.

Son parcours l’a conduit au séminaire de Gênes en Italie, en tant que membre de la communauté Saint-Martin. C’est là-bas qu’il a acquis une licence et un doctorat canonique en théologie à l’Université catholique de Fribourg.

En 1982, il est ordonné prêtre en Italie, restant fidèle à la communauté Saint-Martin. Son ministère ultérieur le mène dans le diocèse de Fréjus-Toulon, où il occupe divers rôles, tels qu’aumônier des lycées et collèges de Saint-Raphaël, professeur de théologie morale, et directeur spirituel au séminaire diocésain de Fréjus-Toulon.

Plus tard, il fonde l’école de théologie de la communauté Saint-Martin et devient recteur de la maison de formation, d’abord à Gênes en Italie, puis à Candé-sur-Beuvron dans le diocèse de Blois. Bien que pressenti pour devenir modérateur général de la communauté, il n’est pas finalement choisi.

De 1998 à 2005, Marc Aillet remplit la fonction de curé des paroisses de Saint-Raphaël. En 2002, Dominique Rey, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon, le nomme vicaire général.

Le 15 octobre 2008, le Pape Benoît XVI le nomme évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, une responsabilité couvrant 69 paroisses dans le département des Pyrénées-Atlantiques. Sa cérémonie de consécration épiscopale a lieu le 30 novembre 2008, en la cathédrale Sainte-Marie de Bayonne, présidée par le cardinal Jean-Pierre Ricard, assisté de Dominique Rey et de Pierre Molères.

En 2012, le diocèse de Bayonne lance une campagne de communication originale pour collecter des fonds en faveur du Denier du culte, utilisant notamment l’affichage publicitaire et les réseaux sociaux.

En 2021, Marc Aillet adopte une position critique à l’égard de la vaccination contre le Covid-19, reprenant les arguments d’opposants par le biais d’un communiqué de presse. La même année, il appelle au boycott du quotidien catholique La Croix.

Au sein de son diocèse, il fonde l’Académie Diocésaine pour la Vie en janvier 2010, une initiative importante dans son épiscopat. Il organise également le « Colloque International pour la Vie » à Biarritz en 2012, suscitant des réactions contrastées, notamment des critiques de la députée Sylviane Alaux et de Michelle Berthier du planning familial.

Marc Aillet a également effectué des voyages marquants, tels que sa visite à Moscou en 2014 pour rencontrer des représentants de l’Église orthodoxe russe et des personnalités politiques, ce qui a généré des critiques au sein de la conférence épiscopale.

En octobre 2014, il se rend en Irak auprès des réfugiés chrétiens et d’autres minorités, une démarche humanitaire significative.

L’évêque de Bayonne est également connu pour ses prises de position sur des questions sociétales. Il s’oppose à l’euthanasie, évoque un parallèle entre l’interruption volontaire de grossesse et l’organisation terroriste Daech, et prend position contre l’utilisation du préservatif dans la lutte contre le SIDA. Ses critiques à l’égard de la gay-pride et son opposition à l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe sont également notables.